Un noël sous les flocons

Chapitre 24 - Le chalet des possibles

Le soleil n'est pas encore levé quand je me tiens devant la porte du chalet. L'air glacé du matin m'engourdit les doigts, mais ce n'est rien comparé au poids qui m'écrase la poitrine. Je n'ai pas dormi, incapable de penser à autre chose qu'à la conversation que nous avons eue hier soir. Je dois lui parler, lui expliquer... même si je ne sais pas par où commencer.

Je frappe doucement à la porte, espérant qu'elle soit encore là. Mais ce n'est pas Claire qui ouvre. Margot, sa tante, se tient là, les traits tirés mais un sourire accueillant sur le visage.

— Lucas ? Que fais-tu ici si tôt ?

— Bonjour, dis-je en évitant son regard. Claire est là ? J'ai besoin de lui parler.

Son sourire faiblit, et son regard se remplit d'une pitié qui me donne envie de m'effondrer. Je suis persuadée de ce qu'elle va m'annoncer, étant en partie coupable de cette décision...

— Lucas... Elle est partie, dit-elle doucement alors que mon cœur se brise, elle est allée signer son contrat, murmure-t-elle, presque à contrecœur.

Le souffle me manque, et je reste figé sur le seuil.

— Elle a... Elle a vraiment accepté ?

Margot hoche la tête, mais elle pose une main rassurante sur mon bras.

— Écoute-moi. Elle n'était pas sûre, pas vraiment. Elle avait juste besoin de s'éloigner pour réfléchir. Mais si tu veux mon avis, tu devrais y aller, Lucas.

— Aller où ?

Elle sort un petit papier de sa poche et le glisse dans ma main.

— C'est l'adresse où elle doit signer son contrat. Si tu te dépêches, tu peux la rattraper.

Je secoue la tête, mon esprit déjà noyé dans les complications. J'ai déjà poussé Lila hors du lit pour venir, je ne peux pas la priver de son père aujourd'hui...

— Margot, je ne peux pas. Lila est là. Je ne peux pas l'abandonner... C'est Noël.

Elle me regarde avec insistance, me faisant perdre toute confiance en moi.

— Écoute-moi bien, Lucas. Lila sera parfaitement en sécurité ici avec moi. En revanche, si tu ne retrouves pas Claire maintenant, votre cœur à tous les trois ne sera pas en sécurité, annonce-t-elle sévèrement.

— Mais...

— Non, il n'y a pas de "mais", me coupe-t-elle. Tu es son père, Lucas. Elle verra que ce que tu fais, tu le fais par amour. Et tu seras revenu ce soir, avec ou sans Claire.

Je la fixe, partagé entre le soulagement et la peur.

— Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, Lucas, mais j'ai vu la façon dont Claire te regarde, et la manière dont tu la regardes. Ce genre d'amour, dit-elle avec plus de douceur, c'est rare. C'est le genre de lien qu'on ne trouve pas à chaque coin de rue. Alors, vas-y, Lucas. C'est maintenant ou jamais.

Elle me pousse doucement à faire demi-tour, et je me rends compte que, malgré tout, une part de moi savait que je n'avais pas vraiment le choix. C'est bien pour cette raison que Lila est actuellement dans la voiture et pas dans son lit chaud. J'avais de l'espoir... Soit de trouver Claire ici et de pouvoir passer Noël avec elle et ma fille, soit de me bouger les fesses pour la convaincre de me pardonner.

Le silence de la voiture est presque assourdissant alors que j'ouvre la portière pour faire face à ma fille endormie sur son siège auto. Je pose lentement ma main sur son front, dégageant ses cheveux de son petit front tandis qu'elle reste un instant immobile, le visage levé vers le mien. Puis, d'une petite voix qu'elle peine à articuler en ouvrant les yeux, elle murmure :