Code breaker

Chapitre 15

Bonne lecture <3
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Romayssa

Je m'assois face à Wolf, me contentant de me concentrer sur l'instant présent. La table est chargée de plats que j'ai préparé. Mais je n'ai vraiment pas faim. Je garde les yeux rivés sur mon assiette, coupant distraitement les aliments sans vraiment manger. Mes pensées reviennent sans cesse à ce qui s'est passé dans la salle de bain, à la chaleur fugace de ses doigts contre les miens lorsqu'il a pris la boîte d'anti-douleurs. Ce simple geste m'a donné des frissons et puis pourquoi a-t-il fallu qu'il dise ce mot, "hobi" ?

Ma mère me parle, mais je l'entends à peine. Je hoche la tête et esquisse un sourire, tentant de masquer le tumulte intérieur qui me ronge. Omar est silencieux, mais je le sens tendu à côté de moi. Je sais qu'il surveille chacun de mes mouvements, guettant le moindre signe de faiblesse, de trahison à son égard. Sa présence me pèse, sa méfiance envers Wolf me pèse... toute cette situation me donne l'impression d'être piégée.

— Il est très bon ton repas ma fille me félicite mon père tandis que Omar hoche la tête en guise de validation à son tour.

Je souris distraitement, murmurant un simple "merci" en réponse aux compliments de mon père et d'Omar. Le bruit des couverts résonne étrangement fort dans la pièce, chaque tintement semblant amplifié par le silence pesant qui nous entoure. Mon regard reste rivé sur mon assiette, mes mains agitant machinalement ma fourchette parmi les légumes, sans vraiment les voir. Chaque seconde qui passe sans que Wolf ne dise un mot alourdit l'atmosphère un peu plus.
Je tente de me concentrer sur la conversation banale que mes parents et Omar ont.. Ils parlent de sujets ordinaires — le dernier voyage d'Omar à New York, une nouvelle recette que ma mère veut essayer, les petites réparations que mon père a faites dans la maison — mais je n'arrive pas à me détacher de la présence muette de Wolf. Il est là, en face de moi, et pourtant il semble étrangement distant, comme une ombre silencieuse parmi nous.

Je le sens plus que je ne le vois, et même si je garde la tête baissée, je suis consciente de chaque mouvement qu'il fait, chaque respiration qu'il prend. Pourquoi est-il si silencieux ? Est-ce la douleur physique ou autre chose, quelque chose de plus profond, de plus lourd que ce que je peux imaginer ? Mon esprit retourne malgré moi aux événements de la ruelle, à la violence, aux mots non-dits, à cette tension qui flotte encore entre nous, palpable malgré le cadre familial et rassurant du dîner.

Je relève les yeux brièvement, croisant son regard par accident. Il me fixe, ses yeux me capturent un instant, et je détourne aussitôt la tête, le cœur battant. Ce n'est qu'un instant, une fraction de seconde, mais c'est comme si une onde de choc traversait mon corps. Pourquoi est-ce que je suis encore si affectée par lui ? Par ce silence lourd, par ce visage impassible qui semble pourtant cacher mille secrets ?

Ma mère brise le silence d'un éclat de rire, quelque chose à propos d'une anecdote sur Omar enfant. Je fais un effort pour sourire, pour paraître impliquée, mais c'est presque insupportable. Tout ce que je veux, c'est que ce dîner se termine, que cette tension invisible cesse enfin de m'étrangler. Pourtant, je reste, parce que partir serait admettre que quelque chose ne va pas, et je ne veux pas que mes parents s'inquiètent, surtout pas à cause de lui.

Alors, je me force à sourire, à répondre à mon père quand il me parle, à faire semblant d'être présente, tout en sachant que je suis ailleurs, coincée quelque part entre ce que je voudrais oublier et ce que je ne peux m'empêcher de ressentir.
Mon père relance la conversation avec une question inattendue sur un sujet d'actualité — un débat sur les nouvelles réformes du gouvernement. Je lève à peine les yeux de mon assiette, persuadée que Wolf ne va pas répondre, perdu dans ses pensées sombres comme il l'a été tout le long du repas.