Elle est assise sur moi, me toisant, toujours souriante avec ses yeux pétillants de joie. Derrière elle, suspendu haut dans les cieux, se dessine le croissant d'une lune en partie voilée. La voix de cette femme m'est maintenant étrangement familière, mais dans l'instant présent, ma mémoire me fait défaut. La peur et mon corps épuisé ne m'y aident pas non plus. Toujours peinant à retrouver mon souffle, dans ma poitrine, mon cœur bat encore la chamade. Cette femme, cette créature des ténèbres, a fait de moi sa captive, me mettant à sa merci. Maintenant, Dieu seul sait ce qu'elle va faire de moi.
Dieu... cette pensée quelque peu innocente, me fait brièvement sourire intérieurement.
— Mais... c'est...
— C'est ?
— C'est impossible, dis-je en bredouillant.
— Qu'est ce qui est impossible ?
— Les vampires... ça ne peut pas exister.
Elle se met à rire avec légèreté.
— Ah bon ? Et qui en a décidé ainsi, dieu ? Crois-tu en lui d'ailleurs ?
Involontairement, je secoue la tête. Mon inconscient s'exprime à ma place. Ou c'est la peur qui le fait. Je ne saurais le dire.
Elle se penche plus en avant vers moi, ses cheveux glissant avec fluidité de ses épaules nues, venant former un doux rideau d'ébène sur ma droite.
— Non, je ne sais pas. Mais vous ne pouvez pas en être une. Les morts ne peuvent pas revenir à la vie.
— Ainsi donc, pour toi j'ai l'air d'une morte ? Tu dois bien sentir que mon corps, lui, est bien vivant. Que je respire. Que ma peau est présentement chaude. Tout comme la tienne.
Elle se saisit délicatement de la petite croix d'argent attachée à mon cou. Je la sens s'amuser avec celle-ci du bout de ses doigts.
— En as-tu souvent croisé des vampires ? ma petite souris.
Lui répond comme s'il s'agissait d'une évidence.
— Bien évidemment que non.
— Alors, tu peux donc oublier tout ce que l'on t'a raconté sur nous. Presque tout est faux.
Je reste interdite quelques instants, avant de finalement lui demander, l'objet de toute cette mascarade.
— Que me voulez-vous ? Mon sang ?
— Je ne dirais pas non, il m'ait l'air tout à fait appétissant. Mais c'est toi que je désir par-dessus tout. Je t'ai attendu depuis tout ce temps, dit-elle, effleurant légèrement ma pommette gauche du dos de ses doigts. J'ai mis de si longues années à te retrouver.
Elle marque une pause.
— De si longues années, répète-elle avec une note d'amertume dans sa voix. Żé'ð schen ùndjé.
À son contacte, un agréable frisson traverse mon corps. Une sensation que je n'ai pas ressentie depuis plus d'une décennie avec qui que ce soit. Et cette langue, cette phrase, ces étranges yeux.
Enfin. Je me souviens.
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- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -
VampirIl s'agit de mon 1er roman en cours d'écriture: Post face: Je m'appelle Lara Keeble. J'ai presque cent quatre-vingt-dix ans. Je suis ce qu'on appelle communément un vampire. Je ne suis pas celui tout à fait celui de vos histoires qui hante vos nuits...