Chapitre 4 : Un étrange vieillard

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Aithne

C'était... pour le moins surprenant. Il ne nous connaissait pas, il nous craignait même j'oserais dire, pourtant...

Je le détaillais, d'un air étrange. La mélancolie animait ses pupilles et son corps tendu marquait sa colère. Pourquoi ce schéma remuait t-il mes entrailles ? Le moindre faits et gestes de cet enfant me secouait de sentiments et émois.

Je secouais la tête tentant tant bien que mal de reprendre mes esprits. Tout à coup, plusieurs énergies envahirent, telles une trainée de poudre l'espace neutre. Avant de pouvoir remuer une nouvelle fois, nous nous retrouvions encerclés.

La lune brillant de nouveau dans le ciel nous révélait non, pas cette fois-ci des monstres mais des humains. Leur lance, support d'une énergie élémentaire scintillait de puissances. Munis de guenilles, hommes et femmes se tenaient fièrement face à nous la poitrine au vent.

- Rendez-les nous, masters, avança l'un d'entre eux le ton menaçant. Vous ne nous faites pas peur !

J'échangeais des regards amusés avec mes coéquipiers. Quel drôle de manière de le montrer ! Mais, pouvais-je réellement les blâmer cependant ? Je doutes faire preuve de davantage de jugeote dans leur posture.

Gabriel s'avança aux côtés de Ruri. Ils dressèrent la pointe de leurs armes à quelques centimètres de son visage.

- L'un des gamins que vous êtes venus chercher se trouve entre la vie et la mort! Ecoutez, vous vous trompez de cibles-

Leur lance frôlait la gorge du minot le faisant déglutir.

- Vous osez vous moquez de nous! Vous avez tenté de nous enle-

Un vent se leva soudainement sur les plaines projetant et brisant d'une rafle l'ensemble de leur armoirie. Seul celle de l'homme de main prônait fièrement parmi les poussières.

Une lance magique, rien que ça ?

- Vous êtes à notre merci depuis plusieurs mètres déjà. Si vous nous connaissez tant que ça, vous vous doutez que nos cibles ne font pas long feu. Pourtant, vos gamins sont toujours en vie si je ne m'abuse ?

Silas les dévisageait, d'un air glacial. Cependant, le groupe de combattants ne cillait pas. Ils nous observaient, neutre. Le même individu s'apprêtait à reprendre la parole, mais il semblait hésitant. Je me tournais alors vers le petit garçon qui n'avait prononcé mot depuis le début de l'altercation. Aurait-il tenter de gagner du temps ? Je n'eus le temps de reconsidérer la question lorsque l'homme reprit son discours.

- Pourquoi, dans ce cas?

L'homme déplia ces poings et s'empara de nouveau de sa lance qu'il enfonça dans le sol ; sans le quitter des yeux.

- Nos raisons nous sont propres, commença Connal. Simplement, nous avons aidé vos gamins indirectement, rien de plus, rien de moins.

- Tss, continuais-je. Vous êtes pathétiques.

Ses yeux scintillaient de haine et de dégoût. Mais, ses mots me passaient au travers sans réel sens. Je ne prendrais aucune remarque d'un con.

Soudain, une voix rocailleuse me prit de court.

- Assez! hurla un vieil homme le dos légèrement courbé sur une cane de fortune.

Il repoussa violemment le jeune homme qui nous crachait sa haine au visage et nous faisait face les yeux pétillants.

- Le temps presse ! Masters comme Idis, vous êtes concernés. Je n'en dirait pas plus, c'est à vous de faire le choix qui vous plaît.

Rares étaient les non-Masters dotés d'un odorat assez développé pour nous distinguer des autres.

C'est qui ce type ?

Incrédule, je toisais le papi. D'abord une bande de soldats avec pas mal de séquelles psychologiques, puis l'intervention d'un étrange philosophe de comptoir. Soit, ils se payaient tous de ma tête, soit, je rêvassais.

Mais voilà qu'avant que je puisse m'en rendre compte, mes lèvres battaient toute seule.

- On nage en plein délire, m'exclamais-je. Si notre présence est réellement souhaitée, navré mais vous allez devoir parler plus que ça !

Frustrée, j'étais tranchante et incisive. Nous n'étions pas pour nous embarquer à leur trousse sans rien dire, tandis que nous sortions d'une ribambelle d'agressions. Pourtant, le mot qui suivit ma protestation manqua de me détruire la cage thoracique.

- Jabon, dit-il le dos tourné. Jabon m'envoie... est-ce suffisant ?

Ces cinq lettres... ces cinq putain de lettres m'avait plongé, bien malgré moi, dans un état second. Serait-ce l'explication que notre ami n'avait su nous donner avant son départ soudain ? Ou le signal que son départ n'était pas réel ? Tant de questions se bousculaient dans mon crâne. La peur, la colère, le dégoût, la joie crapahutaient et se déchaînaient dans mon esprit.

Le nom des médecins militaires restaient confidentiels pour des raisons évidentes de sécurité. Seul les proches des pratiquants pouvaient en avoir connaissance ou les espions. Je ne pouvais écarter la seconde option. Ces gens-là ne viennent pas avec une étiquette accrochée à leur peau qui nous indiquerait leur corruption, après tout. Mais, dans l'un ou l'autre cas, cela faisait de lui notre dernier espoir par rapport à Jabon.

Je sentais le regard intense de Kaël dans mon dos. Ses yeux perçants me sondaient comme pour s'ancrer dans le réel. Sa respiration saccadée et ses lèvres légèrement retroussées me renvoyait ses doutes et son appréhension. Mes amis arboraient tous une expression, au premier abord, indéchiffrable; mais, qui faisait tant écho en moi.

J'inspirais un bon coup et ouvrit doucement mes lèvres.

- Montrez-nous le chemin, tranchais-je d'une voix faussement confiante.

Gabriel signala sa présence d'un grattement gorge.

- Navré de briser ce moment, dit-il arrogant; cependant-

Le vieil homme leva sa main et se tourna vers le chef de bande, quelque peu ennuyé.

- Accompagnez nous ou partez, mais cessez de me retardez.

Sa répartie m'arracha un léger rictus. Puéril pour mon grand âge, mais gratifiant pour la jeune apprentie de douze ans autrefois harcelée par ce connard.

Enfin, sans un mot de plus, on s'engonça une nouvelle fois dans le chemin sinueux suivant attentivement le groupe de voyageurs, d'une rapidité impressionnante. Toutefois méfiante, je scannais le paysage et mobilisais ma force élémentaire dans tous mes membres.

A mesure que nous nous avancions, le paysage se dégageait et la nature recouvrait ces beaux reflets et son aura apaisante. Je m'endormais presque debout, avec la douce brise qui me chatouillait les joues. Je savourais cette balade nocturne tranquillement. Cette sérénité recouvrée me comblait doucement d'énergie et de calme.

Malheureusement, ce moment prit fin face à un campement de fortune au centre d'un domaine rocailleux et aride. Je déglutis, souhaitant authenticité et vérité dans notre futur échange et suivit, non sans appréhension, les maîtres du domaine.

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Hello !

Avec un peu de retard, voici le dernier chapitre du combat des plaines ! Le prochain promet des réponses et l'introduction aux choses sérieuses ;).

Merci d'avoir pris le temps de lire mon histoire et n'hésitez pas à voter pour me soutenir, commenter et partager !

A la semaine prochaine ! :D

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant