Je descends de la camionnette et ferme la porte d'un geste décidé. Le moteur ronronne encore un instant avant que le silence ne s'impose sur le parking. La mairie se dresse devant moi. Je resserre ma veste et m'avance vers la porte d'entrée. La secrétaire m'indique de patienter dans la salle d'attente austère, comme on pourrait s'y attendre dans un bâtiment administratif. Des chaises en plastique alignées contre les murs, une table basse surchargée de magazines vieux de plusieurs mois et un sapin décoré dans le coin.
Je repasse chaque mot, chaque phrase que je compte dire à Harry. Est-ce que j'ai tout ce qu'il faut pour le confronter ? Ai-je bien anticiper ses réactions, ses excuses, ou pire, ses menaces ? Je chasse cette dernière pensée et fixe un point invisible sur le mur en face de moi. L'horloge au-dessus de la porte semble ralentir à chaque seconde. Le tic-tac résonne dans le silence, tandis que mes doigts tapotent distraitement sur ma cuisse.
Je jette un regard furtif à la secrétaire, tapotant sur son clavier sans même lever les yeux. Je m'efforce de respirer profondément. Mes pensées s'égarent vers Claire. Ce que je fais ici, c'est pour elle. Pour qu'elle puisse se sentir en sécurité, pour qu'elle puisse enfin tourner la page sur ce passé qui la hante encore. Une vague de détermination me traverse. Quoi qu'il arrive, je ne reculerai pas.
Je suis sorti de mes pensées par la voix féminine qui m'indique que je peux rejoindre le bureau du maire. Mon cœur se fait lourd dans ma poitrine alors que j'avance à travers le couloir. Mon poing frappe trois coups secs. Pas d'hésitation. Pas de recul. Je suis venu ici pour une raison, et je ne partirai pas tant qu'il ne m'aura pas écouté.
La porte s'ouvre, et Harry apparaît. Il me fixe un instant, ajustant sa cravate, visiblement surpris de me voir là.
— Lucas ? Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? demande-t-il en souriant pour cacher son jeu.
Je sais qui il est vraiment, son sourire ne me fera pas croire qu'il est une personne bien. Je ne perds pas de temps avec des banalités.
— Il faut qu'on parle, Harry. Maintenant.
— J'imagine bien que tu n'es pas ici pour une visite du bureau, dit-il sarcastiquement, ce qui a le don de m'agacer.
Il hésite, puis s'écarte pour me laisser entrer. La tension dans l'air est palpable. Je pénètre dans son bureau, une pièce encombrée et un peu chaotique, mais je ne m'attarde pas sur les détails. Mon regard reste fixé sur lui.
— Écoute, si c'est à propos du chalet ou des travaux, on peut régler ça plus tard, dit-il en refermant la porte derrière lui, j'ai beaucoup de choses à faire.
Je me tourne vers lui, mes bras croisés sur ma poitrine.
— Non, ce n'est pas à propos du chalet, dis-je sévèrement. C'est à propos de Claire.
Il se fige, mais ne laisse pas transparaître d'émotions.
— Claire ? Qu'est-ce que j'ai à voir avec elle ? demande-t-il en riant à nouveau.
Je m'avance de quelques pas, réduisant la distance entre nous.
— Je sais ce que tu lui as fait, Harry. Je sais comment tu l'as laissée tomber, comment tu l'as trahie à l'époque. Et maintenant, je sais que tu continues à essayer de lui pourrir la vie, dis-je d'une voix grave.
— Je ne sais pas de quoi tu parles, dit-il en arquant un sourcil. Claire est partie et est revenue ici de son propre chef. Si elle a des problèmes, ce n'est certainement pas de ma faute, répond-il d'une voix calme, mais je ne me laisse pas berner.
— Arrête, Harry. Tu crois que je ne vois pas clair dans ton petit jeu ? Les lumières allumées au chalet, le bruit dans le garage, les traces de pas au sol... Ce n'est pas une coïncidence. Tu veux qu'elle parte, qu'elle se sente en insécurité. Mais ça ne marchera pas. Je suis là, et je vais m'assurer qu'elle n'a rien à craindre de toi.
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Un noël sous les flocons
RomanceClaire, une citadine accomplie, revient dans sa petite ville natale de Winterbrook pour vendre le vieux chalet qu'elle a hérité de sa grand-mère. Bien décidée à ne pas s'attarder, elle retrouve cependant la chaleur du village, ses souvenirs d'enfanc...