Je peine encore à réaliser ce qu'il vient de se dérouler au cimetière entre elle et moi. Elle a soulevé le voile derrière lequel se terre une partie de la réalité de cet univers. Elle m'a montré que les démons et autres créatures de ce genre, existent bel et bien et qu'ils se cachent probablement parmi nous.
Que finalement, tout ce que je croyais être des fables, des mythes, sont en réalité des faits bien réels.
Et tout en conduisant sur la national A10 en direction de Rambouillet, écoutant Spark de Over The Rhine, je la regarde de temps à autre, elle qui observe silencieusement à travers ses verres noirs le paysage paradant sur notre droite, qui doucement se couvre d'un fin linceul glacé de blanc scintillant. Dans le véhicule, seule les bruits métronomiques des battements des essuies glace, ainsi que le roulement sourd des pneus sur l'asphalte, viennent s'ajouter à l'ambiance froide de cette journée morne.
Franchement, j'ai encore du mal à croire que ce charmant petit bout de femme qui se trouve assit à mes côtés, que finalement je ne connais pas tant que ça, est si âgée et qu'en un rien de temps elle peut se transformer en une véritable machine à tuer dénuée de tout remords quand la situation l'exige.
À vrai dire, avec elle, il vaut mieux se trouver du bon côté de la barrière.
— Donc si je comprends bien toute cette foutue histoire, tu es donc un vampire ? Et tu aurais plus de cent ans ?
— Oui, c'est l'idée générale.
— Et si ce n'est pas indiscret, tu es née en quand ? Je veux dire quel est ta vraie date de naissance, car je me doute bien que celle que je connais, n'est de toute évidence pas la vraie. Je me trompe ?
— Non, c'est juste. Elle ne l'est pas. Alors accroche toi bien mon petit loup. Crois-moi, ce n'est pas le genre de date que tu vas souvent entendre dans ta vie. Hormis dans un musée peut-être.
— J'imagine, je suis tout ouïe.
Elle lève un index au ciel, d'une manière théâtrale.
— Donc, je suis née, en l'année de grâce dix-huit cent trente-cinq. Plus exactement, dans les toutes premières heures du trente et un octobre, soit vers une ou deux heures du matin. Tu vois Jean, en somme, depuis ma naissance, j'ai toujours été quelque part, une vraie fille de la nuit.
Presque deux cents ans, bordel. Mon esprit a vraiment du mal à se figurer la chose.
— Ouai, t'as eu raison de m'avertir. Et donc tu es...
Elle se tourne vers moi et à travers ses lunettes teintées, elle me fixe de ses étranges yeux.
— Continue, je suis ?
— Bah tu sais... morte ?
Elle se met à glousser. C'était là son premier rire franc depuis que l'on a quitté son appartement, il y a maintenant deux jours de ça.
— Nan, idiot. Je ne suis pas morte. Au contraire, je suis bien vivante.
— Ce n'est pas ce que sont sensé être les vampires ? Des êtres morts revenues à la vie, brûlant au soleil, craignant les crucifix et j'en passe ?
Elle secoue doucement sa tête pour marquer sa désapprobation.
— Uniquement dans le folklore nous concernant. Et comme tu la bien vus, le soleil ne me réduit pas en un petit tas de cendre, tel un comte Orlok, ou encore un Dracula moderne. Il m'éblouit juste. Mais ça c'est une chose qui n'a pas vraiment changé depuis ma naissance.
— Lara.
— Mmm ?
— Le sang qui était chez toi, tu te l'es procuré où ?
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- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -
VampireIl s'agit de mon 1er roman en cours d'écriture: Post face: Je m'appelle Lara Keeble. J'ai presque cent quatre-vingt-dix ans. Je suis ce qu'on appelle communément un vampire. Je ne suis pas celui tout à fait celui de vos histoires qui hante vos nuits...