Chapitre 8 - Le diner

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La lumière du soir inonde le chalet alors que je pousse la porte, une pile de cartons vides dans les bras. L'air frais s'engouffre à l'intérieur, balayant l'odeur persistante de bois vieilli et de peinture fraîche. Je pose les cartons dans un coin et m'étire, satisfaite des progrès réalisés. Les murs commencent à retrouver leur éclat, les poutres semblent moins fatiguées. Petit à petit, ce lieu reprend vie.

Alors que je m'apprête à allumer la bouilloire pour un café bien mérité, un froissement attire mon attention. Sur la table, une enveloppe repose, légèrement froissée. Mon prénom est inscrit dessus, tracé d'une écriture ronde et appliquée.

Lucas.

Mon coeur accélère.

Ça ne peut être que lui.

Je lui ai laissé un double des clés pour qu'il puisse travailler en mon absence, il a dû la déposer en même temps que ses outils.

Je l'ouvre avec précaution. À l'intérieur, une carte aux couleurs festives m'invite à un dîner local ce soir, dans la grande salle de l'auberge du village. Je fronce les sourcils, surprise. Une tradition, apparemment, pour rassembler les habitants avant Noël.

Je repose la carte sur la table, dubitative. L'idée de me mêler à tout ce monde, d'écouter les bavardages sur les vies que j'ai laissées derrière moi, me donne envie de refuser. Mais en même temps... il y a cette petite voix. Celle qui murmure que rester seule ce soir ne fera qu'amplifier ce vide que je ressens depuis mon arrivée. Et puis, il y aura sûrement Lucas...

Je ne réfléchis pas une seconde de plus, de peur de changer d'avis si je reste dans le chalet. Je referme la porte derrière moi et monte dans ma voiture avec une seule idée en tête : m'amuser.

La grande salle de l'auberge est animée, baignée dans une lueur chaude et dorée. Les guirlandes lumineuses serpentent autour des poutres en bois, et une odeur de vin chaud, de cannelle et de ragoût emplit l'air. Les conversations se mêlent aux éclats de rire, créant une atmosphère presque irréelle.

Je reste un instant sur le seuil, hésitant à entrer. Puis une main se pose doucement sur mon épaule, me faisant frissonner.

— Tu comptes rester plantée là toute la soirée ?

Je me retourne pour voir Lucas, un sourire moqueur sur les lèvres. Il est vêtu d'une chemise sombre et d'un pull en laine qui lui donnent un air encore plus... séduisant.

— J'hésitais, dis-je en haussant légèrement les épaules.

— Allez, viens. Ils ne mordent pas, promet-il en me faisant signe d'entrer.

Il m'accompagne jusqu'à une table où je reconnais quelques visages familiers. Lucas s'assoit à côté de moi alors que je cherche sa fille du regard à travers la pièce, sans la trouver. Peut-être est-elle avec sa mère.

Sa mère...

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps à cette pensée, qui sans savoir pourquoi, me laisse un pincement au cœur, une femme aux cheveux courts, parsemés de mèches argentées, lève les yeux et se fige légèrement avant qu'un sourire éclatant ne traverse son visage.

— Claire ? C'est bien toi ?

Je me sens soudain au centre de l'attention, et tous les regards convergent vers moi.

— Oui, c'est moi, dis-je en souriant timidement.

— Mon Dieu, mais ça fait une éternité ! poursuit-elle, en me scrutant comme pour vérifier que je suis bien réelle.

— Sandrine, c'est ça ? demandé-je, hésitante, en essayant de replacer son visage dans mes souvenirs.

— Oui, Sandrine ! Tu te souviens, on faisait de la chorale ensemble au collège, et ton père nous emmenait parfois pour les répétitions ?

Un noël sous les floconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant