Chapitre 14

417 24 26
                                    


Bonne lecture <3
————————-———————————-

Le silence qui suit ma question est glacé. Les mots flottent dans l'air comme des éclats de verre brisé, tranchants et douloureux. Un courant d'air glacial passe, sifflant doucement le long des murs, faisant frémir des morceaux de papier et des détritus abandonnés au sol. Ce léger mouvement contraste avec l'immobilité figée de Wolf et Ivan, comme s'ils étaient des statues plantées au milieu de cette scène étrange, coincées entre le passé et l'inévitable.

Le visage de Wolf est presque méconnaissable dans cet instant suspendu. Son expression est d'une intensité qui frôle l'effondrement ; ses traits durs et fermés laissent entrevoir des brèches de vulnérabilité que je n'avais jamais vues. Ses yeux, d'ordinaire perçants et calculateurs, sont maintenant hantés par une ombre plus profonde, comme si chaque mot qu'Ivan avait prononcé venait réveiller en lui des souvenirs qu'il aurait voulu effacer. Il détourne d'abord le regard, luttant visiblement pour retrouver une façade de maîtrise, mais cette fois, c'est comme si quelque chose d'incontrôlable en lui s'effondrait.

Il inspire lentement, ses lèvres se pincent, trahissant une lutte intérieure presque violente. Sa mâchoire est crispée, sa respiration saccadée, et je remarque les légers tremblements de ses doigts — une infime tension qui trahit une rage mêlée de douleur. Ses mains, d'ordinaire sûres et fermes, semblent crispées, comme s'il essayait de contenir un flot d'émotions. Il serre les poings, ses phalanges blanchissent sous la pression, mais c'est son regard qui frappe le plus. Ses yeux, sombres et brûlants, se perdent un instant dans le vide, comme s'il tentait d'échapper au poids écrasant de ses propres pensées. Il me regarde ensuite, et son regard n'a rien de la froideur calculée qu'il affiche habituellement : c'est un regard lourd, presque suppliant, comme s'il cherchait dans mes yeux la force de briser ses propres chaînes.

La lumière qui filtre faiblement dans la ruelle semble accentuer la profondeur de ses traits, dessinant les ombres de son visage, révélant une cicatrice sur sa joue droite que je n'avais pas remarquée avec autant d'acuité auparavant. Elle semble marquer son visage comme une blessure indélébile, un rappel silencieux de son passé, de chaque bataille livrée, de chaque trahison subie. Dans ce moment figé, il ne ressemble plus à l'homme impénétrable et contrôlé que j'avais appris à redouter. Il est devenu un homme en morceaux, brisé par des décisions qu'il traîne comme un fardeau, hanté par un passé qu'il ne parvient pas à fuir.

Enfin, il tente de parler, mais sa voix est rauque, presque brisée, et ses mots peinent à franchir ses lèvres. Son regard me traverse, presque suppliant, comme s'il voulait que je comprenne quelque chose qu'il n'arrive pas à dire.

— Romayssa, ne l'écoute pas, murmure-t-il d'une voix brisée, presque inaudible. C'est pas vrai... C'est pas ce que tu crois.

Mais qu'est-ce que cela change ? Mon cœur se serre, mais je refuse de lui montrer la moindre faiblesse. Je ne veux pas entendre, ne veux pas le voir essayer de me retenir avec ses mots pleins de regrets. Pour moi, il n'est plus rien qu'une ombre, un rappel de tout ce qui a basculé depuis qu'il est entré dans ma vie. Cette lueur d'humanité, ce masque fragile qu'il porte en cet instant... ce n'est plus suffisant pour réparer le mal qu'il m'a fait.

Je le repousse sans même un geste. Mon regard glisse sur lui sans s'attarder, mes pensées, froides, me dictent de ne rien laisser transparaître. Pas cette fois. Je ne veux plus céder, plus laisser ses mots s'immiscer dans mes doutes, et briser mes certitudes. J'inspire profondément, sentant le poids de sa présence se faire plus lourd, mais je refuse de flancher.

— Qu'est-ce que ça change, Wolf ? Mes mots sortent plus tranchants que je ne l'aurais voulu, mais ils disent exactement ce que je ressens : une fatigue, un dégoût, une résolution de ne plus m'abandonner aux mirages qu'il pourrait encore me tendre. Qu'est-ce que ça change maintenant ?

Code breakerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant