Chapitre 7 - Une complicité naissante

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Le chalet respire déjà mieux. Les cartons, poussiéreux et encombrants, ont été triés, les vieux meubles déplacés, et les pièces principales commencent à retrouver leur éclat.

Pourtant...

Il reste encore à faire.

La lumière de l'après-midi filtre à travers des fenêtres, dessinant des motifs dorés sur le parquet fraîchement dépoussiéré. Lucas est là, comme presque tous les jours depuis notre rencontre sur la place du village, et sa présence commence à devenir étrangement familière. Je ne sais quand nous avons commencé à nous tutoyer et passé nos repas du midi ensemble, mais sa compagnie me convient.

— Tu veux qu'on s'attaque à quoi maintenant ? demande-t-il en passant une main dans ses cheveux décoiffés.

Je lève les yeux de la pile de cadres que je suis en train de dépoussiérer. Il a les manches retroussées, laissant apparaître des avant-bras tachés de peinture, et une expression détendue. Il me regarde avec cette bienveillante qui commence à m'agacer autant qu'elle me rassure.

— Peut-être la cuisine ? suggéré-je. Il y a encore cette vieille étagère qui menace de s'effondrer... Et honnêtement, je n'ai pas confiance en ces placards, il doit y avoir des moisissures et des insectes... dis-je en grimaçant.

Lucas acquiesce avec un sourire.

— Bonne idée. Je vais chercher mes outils.

Il quitte la pièce d'un pas tranquille, et je m'autorise un soupir. Depuis qu'il a proposé son aide, il est devenu une sorte de présence constante, à la fois utile et... perturbante. Ce n'est pas tant ce qu'il dit ou fait, mais la manière qu'il a de rendre chaque moment simple et agréable. Ça me déstabilise, parce que ça me rappelle ce que j'ai laissé derrière moi en partant de ce village : une vie où tout semblait toujours aller de soi jusqu'à ce que...

Il revient dans la pièce, me faisant sursauter et sortir de mes pensées. Une caisse à outils à la main, il me sourit avant de me faire signe que le travail nous attend. Pendant qu'il démonte l'étagère grinçante, je continue de trier les objets dans les placards débordants de vieilles casseroles et boîtes de conserves. Nous travaillons en silence, mais ce n'est pas un silence pesant, ponctué par le bruit métallique des vis et le froissement du papier journal que j'utilise pour emballer de vieilles porcelaines.

— Tu te débrouilles bien, dis-je finalement, plus pour combler le silence que pour lui faire un vrai compliment.

Il se redresse, tenant un tournevis dans une main et une planche de bois dans l'autre.

— Merci. Je devrais te dire la même chose, mais je vois bien que tu es plus douée pour trier que pour bricoler, plaisante-t-il.

Je lève les yeux au ciel, mais un petit sourire me trahit.

— C'est toi l'expert, après tout. Moi, je fais juste de mon mieux pour que ce chalet ressemble à quelque chose.

Il s'approche avec un éclat dans le regard, déposant doucement la planche sur la table.

— Il ressemble déjà à quelque chose. À un vrai chez-toi, dit-il avec un sourire innocent.

Je détourne les yeux, mal à l'aise face à sa franchise.

Ce n'est pas chez moi.

Ça ne le sera jamais.

Depuis mon arrivée ici, j'ai construit une barrière autour de moi, et Lucas semble décidé à la franchir sans même s'en rendre compte.

— Ne sois pas trop optimiste, réponds-je en haussant les épaules. Ce n'est qu'un chalet. Rien de plus.

— Ce n'est jamais "juste" un chalet, Claire. Les murs ont une âme, tu sais. Ils racontent une histoire. Et celle-ci... elle a encore beaucoup à dire. Et à voir, dit-il avec un air que je ne sais décoder.

Un noël sous les floconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant