Le vent mordant me brûle les joues alors que je marche dans les ruelles pavées de Winterbrook. Les rues, si familières, ont pourtant quelque chose d'étrange aujourd'hui, comme si elles avaient été figées dans une autre époque. Les lumières de Noël scintillent doucement, accrochées aux réverbères, mais leur éclat semble distant.
Mon esprit vagabonde, encombré de pensées que je n'arrive pas à éteindre, comme une radio mal réglée.
Arrivée devant la boutique de souvenirs de Jeanne, la jeune femme que j'ai croisé il y a quelques jours chez le boulanger, je ralentis le pas. La vitrine est encombrée de bibelots : des boules de neige, des magnets avec des paysages du village, des petits chalets miniatures, des cartes postales. C'est le genre d'endroit où je ne serais jamais entrée adolescente, mais aujourd'hui, je m'y attarde.
Je pousse lentement la porte, créant un cliquetis prévenant mon entrée. Aussitôt, une tête brune sort entre deux étagères, m'offrant un grand sourire.
— Bienvenue chez l'impasse des sorciers ! Adaptée à toute saison, mais surtout à celle de Noël, ma préférée, dit-elle en souriant. N'hésitez pas à me faire signe si vous avez besoin d'un renseignement.
— Merci, c'est gentil, réponds-je timidement.
Elle repart aussi vite qu'elle est arrivée, alors que je laisse mes yeux se promener dans la petite boutique. Dans le fond, de nombreux vêtements sont accrochés, ce qui m'étonne à la suite de ce que j'ai pu voir devant la boutique. Surprenant, mais intéressant. En revanche, je retrouve en effet de nombreux bibelots de noël, prêt à décorer la maison ou offrir en cadeau. Je décide de prendre une carte pour envoyer à ma meilleure amie, Justine, qui a déménagé à Lille depuis trois ans. Nous nous voyons moins ces derniers temps, mais je sais qu'elle sera toujours là pour moi. Toujours.
J'en profite aussi pour acheter de la nouvelle décoration pour le chalet, afin de remplacer les anciennes que nous avons retiré. Sans cela, les étagères sont vides et la pièce est tout de suite plus fade. Je trouve mon bonheur avec quelques bougies, une sculpture en bois et un vase.
Lorsque je passe en caisse, l'arrivée de Jeanne me fait sursauter.
— Je vois que vous avez trouvé votre bonheur ! s'exclame-t-elle tout en scannant mes achats. Vous venez d'arriver en ville, Claire c'est ça ?
— En chair et en os... dis-je d'un air détaché.
— Je suis désolée, c'est simplement qu'on parle beaucoup de votre retour. Je suis ravie de faire votre connaissance.
— Et vous, c'est Jeanne ? je demande.
— En chair et en os ! dit-elle avec un sourire radieux. Vous savez, quand je suis arrivée en ville il y a quelques mois, ça n'a pas été facile. Mon concept n'a pas tout de suite plut aux habitants, mais étrangement, ils m'ont soutenu.
— Quel est votre concept ? je demande curieuse.
— Je change les collections en fonction de mes envies, des saisons, des thèmes du moment, je m'adapte pour mieux me réinventer ! répond-t-elle. J'ai commencé en vendant des vêtements, mais petit à petit, j'ai pris goût à la vente, aux préparations de la boutique, et puis voilà comment je me suis retrouvée à vendre des décorations de noël en hiver et des citrouilles en automne !
— Et pourquoi avoir choisi ce nom ?
— Vous connaissez certainement cette saga avec des sorciers, celle dont il ne faut pas prononcer le nom au risque de se prendre un sort impardonnable en pleine tête ? souffle-t-elle alors que je hoche la tête. Eh bien, je voulais que les gens trouvent cet apaisement, cette zone de calme que j'avais ressenti dans cet univers. Alors les sorciers et moi, c'est comme ça que j'appelle ceux qui me soutiennent dans ce projet, chuchote-t-elle, nous avons décidé de reprendre cette touche de magie dans le nom de la boutique.
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Un noël sous les flocons
عاطفيةClaire, une citadine accomplie, revient dans sa petite ville natale de Winterbrook pour vendre le vieux chalet qu'elle a hérité de sa grand-mère. Bien décidée à ne pas s'attarder, elle retrouve cependant la chaleur du village, ses souvenirs d'enfanc...