VINGT

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Le coup de feu part dans le vide, me ratant l'oreille de quelques petits centimètres. En dépit de mes réflexes extraordinaires, j'ai juste eu le temps de me saisir du canon et dévier le pistolet brandit. Une fraction de seconde trop tard et s'en était fini de moi. À cette distance, pour mon ouïe hypersensible, la détonation est assourdissante. En me frôlant, le plomb siffle et finit sa course contre une pierre tombale. Terrifiée à l'idée de mourir, je retiens mon souffle.

Maintenant, il n'y a que plus que l'odeur de la poudre brûlée dans l'air et l'écho mourant du tir s'affaiblissant dans les environs. Sur le cimetière, sabbat un silence sinistre. Toujours figée par la peur, je serre encore le canons de son arme fumant. L'acier surchauffé me brûle la main. Mais dans l'instant présent, c'est loin d'être ma plus grande préoccupation.

Soudain, une chose glacée se pose avec légèreté sur mon visage.

Un flocon.

Les premières neiges de l'année commencent à tomber.

Lentement, je relâche mon emprise sur l'arme.

— C'est impossible, peine-t-il à articuler en reculant.

— Tu me crois maintenant ?

Jean, abattue par ce qu'il vient de se passer, s'en va s'assoir sur le marbre noir d'une tombe derrière lui. À ses côtés, il dépose son flingue puis, il se prend la tête entre les mains.

— Je dois rêver... c'est un foutu cauchemar... marmonne-t-il.

Je me dirige à mon tour, vers cette même tombe, pour m'installer à ses côtes. Après un petit moment de silence, à contempler la neige qui tombe avec douceur sur sanctuaire dédié aux morts, je lui réponds :

— Non, tu ne rêves pas. Je ne suis pas humaine.

Je marque une pause.

— Ma maladie, mon fétichisme pour les vampires, n'étaient que de simples prétextes—bien pratique, je dois dire—, pour expliquer plein de choses me concernant.

Il redresse la tête un peu, pour m'observer du coin de l'œil.

— Et si ça peu t'aider. Je me sens vraiment mal pour ce que j'ai fait au gosse.

Alors que la tête de jean s'enfonce de nouveau un peu plus dans ses épaules, l'ambiance pesante est subitement brisée par d'énergiques bruits de pas. Je peux dire au jugé, que deux personnes se rapprochent rapidement dans notre direction. Elles le font en empruntant le sentier de gravier menant au cimetière. Mais dans l'immédiat, nos invités pressés, sont encore dissimulées par le mur en pierre de deux mètres de haut qui ceint le lieu.

— Police ! hurle une voix, qui m'est désagréablement familière.

Il ne faut que quelques instants, pour que nos inattendus invités surgissent au pas de course, par le portail en fer forgé, armes aux poings, brassards aux bras.

— Ha c'est vous ! On a entendu un coup de feu, on a fait aussi vite que possible. Rien de cassé ? Dit, Eugène qui ralentis et s'arrête à quelque pas de nous, tout en rangeant sont arme de service.

Eugène est suivi de près par cette peste, Sandrine.

— Heu non. Mais bordel ! Qu'est-ce que... s'exclame Jean.

— Eh bien, j'espère qu'on n'est pas en retard pour les retrouvailles, lance Sandrine, rangeant aussi son pistolet.

— Merde... pas elle, marmonné-je entre les dents.

— Sandrine, Eugène, mais bon dieu ! Mais que foutez vous ici ?

— Jean, je t'avais demandé de venir seul !

- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant