Le soleil tente de percer à travers les rideaux épais de ma chambre, mais je n'ai pas dormi. Chaque ombre projetée sur les murs semble danser avec mes pensées, chacune aussi angoissante que la précédente. Mes yeux brûlent de fatigue, mais mon esprit refuse de se reposer.
Je fixe l'écran de mon téléphone, la conversation toujours ouverte :
« Tu es sublime dans cette tenue »
« Je serais presque tenté d'être jaloux »
Un numéro inconnu. Pas de signature. Rien. Mais je sais. Je sais qui c'est.
Harry.
Ce n'est pas la première fois que mon passé tente de me rattraper, mais ce message... il est différent. Direct. Inquiétant. Qu'est-ce qu'il veut ? Pourquoi maintenant ? Est-ce une menace ? Et comment a-t-il eu mon numéro ? Je passe mes doigts dans mes cheveux en désordre, essayant de calmer les pensées qui tournent dans ma tête. Ce message pourrait venir de n'importe qui, mais mon instinct me dit que c'est lui. Qui d'autre pourrait écrire ça ? Je me lève maladroitement, titubant jusqu'à la fenêtre. L'air froid matinal embrume les carreaux. Je n'ose pas sortir. Chaque craquement, chaque coup de vent me met sur le qui-vive. Je devrais me concentrer, finir la rénovation du chalet, préparer Noël, tout ce que j'avais prévu... Mais comment le faire alors que ces messages tournent en boucle dans ma tête ?
Un frisson glacé descend le long de ma colonne vertébrale. Est-ce qu'il m'observe ?
Je secoue la tête violemment. Arrête. Arrête de te torturer.
Mais c'est impossible.
La matinée avance, et je n'ai rien fait. Pas un carton trié, pas une pièce vidée ou rangée, rien. Rien ne bouge, rien n'avance. Je suis restée là, immobile, un mug de café froid entre les mains, fixant les murs du chalet sans vraiment les voir.
Puis, un bruit lointain brise le silence. Un moteur. Le ronronnement d'un véhicule qui approche. Mon cœur rate un battement, puis s'emballe. Je me redresse, laissant le mug à moitié vide sur la table. Je cours presque jusqu'à la fenêtre de ma chambre, écartant légèrement le rideau. Mon regard se pose sur la camionnette de Lucas, garée dans l'allée. Un mélange de soulagement et de panique m'envahit. Il en descend avec son aisance habituelle, ses bras chargés d'outils. Je recule doucement de la fenêtre, laissant le rideau retomber. Je ne peux pas lui parler aujourd'hui. Je ne peux pas me montrer devant lui, avec mes cernes marquées et mes pensées en désordre.
Quand il frappe à la porte, je me force à descendre et lui ouvrir la porte. Je croise son regard et, immédiatement, je détourne les yeux.
— Salut Claire, commence-t-il, tout va bien ? demande-t-il doucement, tu es partie rapidement hier soir.
Hier soir...
Je me suis à nouveau enfuie.
— Je ne me sens pas très bien, Lucas, dis-je en évitant son regard. Est-ce qu'on peut décaler ?
Il fronce les sourcils, clairement inquiet, mais il ne pose pas de questions pour autant.
— Sinon, je peux travailler un peu dans le garage si tu veux. Ça m'occupera, et ça avancera les choses, annonce-t-il avec enthousiasme.
J'hésite un moment, pas certaine que ce soit une bonne idée. Cependant, s'il reste, je serais rassurée... Sa présence me permettra d'être certaine que Harry reste loin de moi. Enfin, je crois.
— Oui... dis-je doucement, d'accord. Merci.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre ou d'insister. La présence de Lucas est rassurante, mais je me sens trop vulnérable pour être avec lui en ce moment, alors je le laisse entrer puis je me détourne rapidement, murmurant quelque chose d'incompréhensible à propos de devoir retourner travailler, et je me dirige vers ma chambre.
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Un noël sous les flocons
RomanceClaire, une citadine accomplie, revient dans sa petite ville natale de Winterbrook pour vendre le vieux chalet qu'elle a hérité de sa grand-mère. Bien décidée à ne pas s'attarder, elle retrouve cependant la chaleur du village, ses souvenirs d'enfanc...