Je suis assise en tailleur face à l'étang, les yeux clos à l'écoute des sons nocturnes et pour me préparer mentalement à affronter Alexandr et pour réussir à me reposer mentalement, je me suis plongée dans une légère méditation. Il ne manque plus que de l'encens, une musique oriental douce pour donner à ce moment particulier, un aspect très new âge. En d'autre temps, j'aurais préféré faire la chose seule en pleine nature, mais là, je dois savoir m'en contenter. L'épée que je destine à mon adversaire est placée derrière moi, contre l'arbre et normalement, elle est hors de vue de sa vue. J'espère car sinon, il pourrait s'en servir contre moi. Justine quant à elle, elle est assise sur ma gauche en sous-vêtement, dodelinant, humide et grelotante.
Quelque part je me sens désolée pour elle, de la traiter de la sorte. Mais malheureusement, je n'ai pas le choix pour essayer de la sauver. Ironiquement pour le faire, je vais devoir dans un premier temps la tuer.
En plus de l'épée que j'ai apporté, je me suis munie d'une dague dont la lame mesure plus d'une trentaine de centimètres. C'est avec cette dernière que je vais transpercer le cœur de Justine et enfoncer la lame jusqu'à la garde. Une fois que ce sera fait, je la laisserai plantée en elle pour éviter qu'elle ne se vide de son sang.
Derrière l'arbre, Eugène a astucieusement dissimulé sous un drap sombre, une petite scie circulaire portative—un model destiné aux petits ouvrages—pour découper proprement l'os de son sternum, le matériel médical qui va m'aider à maintenir sa cage thoracique ouverte, ainsi qu'un défibrillateur pour faire repartir son cœur. Pour fini il a ajouté à cette longue liste, quelques couvertures de survie pour la réchauffer, si jamais elle revit.
Dans une glacière, Sandrine a placé des poches de sang pour moi, si j'ai un petit creux après les événements de cette soirée. Car je ne sais pas à l'avance comment cela va se passer avec Alexandr et il est probable qu'il réussisse à me blesser gravement comme la fois dernière. Et honnêtement, je ne tiens pas à sauter à la gorge de qui que ce soit, si je venais à reperdre le contrôle de moi-même. Dans un tel scénario, je pourrais devenir absolument incontrôlable et je m'en prendrais à tout ce qui pourrait satisfaire ma faim, qu'ils soient amis ou ennemis.
C'est donc par prudence, que j'ai demandé à Sandrine et Eugène qu'ils s'éloignent d'ici et qu'ils partent se mettre en sécurité à plusieurs centaines de mètres de là. Car je ne veux pas à me soucier d'eux si la situation ici, venait à mal tourner. De plus, je leur ai demandé de se tenir prêts à faire face à toutes sortes d'éventualités qui pourraient se présenter.
C'est finalement vers deux heures du matin, que des bruits de pas venant dans notre direction se font entendre dans les profondeurs de la nuit. Deux respirations. Une étonnamment calme et régulière. Une autre, celle d'un homme, pénible et haletante. Alexandr n'est pas venu seul. Il a apporté quelqu'un avec lui.
Un otage, ou une future nouvelle victime ? Ou bien les deux ?
Je le sens qu'il vient positionner à une dizaine de mètres de moi.
— Je t'attendais, lui dis-je en sortant de ma méditation.
En me relevant, j'observe mon appât, mon sacrifice, ma future culpabilité.
Mon nouveau péché.
Je lui susurre, priant que l'ouïe d'Alexandr ne soit pas aussi sensible que la mienne.
— Allé, lève-toi Justine. C'est le moment.
Elle me regarde avec des larmes dans les yeux.
— Non. J'ai... froid, proteste-t-elle peinant à articuler, secouant sa tête de refus.
— Arrête de renâcler. Fait ce que je te dis si tu veux vivre. C'est t'as seule chance.
Elle se lève péniblement et une fois qu'elle est debout, de ma main gauche, je me saisis d'elle par l'arrière de son cou, puis je serre juste ce qu'il faut pour qu'elle commence à gémir et à paniquer. Je veux qu'il comprenne qu'elle est ma prisonnière et que je n'ai pas l'intention de la laisser agir à sa guise. Je veux que mon petit numéro soit aussi crédible que possible. Il le faut.
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- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -
VampireIl s'agit de mon 1er roman en cours d'écriture: Post face: Je m'appelle Lara Keeble. J'ai presque cent quatre-vingt-dix ans. Je suis ce qu'on appelle communément un vampire. Je ne suis pas celui tout à fait celui de vos histoires qui hante vos nuits...