Prologue

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                                                               Georgina


Alors que j'étais dans ma nouvelle maison, je défaisais lentement mes cartons et accrochais les premiers cadres sur les murs, essayant de donner vie à cet espace qui me semblait encore étranger. Le bruit du papier froissé et des cartons ouverts résonnait dans la pièce, mais mes pensées étaient ailleurs. Les souvenirs de l'ancienne maison affluaient, envahissant mon esprit, mais je savais que j'étais là pour un nouveau départ. Il était temps de tourner la page, même si ce n'était pas facile. Londres... un nouveau décor, un nouveau rythme, et pourtant, ce sentiment de dépaysement persistait.

- Ma chérie, va te coucher, demain tu as cours ! m'appela ma mère du bas des escaliers.

- Ok, à demain, lui répondis-je sans vraiment la regarder, occupée à organiser mes affaires.

Je jetai un dernier coup d'œil à ma chambre. Les cartons étaient encore éparpillés un peu partout, mais il y avait déjà quelque chose de réconfortant dans ce chaos. J'éteignis la lumière avant de me glisser sous les draps. Pourtant, la fatigue ne venait pas. Il était environ 23h00, et mes parents étaient déjà endormis. Les murs de la maison étaient silencieux, mais l'angoisse me tenait éveillée. Cette nouvelle vie... ce changement. La transition me semblait insurmontable, et la sensation de solitude m'envahissait comme un brouillard. J'enfilai un sweatshirt trop large, un geste qui me réconfortait vaguement, puis je décidai de descendre par la fenêtre de ma chambre. J'avais besoin de prendre l'air, de fuir un instant cette anxiété qui me rongeait.

Le froid de la nuit me saisit dès que je m'aventurai dehors. Je marchai sans but précis, mes pensées se dispersant avec le vent. Les étoiles brillaient haut dans le ciel, si nettes et pourtant si éloignées. Après quelques minutes de marche, je parvins à un petit ponton, un endroit isolé où je pourrais être seule avec moi-même. Je m'assis sur le bord, laissant mes jambes pendre dans le vide. L'eau était calme, noire comme du velours, et seul le bruit de mes pensées venait perturber ce silence. Je sortis une cigarette de ma poche, allumai une allumette, et le léger éclat de la flamme éclaira mon visage un instant avant que je ne prenne ma première bouffée, la chaleur du tabac me réconfortant dans cette nuit froide.

Puis, une voix s'éleva dans le silence, brisant mon moment d'introspection.

- Vous n'êtes pas un peu jeune pour ça ?

Je n'avais pas besoin de lever les yeux pour savoir qu'une personne se trouvait près de moi. Je n'avais qu'une envie : ignorer l'intrus.

- Vous êtes un psychopathe pour parler à une fille de mon âge, répliquai-je sèchement, sans chercher à savoir qui il était.

Il ricana, un rire bas et amusé, avant de s'asseoir près de moi, une silhouette encapuchonnée plongée dans l'ombre. Il me surprit en prenant ma cigarette et la jeta dans l'eau, me faisant sursauter.

- Eh ! m'exclamai-je, interloquée par son audace.

Il se tourna vers moi, et, malgré l'obscurité, je pouvais distinguer une lueur malicieuse dans ses yeux.

- C'est quoi ton film d'horreur préféré ? demanda-t-il d'une voix rauque, presque enfantine dans cette nuit calme.

- Vous vous croyez dans Scream ? crachai-je, l'agacement perçant dans ma voix.

- Vous aimez Scream ?

-C'est mon film d'horreur préféré, oui, pour répondre à votre question. Pourquoi cette curiosité ? répliquai-je, défiant son regard.

Ma Vipère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant