ÉPILOGUE

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Au petit matin Eugène me dépose en bas de l'immeuble dans lequel j'habite, alors que Sandrine a choisi de rester auprès de Jean et Justine qui se trouve toujours en ce moment même, à l'hôpital pour y être soigné, ainsi que tous les survivants qui ont eu la chance de réchapper au massacre qu'a fait Alexandr.

C'est Sandrine et Eugène qui m'ont raconté ce qu'il s'est passé après que, je me sois complètement effondrée de fatigue dans la voiture.

Ils m'ont dit que les secours ont emmené Jean et Justine en urgence à l'hôpital André Mignot. Que plusieurs équipes de police et de gendarmes sont arrivés pour boucler les environs et sonder l'étang de St Quentin. Ce matin plusieurs groupes de plongeurs militaires continuent encore de sonder le plan d'eau à la recherche de son corps.

Corps qui n'existe plus.

Après avoir dévorer l'âme d'Alexandr, il a fallu plus d'une bonne heure à mes yeux, pour qu'ils reprennent leur apparence normale et cet étrange phénomène ne s'est pas accompagné de changements supplémentaires. Je ne me sens ni plus forte, ni plus rapide, ni quoique ce soit d'autre.

Je suis toujours la même ; cette bonne vielle Lara. Avec ses qualités, comme tous ses défauts.

Après avoir remercié Eugène, je sors de la voiture avec mon dangereux bagage et je me dirige vers l'entrée du bâtiment. Je passe ma clef magnétique devant le capteur ; la porte s'ouvre dans un cliquetis métallique. Machinalement, j'ouvre ma boite aux boites aux lettres et je retire les divers prospectus qui se sont accumulées ces derniers jours en mon absence. Puis je prends l'escalier qui me conduit vers mon appartement.

Toujours mon jeu de clefs en main, j'insère celle qui correspond à ma porte d'entrée dans le barillet. Je tourne pour ouvrir, mais le verrou est déjà en position ouverte. Je me saisis de la poignée et je pousse la porte qui n'est pas verrouillée. Pourtant, je jurerai l'avoir fermée en partant hier soir pour l'étang de St Quentin. C'est quoi encore cette histoire ? Au moment où la porte s'entrouvre, il y a ce fort parfum qui s'échappe par l'embrasure. Ce même parfum, que j'ai senti le soir où Jean est venu chez moi et que je n'arrivais pas à replacer.

Je me souviens maintenant qu'il est si fort, si prenant. C'est le parfum des roses noires, les roses de sang, celles qui ne poussent que dans l'Anté-monde. Sébile avait l'habitude de m'en apporter de temps à autre quand elle revenait de ses voyages dans ce monde étrange.

Quel autre monstre vais-je devoir affronter maintenant ? Je sors l'épée de son fourreau, serrant avec fermeté sa poignée. Prête à m'en servir. Prête à tuer quiconque viendrait encore pourrir ma vie comme la involontairement fait Alexander.

J'entre dans mon salon avec inquiétude.

Je m'attendais à tout sauf à ça.

Je range la lame dans le fourreau et laisse tomber l'ensemble au sol.

Elles sont là. Toutes les deux.

Il y a, elle. Cette femme aux cheveux ébène qui se tient assise sur l'un des fauteuils avec la petite Eva, installée sur ses genoux, s'amusant avec elle. Cette petite tête blonde avec ses magnifique yeux bleus, au sourire plein de joie illuminant son visage et tenant grosse peluche en mains. À côté d'elles sur un petit meuble, déjà mise dans un vase, il y a un magnifique bouquet composé de rose noires. De ces fameuse roses noires placées dans un vase rouge grenat.

— Séb, je murmure.

— Nanni Lala ! s'exclame la petite Eva, rayonnante.

— Bienvenue chez toi, ma petite souris, dit Sébile, ma fiancée avec un sourire léger, empli d'une intense joie mal contenue. On attendait ton retour.

Je pleure. Je suis heureuse. Rien ne pourrait entacher ce moment. Vraiment rien.

— Salut, toi, dit une ombre à la voix féminine, qui vient juste de se glisser sur ma droite.

Je me tourne vers cette femme.

— Sandrine, mais tu... tu n'es pas censée être avec Jean à l'hôpital ?

Elle ne me répond pas, son visage reste impassible. Aussi impassible que celui d'une morte. Mais ses yeux de chat argentés pétillent d'amusement. D'argent ? Non. Subitement, je comprends. Mais comment diable fais-je pour être si aveugle ? La femme qui se tient maintenant devant moi, bien qu'elle lui ressemble. N'est absolument pas Sandrine. Elle a juste son visage, sa taille, sa corpulence. Mais tout le reste chez elle est différent, que ce soit par la manière dont elle se tient, comment elle me regarde, la façon dont elle est vêtue. Et ses yeux, bien que similaire aux siens, sont comme je viens de le mentionner, eux d'argent. Comme les miens. Elle est un vampire.

Une princesse vampire.

— Nahema... dis-je dans un souffle.

Alors qu'une étrange flamme brille dans son regard. Ma demi-sœur venue depuis l'autre monde, se met à me sourire de toutes ses dents. De tous ses crocs immaculés.

Dans mon cœur, je ne sais pas si je dois craindre le pire, ou au contraire, me réjouir de sa présence.

- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant