Chapitre 8 part 2

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Aithne

- Oy, la belle au bois dormant, dit une voix suave un brin rieur. La sieste est finie.

Je deserrais mes paupières sur le sourire moqueur de Kaël.

- C'était bien la peine de vouloir conduire hein, continua t-il roulant des yeux.

Piquée au vif, je lui lançai mon meilleur regard noir et repoussais son accolade.

- Monsieur j'ai-un-caractère-de-cochon m'a pourtant assuré pouvoir s'en charger de façon si charmante, soulevais-je ironique.

- Rage moi fort, l'étincelle, rit -il.

Je balayais d'un revers de main ces piques conservant bien malgré moi un grand sourire.
Je reportais ensuite mon attention sur le bleu immaculé qui nous offrait une vue prenante sur les fonds marins.

Au cœur de la faune aquatique, des animaux des plus chatoyants  sillonnait l'océan hauts-en-couleurs. Lamentins, hippocampes, requins trompettes, calamars, baleines, megalon...

Je profitais de ce schéma agréable qui me berçait une fois de plus dans mes contes d'enfants.

- Nous sommes bientôt arrivés, releva une voix enrouée dans mon dos.

Le vieillard guettait le paysage de sa stature calme et paisible. Bien conservé pour son âge avancé, seul les quelques rides s'accumulant au niveau du creux de ces paupières durcissait son visage.

J'espère moi aussi vieillir aussi bien.

Puis, je tiquais. Aurais-je la chance de vivre autant ?

Non... Je ne me bercerais pas d'illusions si puérils. Je n'aurais qu'à me satisfaire de cette liberté éphémère. Ne serais-ce qu'espérer vivre autant, me paraissait si ridicule.

Dans des temps aussi durs, se délecter d'autant de jours comme de nuits devenait un privilège que jamais je n'aurais pu imaginer.

Enfin, j'avais bon dos de pointer du doigt les moments de perdition de mon meilleur ami; quand je me plaisais tout autant à me torturer l'esprit.

Mes pensées intrusives me bouffaient si forts que j'en frémissais presque. Ce petit manège aurait pu durer davantage, mais un vrombissement modéré m'extirpa brusquement de mes tirades.

- Attention !

Un choc d'une ampleur si grande secoua l'ensemble du sous-marin me faisant presque percurter de plein fouet l'épaule de Kaël, qui m'avait protégé la tête, in extrémis. Par réflexe, je me tournais scannant soigneusement l'état de mes compagnons.

Légèrement sonnée, je ne perçus que l'appréhension dans les yeux de Ruri et la méfiance dans ceux de Connal.

Il fixait étrangement le vieillard. Je le toisai à mon tour. Son odeur avait changé, son énergie remuait tous mes sens.

Je ne pouvais m'empêcher de remuer mes pieds et de m'aggriper à mon fauteuil... comme pour m'ancrer. Quelque chose s'apprêtait à nous tomber dessus de manière imminente et destructrice. L'épée de Damoclès sur nos têtes depuis notre fugue des camps militaires allait nous rattraper.

Puis, comme pour confirmer mes messes-basses, une odeur acre s'empara de l'entierté de notre engin d'appoint. Silas blessa de son poing le visage de l'ancien qui se contenta de le détailler d'un regard sournois, que je ne lui connaissais pas.

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant