Deportere

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Nicolas Deportere, jeune joueur bordelais, s'était laissé convaincre par ses amis de louer une villa en Corse pour l'été. C'était l'occasion rêvée pour se détendre, loin du tumulte de la petite capitale, et profiter du soleil, de la mer et des soirées festives. Mais au fond de lui, Nicolas espérait surtout y trouver un moment de répit. Ces derniers mois avaient été éprouvants, et l'idée de se ressourcer sur cette île paradisiaque lui plaisait plus que tout.

La villa qu’ils avaient louée, nichée sur une colline avec vue sur la mer, semblait tout droit sortie d’un rêve. À leur arrivée, ils furent accueillis par Louna, la jeune femme chargée de s’occuper de la propriété.

Dès que Nicolas posa les yeux sur elle, il fut frappé par sa beauté simple et naturelle. Louna avait un sourire éclatant, des yeux d’un vert profond et une chevelure brune qui flottait au vent. Elle incarnait l’essence même de la Corse : sauvage, authentique, indomptable.

Dès le premier soir, Louna leur expliqua les règles de la maison et leur donna quelques conseils pour découvrir les coins cachés de l’île. Mais Nicolas était distrait. Il n’arrivait pas à se concentrer sur ses paroles, fasciné par sa voix douce, légèrement teintée de cet accent corse envoûtant.

Au fil des jours, tandis que ses amis partaient en exploration ou se laissaient aller à la farniente, Nicolas se surprit à passer de plus en plus de temps près de la villa, là où Louna travaillait.

Il la regardait s'occuper du jardin, nettoyer la piscine ou préparer la table pour leurs repas. Il admirait sa détermination, sa manière de vivre en harmonie avec la nature, loin des préoccupations modernes. Chaque fois qu'ils se croisaient, il lui adressait quelques mots, tentant de briser la glace, mais elle restait réservée, un peu distante.

Un soir, après une longue journée à la plage, Nicolas revint seul à la villa. Ses amis étaient sortis en ville, et Louna, comme à son habitude, était là, terminant quelques tâches avant de partir. Il la trouva près de la piscine, observant le coucher de soleil. Poussé par un élan qu’il ne comprenait pas lui-même, il s’approcha d’elle.

— Magnifique, non ? demanda-t-il, désignant le ciel embrasé.

Louna tourna lentement la tête vers lui, son regard se plongeant dans le sien.

— Oui, c’est toujours aussi beau, répondit-elle doucement. Je ne m'en lasse jamais.

Ils restèrent silencieux un moment, absorbés par la beauté du paysage. Puis Nicolas, hésitant, brisa le silence.

— J’ai l’impression que tu n’aimes pas trop parler, Louna.

Elle le regarda longuement, comme si elle cherchait à lire en lui. Puis, un léger sourire apparut au coin de ses lèvres.

— Les gens ici ne parlent pas beaucoup, Nicolas. On observe, on ressent. C’est une autre manière de vivre. Peut-être que toi aussi, tu devrais essayer.

Ce fut le début d’une nouvelle dynamique entre eux. Chaque jour, Nicolas se rapprochait un peu plus de Louna.

Il l’accompagnait parfois dans ses balades solitaires le long des falaises, ou l’aidait à s’occuper du jardin, bien que maladroit.
Peu à peu, elle s’ouvrit à lui, partageant des histoires sur son enfance, sur sa famille qui vivait dans les montagnes corses, sur cette terre qui faisait partie de son être.

Une nuit, après une soirée passée à observer les étoiles ensemble, Louna brisa le silence qui pesait sur eux depuis des jours.

— Tu sais, Nicolas, je ne voulais pas m’attacher à vous. Les gens qui viennent ici, ils repartent toujours. Et moi, je reste.

Nicolas sentit son cœur se serrer. Il avait compris, au fil des jours, qu’il était tombé amoureux d’elle, de cette île, de ce mode de vie. Mais il savait aussi qu’elle avait raison. L’été finirait, et il devrait repartir à Bordeaux.

— Peut-être que cette fois, ce sera différent, murmura-t-il, ses yeux cherchant les siens.

Louna sourit tristement.

— Peut-être. Mais l'amour ici, il est comme le maquis. Il brûle fort, mais il peut aussi être détruit par le vent.

Ce soir-là, sous le ciel étoilé de Corse, ils s'embrassèrent pour la première fois, et le temps sembla s'arrêter.

Les jours qui suivirent furent teintés d’une douce mélancolie. Leur amour était sincère, mais l’ombre du départ de Nicolas planait sur eux. Malgré tout, ils décidèrent de profiter de chaque instant, de chaque coucher de soleil, de chaque balade à travers les sentiers sauvages. Leur amour était un secret partagé avec la mer et le vent.

Lorsque l'été toucha à sa fin, et que le moment des adieux arriva, Nicolas promit à Louna qu'il reviendrait. Mais elle, les yeux remplis de larmes, ne répondit rien. Elle savait que les promesses d'été étaient fragiles, comme le vent qui souffle sur les falaises.

Mais au fond d'elle, un espoir demeurait.

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