Aldritt (no love)

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Maria O'Gara avait toujours été dans l'ombre de son père, Ronan, le célèbre sélectionneur de La Rochelle. À 17 ans, elle évoluait comme arrière dans l'équipe féminine cadette de La Rochelle, où ses entraîneurs la considéraient comme une prodige du jeu au pied, doublée d'une vision du jeu hors du commun.

Pourtant, malgré ses talents indéniables, son père ne semblait jamais la remarquer. Il était trop absorbé par ses propres responsabilités en tant que sélectionneur. Jamais il n'avait assisté à l'un de ses matchs, jamais il n'avait pris le temps de la voir jouer.

Cette indifférence paternelle avait nourri en Maria un sentiment de désillusion et une profonde aversion envers l'équipe de La Rochelle. Pour elle, cette équipe symbolisait tout ce qui lui avait été refusé : l'attention de son père, la reconnaissance de son talent.

Elle était assise dans le bureau de l'entraîneur, les mains serrées sur son sac de sport, attendant son retour. Gregory Aldritt, joueur emblématique de l'équipe de la Rochelle, passa par là et la remarqua.

Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte: "Hé, tu n'as rien à faire ici tu sais."

Elle leva les yeux, ses sourcils froncés de colère. "C'est le bureau de mon père," répliqua-t-elle sèchement avec un accent prononcé.

Il resta un instant interloqué, puis esquissa un sourire compatissant. "Ah, désolé, je ne savais pas. Ronan ne nous a jamais parlé de toi."

Elle haussa les épaules avec indifférence. "Il n'a jamais le temps de parler de sa famille."

Gregory se tourna pour repartir vers la salle de musculation, mais une pensée le retint.

"Ronan ?" Interpela-t-il son selectionneur, "Je ne savais pas que tu avais une fille. Elle t'attend dans ton bureau."

Ronan, concentré sur ses notes, releva brusquement la tête. "Ce n'est pas tes affaires, Gregory. Reste concentré sur le jeu."

Le jeune joueur fronça les sourcils, mais ne dit rien de plus, laissant Ronan seul avec ses pensées.

L'entraîneur resta immobile dans la salle de musculation. Malgré les mots de Gregory, il ne bougea pas.

Lorsque l'entraînement prit fin, Ronan se dirigea lentement vers son bureau. À son arrivée, il le trouva vide, à l'exception d'un simple morceau de papier posé sur son bureau. Il le saisit et lut les mots écrits d'une écriture familière.

"Je pars ce soir jouer le six nations des U18 féminin avec l'équipe de France au Pays de Galles, j'ai été sélectionnée. Peut-être que tu seras fier de moi cette fois, ou peut-être que ce n'est toujours pas assez pour toi."

Alors que Maria enchaînait les rencontres avec brio au Pays de Galles, remportant des victoires et contribuant aux succès de l'équipe de France U18 féminine, son père restait étrangement absent. Malgré ses performances remarquables, Ronan n'avait pas regardé un seul de ses matchs.

A son retour, sur le terrain d'entraînement, les filles de l'équipe féminine de La Rochelle accueillaient Maria avec des chants de victoire, brandissant fièrement sa médaille du six nations des U18 féminin.

Les garçons de l'équipe masculine observaient la scène avec curiosité depuis leur propre terrain d'entraînement. Parmi eux, Ronan s'y tenait, son regard croisant celui de sa fille.

Elle le regarda, espérant peut-être un signe de fierté ou de reconnaissance. Mais son père ne lui adressa pas un seul sourire, détournant rapidement le regard.

"Allez les gars, concentrez-vous sur votre jeu. Pas le temps pour des distractions."

Maria sentit une pointe de déception, mais elle garda la tête haute, fière de ses réalisations malgré le manque d'approbation de son père. Elle se tourna vers ses coéquipières, prête à célébrer leur victoire ensemble.

Maria attendait une fois de plus son père dans son bureau, impatiente de partager sa médaille avec lui et peut-être enfin obtenir un peu de reconnaissance. Lorsqu'il entra enfin, elle tenta de lui montrer sa médaille, mais il balaya son geste d'un mouvement de main.

