Jean et Sandrine sont parti ensemble de leur côté récupérer Eugene chez lui, puis Justine qui ce matin même, a été emmenée pour sa garde à vue. De mon côté et bien que je dispose d'une voiture—un model aux vitres teintées bien au-delà des normes autorisées—j'ai préféré parcourir à pied les quelques presque neufs kilomètres qui séparent mon appartement de l'étang de St Quentin.
Après tout ce qu'il s'était produit ces derniers jours, toutes ces bouleversantes révélations, il m'était devenue nécessaire de me défouler quelque peu et de me focaliser sur autre chose le temps d'un instant. Ils ont été très étonnés de mon choix. Sandrine dans un élan de gentillesse que je ne lui connaissais pas, s'est même proposée de me faire voyager avec elle via un portail dimensionnel. Mais j'ai préféré décliner son offre généreuse. Je leur ai juste expliqué, que j'avais un besoin de marcher seule pour réfléchir à toutes ces nouvelles informations sur moi, sur Sébile sur la situation actuelle.
Mais en vérité, c'est que j'avais aussi, juste besoin de courir seule sous les étoiles et ressentir la toute-puissance de mon corps de vampire poussé à son maximum, de sentir mon sang brûlant pulser à travers mes veines. Quelle délicieuse sensation que d'entendre son cœur cogner à la suite d'un intense effort physique, de ressentir le souffle glacé de la nuit vous caresser le visage.
Ce soir, j'avais vraiment besoin de me sentir vivante.
Juste pendant un instant.
Alors que des volutes de vapeurs s'élèvent dans l'air froid autour de mon corps humide, des gouttes de sueur transparentes roulent sur ma poitrine et viennent se glisser dans le creux de mes seins. Cette fois, il s'agit d'une sueur normale et non rosée, comme elle l'était le soir quand Jean s'est rendu chez moi, venant mettre ainsi, involontairement ma paisible vie sans dessus dessous.
Cela faisait bien trop longtemps que je ne m'étais pas adonnée à ce genre d'exercice et ces derniers des temps, la grisante sensation de liberté quasi absolue commençait cruellement à me manquer.
Aucun être humain ne pourrait jamais goûter à un tel plaisir et Sandrine a absolument raison sur ce point ; je me sens telle déesse une sur terre, vivant incognito parmi les mortels.
Une sombre déesse albinos, avide de sang humain.
C'est moi seule qui avais finalement décidé du lieu où cette toute histoire allait se finir. Et franchement, vue la situation actuelle, ils n'ont pas osé se disputer avec moi sur ce sujet. En temps normal Jean aurait contacté Laplace pour faire intervenir le RAID ou le GIGN, afin de s'occuper d'un tel forcené, mais là on n'a plus affaire à un type normal. Mais d'un être qui ne craint rien et qu'aucune arme humaine ne peut tuer. A un homme qui pourrait vous arracher si vite les quatre membres à main nue, que vous n'avez même pas le temps de cligner de l'œil.
Non. Les moyens standards ne sont d'aucun recours. Ni même quelconques prières à dieu. Mais quel dieu d'ailleurs devrais-je prier ? Celui des Chrétiens ? Des Indiens ? Ou ceux qui ont été en grande majorités oubliés à travers l'histoire ? Dois-je me mettre à croire en Jésus ou Krishna ? Bien que j'aie tout de même une net préférence pour ce dernier. Sur certains aspects, j'ai toujours trouvé la philosophie indienne plus attrayante.
Non, rien de tout ça pourrait nous venir en aide et mes amis ne peuvent que s'en remettre à moi. Pour eux, c'est presque quelque part en soit, un acte de foi.
Il est une heure et demie du matin quand une voiture grise arrive au loin, sur l'allée brumeuse. Elle est encore à une deux cents mètres et roule plutôt vite dans ma direction. D'où elle se situe, je peux voir que c'est Sandrine qui se trouve au volant, tandis qu'Eugène, lui est assis à côté d'elle, mais de ma position, je n'arrive pas à discerner s'il y a d'autres passagers qu'eux dans l'habitacle. C'est seulement une fois qu'ils sont arrivés à ma hauteur que Sandrine arrête le véhicule et Eugène s'empresse d'abaisser sa vitre. Justine est assise derrière, mais Jean, lui manque à l'appel.
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- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -
VampireIl s'agit de mon 1er roman en cours d'écriture: Post face: Je m'appelle Lara Keeble. J'ai presque cent quatre-vingt-dix ans. Je suis ce qu'on appelle communément un vampire. Je ne suis pas celui tout à fait celui de vos histoires qui hante vos nuits...