Chapitre 9 : Après la pluie le beau temps

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Connal

Des odeurs familières suivaient leur chemin vers mes narines et m'apportaient une sensation de plénitude étrange. J'accueillais volontiers ces sensations et profitait de leurs autant que possible. J'inspirais profondément et m'imaginais le parcours que ces différents parfums pouvaient empruntrer au sein même de mon corps.

Mon corps... Mes blessures.... La sorcière ! Où suis-je !

Me serais-je fait capturer ? J'esquissais un léger geste de tête, le plus discrètement possible. Quant une douleur crispante me prit soudainement aux cervicales. Cette femme m'avait donc amoché à ce point ?

Sensationnel, il ne manquait plus que ça !

Je tendais alors l'oreille. Cependant, je ne percevais aucun bruit particulier, hormis le teintement de verres sur ce qui semblait être une table en bois. Des pas s'afféraient, visiblement juste en dessous.

Je reconnus d'abord ceux de Ruri, puis Joyce et Aithne. Aucune trace de Kaël et Silas. De plus, je ressentais une présence à proximité des plus étranges. Elle cumulait nos six énergies. Comment étais-ce possible, pardi-

- Debout, petit poulet ! me prit de court une voix grave d'un ton malicieux.

Je déglutis. "Petit poulet". C'est qui ce taré ?

Je me risquais à ouvrir un oeil et constatais un singe particulièrement malodorant me fixer, les yeux pétillants.

- Enchanté-

Mon élément s'activa bruquement créant un tronc robuste, à partir du mur droit de la pièce qui le propulsa à une proximité acceptable. Je me relevais incrédule ce qui me valut une crampe à la nuque qui me cloua de nouveau au lit. Il marmonnait des jurons dans sa barbe.

- C'est dans vos coutumes de tabasser vos hôtes, au pays neutre ? lança t-il se frottant la joue.

Des pas lourds retentirent dans des escaliers visiblement. Puis, j'entendis la porte s'ouvrir dans un fracas. Je distinguais la chevelure flamboyante de Aithne, suivis de l'odeur de Joyce et Ruri.

- Connal! chantonnaient t-elles à l'unisson, un soulagement perceptible.

Un léger sourire se dessina sur mon visage. Sourire qui s'estompa aussitôt lorsque j'entendis un claquement qui retentit dans toute la pièce. Je sentis mes amies se figer.

- Je t'ai déjà dit de garder tes distances avec les blessés pour éviter de les effrayer, somma une voix féminine sévère.

- Oh ! Tout de suite, les grands mots ! Ce jeune garçon a connu la guerre, ce n'est pas un singe qui parle et légèrement pété qui va le surprendre.

Mais on est tombé où encore ?

Deux mains douces soutenant mon dos et mes cervicales m'aidèrent à m'asseoir. Ruri me sourit tendrement. Je soufflais du nez, le coeur plus léger de savoir ces trois-là, en bonne santé. Forte heureusement, elle n'avait subi de dégâts physiques majeurs. Je distinguais de simples pansements sur leur visage ou leurs bras tout au plus.

Je reportais mon attention sur la scène pitoresque. Un ouistiti au ventre proéminent se faisait réprimander par une femme ronde au teint mate. Une longue natte plongeait sur le dos nu de sa robe verte évasée, aux coupures de fortune.

Elle fit volte-face, son visage rond se détendit et m'offrit un sourire sincère. Elle paraissait d'une quarantaine d'années.  Son expression chaleureuse me prit de court. Gêné, je lui rendis un léger rictus maladroit.

- Je suis désolé pour ce léger-

Elle accuenta le mot "léger" et toisa sévèrement l'homme singe.

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant