CINQ

0 0 0
                                    


En un instant, je me glisse sous une cascade d'eau torride, qui emporte avec elle le fin voile rosé drapant encore mon corps, plaquant ma crinière ivoirine contre ma peau dénudée. L'eau qui s'abat sur moi est vraiment très chaude. Probablement trop pour un être humain. Mais pour moi, elle est juste comme je l'apprécie : brûlante. Je l'aime ainsi, contrairement à l'eau glacée qui m'est quelque peu désagréable à supporter.

Je ne suis pas si frileuse en soi. Je pourrais très bien me retrouver complètement nue sur la banquise arctique en pleine nuit, sans que cela ne pose une quelconque gêne majeure, ou menace pour ma vie. Tout comme je ne risque rien non plus, à rester tout aussi nue sous un grand soleil d'été dans le Sahara. C'est juste que mon corps semble avoir une certaine appétence pour la chaleur et les climats plus chauds en général. Personnellement, je les préfère lorsqu'ils sont froids et humide.

Car j'aime quand qu'il pleut, neige...

Je sais que c'est quelque peu étrange et contradictoire avec mes préférences biologiques car, la majorité des gens préfèrent quand il fait bon, sec, que le soleil brille de tout son éclat dans un ciel dégagé d'été, pour obtenir une peau parfaitement hâlée ; je préfère de loin l'hiver.

Et concernant ce sujet qu'est le bronzage, ma peau ne bronze pas. Ni ne l'a jamais fait quand j'étais humaine. Bien au contraire. N'ayant aucune mélanine, elle brûlait complètement, m'obligeant ainsi à me protéger sous d'amples vêtements.

À cette époque, pendant cette période de ma vie, ma situation personnelle n'était pas des plus simples à endurer cependant, j'étais bien consciente aussi, qu'il y avait très des situations probablement bien pires que la mienne à supporter.

Donc, comme je le disais, j'apprécie juste quand le ciel est couvert, qu'il pleut, ou qu'il neige. Car j'aime écouter la douce mélodie de la pluie, tout comme j'aime le calme et la sérénité qui se dégage des paysages hivernaux, quand ils sont complètement recouverts de blanc étincelant. Mais surtout, j'aime ces temps-là, car ils ont cette magnifique qualité, que celle de ménager mes rétines sensibles.

En fait, je ne saurais dire si cet attrait pour la chaleur est lié à ma nature vampirique et à vrai dire, concernant ceux de notre espèce, notre histoire, ou encore de nos origines, je ne sais que bien peu de choses. Et le peu que dont j'ai connaissance, provient de mon propre vécu, ou celui de Sébile.

D'ailleurs, je n'ai jamais rencontré un quelconque vampire de toute mon existence, à part elle. Et sur les sujets en lien avec nous autres, Sébile est toujours restée très mystérieuse. Et honnêtement, je ne sais même pas s'il existe d'autres vampire sur terre et, peut-être même, que je suis la seule de mon espèce.

Je réalise que cela fait un long moment que je ne suis pas partie en pleine nature pour méditer, me défouler pleinement, loin des villes bruyantes et agitées. Des Hommes. De tout finalement.

Et aussi étrange que cela puisse paraître, j'apprécie méditer sous une légère pluie, pour pouvoir ressentir l'eau glacée tomber sur ma peau. Être pieds nus dans l'herbe. Simplement vêtue d'un jean et d'un débardeur. De sentir l'odeur de la nature, des forêts, apprécier leur calme, ou être simplement seule dans de grands espaces sauvages.

Ça commence à cruellement me manquer.

Oui. C'est décidé, dès que possible je prendrai un moment pour le faire.

— Et merde, mais qu'est-ce qui t'a pris de rester autant de temps ici, ma belle ? dis-je en marmonnant, pestant contre moi-même, écrasant un léger coup de poing contre le mur. Maintenant, te voilà embringuée dans cette affaire qui ne te concerne en rien.

- Schen ùndjé -- Le sang des innocents -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant