Un noël sous les flocons

Chapitre 18 - Sous le gui

Ce matin, la lumière du jour filtre à travers les rideaux de la chambre de Lucas, réchauffant doucement mon visage. Je me redresse lentement, les souvenirs de la veille encore flous dans mon esprit. Je me sens étrangement apaisée, mais aussi nerveuse. Je suis dans la maison de Lucas. Je prends une profonde inspiration et décide qu'il est temps d'affronter la journée.

En descendant les escaliers, je suis accueillie par la voix joyeuse de Lila, accompagnée par le cliquetis des couverts contre les assiettes. J'atteins l'entrée du salon et m'arrête un instant. Lila est assise à table, balançant ses petites jambes dans le vide avec enthousiasme, tandis que Lucas lui verse un verre de jus d'orange.

— Claire ! s'écrie Lila en me voyant, un grand sourire illuminant son visage.

Lucas se tourne pour me faire face, prenant le temps de m'observer de la tête au pied. Je dois avoir l'air ridicule avec ses habits bien trop grands pour moi. Un vrai clown... Il sourit tout en versant du lait dans une tasse.

— Bonjour, dis-je timidement, mes yeux passant de Lila à Lucas, qui me regarde avec un sourire discret.

— Dormir ici ? demande Lila avec curiosité, ses yeux pétillants.

Je bafouille un instant, mais Lucas intervient avec un calme naturel.

— Claire était fatiguée hier soir, alors elle est restée ici pour se reposer, explique-t-il en me lançant un regard rassurant.

Lila applaudit presque, visiblement ravie de cette nouvelle.

— Super ! Encore aujourd'hui ? Gâteau et jeu ! s'exclame-t-elle.

Je ris doucement, prise au dépourvu par son enthousiasme. Lucas pose une main sur l'épaule de sa fille et lui murmure doucement de finir son petit-déjeuner d'abord. Il se dirige ensuite vers moi, une tasse de chocolat chaud à la main. Ses doigts frôlent brièvement les miens, et je ressens une chaleur qui n'a rien à voir avec ce qu'il y a dans la tasse. Il plonge son regard dans le mien avant de se tourner vers sa fille.

— Et toi, petite tornade, tu as fini de te tartiner plus la figure que ton pain ?

Lila éclate de rire, un son si léger qu'il efface une partie de mes angoisses. Elle secoue la tête avant de plonger son pain dans son bol de lait chaud.

— Tu devrais prendre une journée pour souffler, dit-il d'un ton sérieux mais doux. Avec tout ce qui s'est passé hier... tu n'as pas besoin de retourner tout de suite là-bas.

Mes doigts jouent nerveusement avec l'ourlet de son pull trop grand pour moi. Les souvenirs de la lumière dans le chalet, du bruit, des ombres, me reviennent. Et s'il y avait vraiment quelqu'un ?

— Peut-être... peut-être que tu as raison, murmuré-je, ma voix hésitante.

Lucas acquiesce, soulagé.

— Ludo et moi, on va s'occuper de changer les serrures aujourd'hui. Tout, du garage à la porte arrière et bien sûr la porte d'entrée. Je vais aussi vérifier les volets. Tu ne devrais plus rien avoir à craindre.

Le poids qui m'écrasait la poitrine se fait un peu plus léger.

— Merci, dis-je sincèrement, croisant son regard.

— Pas de quoi, répond-il simplement.

Il me fait signe de m'asseoir à table pour profiter du petit déjeuner ensemble. Il s'assoit face à moi, les cheveux légèrement décoiffés, ses mèches brunes tombant en désordre sur son front. Sa barbe est un peu plus marquée que d'habitude, accentuant sa mâchoire. Il porte un t-shirt simple, un peu froissé, et un survêtement gris qui lui va bien trop bien pour que je ne le remarque pas. Son allure décontractée est désarmante.