"Sorry Maria, I don't have time for this."

Elle sentit la colère monter en elle, ne pouvant plus contenir ses émotions. "You never have time for me, do you ? You'd rather spend your time with your team than your own daughter ! Did you know I was the best director in my category ? Of course not ! Because you don't give a shit about me !"

Ronan se raidit, ses yeux lançant des éclairs. "Don't talk to me that way ! I'm your father !"

Mais sa fille ne recula pas, ses propres frustrations éclatant en une avalanche de reproches. "My father ? You were never a father to me ! You never behaved like one ! And now you want to use this to put your authority on me ? You're pathetic !"

Les mots résonnèrent dans la pièce, empreints de colère et de tristesse. Ronan se leva brusquement, criant à sa fille de se taire, avant de quitter le bureau en claquant la porte derrière lui, laissant Maria seule avec ses émotions tourbillonnantes.

Elle s'effondra dans le fauteuil, les larmes coulant silencieusement sur ses joues alors qu'elle serrait la médaille dans sa main avec rage. Une boule de frustration et de tristesse s'était formée dans sa poitrine, menaçant de l'étouffer.

Elle sentit l'impulsion de tout détruire autour d'elle, de laisser éclater sa colère en faisant voler en éclats le bureau qui symbolisait tant de négligence et d'indifférence. Mais elle se retint, serrant les dents et se mordant le bras pour canaliser sa frustration, laissant la douleur physique atténuer sa douleur psychologique qui menaçait de la submerger.

Alors elle prit sa médaille, la jeta dans la poubelle avec rage et dégoût, puis se dirigea vers les vestiaires. Elle attrapa ses crampons, son tee et des ballons, puis se rendit sur le terrain, déterminée à libérer sa rage et sa frustration à travers le jeu.

Elle se plaça devant les poteaux, le cœur lourd de déception et de colère, et commença à taper les ballons, de plus en plus fort, de plus en plus loin, laissant échapper toute la frustration qui bouillonnait en elle.

Gregory avait entendu la dispute et avait observé Maria sortir du bureau. Intrigué, il décida de la suivre et la trouva sur le terrain, tapant les ballons avec une intensité impressionnante. Il s'approcha d'elle avec prudence.

"Félicitations pour ton titre, Maria. Cest impressionant."

Elle le regarda avec un mélange de sarcasme et de désespoir.

"Oh, vraiment ? Tu crois ? Peut-être que tu as fait plus pour moi que mon propre père en disant ça."

Sa voix était teintée d'amertume alors qu'elle continuait à taper les ballons avec une force croissante, laissant éclater sa colère à travers chaque coup.

Elle tentait d'ignorer la présence de Gregory qui l'observait avec préoccupation. Après un moment, Maria s'arrêta brusquement et se tourna vers lui, les yeux brûlant d'une colère sourde.

"Tu devrais partir, Gregory. Tu n'as rien à faire ici."

Il tenta de lui parler, mais Maria le coupa d'un geste brusque de la main. "C'est un peu de ta faute si mon père ne me prête aucune attention. Il parle plus de toi que de moi. Je ne veux pas que tu prennes une part encore plus importante dans ma vie. Va-t'en."

Sa voix était dure, ses mots empreints de douleur et de ressentiment. Gregory baissa les yeux, réalisant l'impact de ses propres actions sur la relation déjà fragile entre Maria et son père.

"Je suis désolé, je ne voulais pas..."

Mais elle ne lui laissa pas terminer sa phrase.

"Ça suffit. Va-t'en, s'il te plaît."

Gregory hocha la tête, sachant qu'il ne pouvait rien dire pour apaiser la douleur de la jeune fille. Il se détourna et commença à quitter le terrain.

"Je ne veux pas que tu penses que je suis horrible," commence-t-elle, "j'ai énormément de respect pour le joueur que tu es. Simplement comprend moi, tu as pris une place dans sa vie qui aurait dû être la mienne, et que je n'aurais probablement jamais. Alors forcément, dissocié du rugbyman, je te déteste."

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