Masters : l'éveil des dominants

Chapitre 10 partie 6

Connal

Madame Rosetta ne me regardait plus. Ses yeux vides d'éclat me transcendait et paraissaient perdus dans un univers parallèle. Ce qui se comprenait aisément puisqu'elle venait de livrer ses intestins sur un plateau d'argent.

Quoique dans le processus, elle avait joué volontiers avec mes propres organes perçant au couteau aiguisé les points les plus sensibles de mon esprit.

Le rêve et mes questionnements me revenaient de nouveau traçant un chemin bien connu vers la tourmente. Mais un cri strident puis, deux voix étouffés parvinrent du premier étage m'arranchant à une énième tirade.

- Il se cache où cette fois, tu crois? Oh je te jure les vingtenaires, s'écria une voix teinté de sarcasme.

- Je vais te tuer Silas! répondit une autre.

J'entendis un claquement sec sur le sol boisé. Je roulais des yeux exaspéré de leur débordement d'énergie matinale. Madame Rosetta visiblemement sortit de sa transe, éclata de rire. Je clignais des yeux surpris et lui lançai tout de même un regard d'excuse qu'elle balaya d'un revers de main.

J'aperçus d'abord Silas qui se pencha, dans un mouvement qu'il pensait sûrement discret. Ses muscles d'abord tendus se relâchèrent lorsqu'il posa les yeux sur moi. Il parut soulagé. Puis, des mèches flamboyantes, à peine cachées par la palissade, trahissaient la présence de Aithne.

Je tiquais soudain. Ce n'était pas dans leurs habitudes de sortir du lit d'aussi bonne heure.

Aithne apparut à son tour des escaliers se frottant le nez. Elle toisai son meilleur ami du regard.

- Mais préviens quand tu t'arrêtes non, cingla t-elle.

Je répondis du tac au tac, posant négligemment mon orange sur la table. Je sentis les yeux rieurs de notre hôtesse sur moi.

- Bravo pour votre discrétion, commençais-je un ton lourd de sous-entendus.

La rouquine fit volte-face me détaillant de son regard franc et lumineux. Elle haussa un sourcil.

- Ton pote m'a tiré du lit par les pieds, renchérit t-elle poitant Silas du pouce.

Il leva les yeux au ciel haussant les épaules.

- Oui ben y'avait plus personne dans la chambre et de toute façon Kaël m'aurait lancé un regard à me broyer sur place. Joyce et Ruri ne bougeaient même pas, donc c'est toi qui a pris. Et honnêtement, j'avoue que je suis surpris que tu te sois réveillée et pas les autres.

- Il se sont couchés plus tard que moi mais ce n'est pas une raison pour me déranger ! finit-elle.

Je soupirais et posai avec désinvolture mon visage sur ma main qui avait une odeur acide, quelque peu désagréable.

Les voir ainsi se chamailler comme des gamins m'horripilaient autant que cela me faisait sourire. Comme-ci-

Hé voilà que je recommence...Change de disque cerveau ! Qu'est ce que je déteste ruminer.

Je secouais discrètement la tête espérant bousculer mon système nerveux et enfin sortir de ce cycle de pensée sordide. La technique fut efficace, cependant lorsque je repris conscience de mon environnment Aithne me détaillait sceptique tandis que Silas échangeait des banalités avec Madame Rosetta.

Les deux s'étaient dirigés vers la cuisine avec le bol remplis d'agrumes. Sûrement pour faire un bon jus frais.

La rouquine s'approcha furtivement et pris la place de la quarantenaire. Avant que je ne réagisse ou trouve une parade pour dévier de la conversation, elle me coupa d'un geste de main.