Un noël sous les flocons

Chapitre 14 - L'invitation

La journée était comme les autres depuis mon arrivée à Winterbrook, froide et ennuyante. Un ciel gris, lourd de nuages menaçant, dominait l'horizon. Lucas et Lila étaient partis dans la matinée alors que le soleil venait de se lever et que la tempête s'était calmée.

Le silence de la maison n'était jamais totalement paisible, il y avait toujours ce fond de bruit de fond, un souffle de vent, des branches qui grattent, des planches qui craquent sous le poids de la neige accumulée.

J'avais passé une bonne partie de la matinée à trier les derniers cartons qui traînaient encore, poussant ça et là quelques piles de vêtements et de souvenirs pour les entasser dans les placards ou les ranger dans des boîtes. Au fond, j'étais encore en train de faire le tri, non seulement dans les affaires de ma grand-mère, mais aussi dans mes propres pensées. Les murs blancs du salon, qui étaient chargés de meubles anciens et d'objets éparpillés lors de mon arrivée, étaient devenus progressivement un peu plus accueillants. Petit à petit, le chaos avait cédé la place à l'ordre, et un sentiment d'appartenance s'était glissé sous ma peau. Rien de particulièrement confortable, mais je me sentais plus... chez moi.

Je jette un coup d'œil autour de moi. Le salon est presque impeccable maintenant, ou du moins assez rangé pour que je puisse en profiter. L'odeur de poussière, que j'avais trouvée si envahissante les premiers jours, a disparu. Il y a maintenant un parfum plus doux, un mélange de bois et de cire, qui me rappelle mon appartement parisien. Mon regard se posa sur la cheminée éteinte. J'ai toujours rêvé d'avoir un petit coin à moi, pour lire près du feu, c'est si réconfortant et apaisant. Je sais déjà que c'est ce qui me manquera le plus lorsque je partirais... Hormis...

Non !

Je ne dois pas m'égarer !

Le son du vent qui hurle dans les arbres me tire de mes pensées. Un frisson parcourt ma colonne, et je me rends compte que je suis bien plus seule ici que je ne veux l'admettre. Je soupire en me dirigeant vers la fenêtre, contemplant le paysage qui s'étendait devant moi. Les montagnes, majestueuses et inaccessibles, semblent infinies.

Soudain, un bruit retentit à l'arrière de la maison, mais il ne provient pas de l'extérieur... il est bien trop clair, trop audible. Je me tourne lentement, remarquant à travers la porte entrouverte que la lumière du garage est allumée. Je suis pourtant certaine de l'avoir éteinte ce matin !

Mes pas font craquer le parquet à chacun de mes pas alors que l'écho de mes respirations s'intensifie, mes poumons se serrant dans ma poitrine. Le silence est lourd, presque étouffant, et mes battements de cœur résonnent dans mes oreilles, comme un bruit sourd et irrégulier. Je me sens observée, mais il n'y a rien. Rien, sauf les objets familiers laissés à l'abandon.

Les étagères débordent de boîtes mal rangées, de vieux outils, de pots de peinture entamés, de matériaux poussiéreux. Je fronce les sourcils en scrutant la pièce alors qu'un sentiment d'inconfort s'installe en moi.

Je m'avance lentement, mes mains serrant le bas de mon pull, le froid m'envahissant peu à peu. Mon regard se pose sur la vieille bicyclette de ma grand-mère, accrochée à un crochet, et je me souviens de l'avoir vue me faire signe de la réparer quand j'étais plus jeune. Puis mes yeux glissent sur les outils, les vis, les clés anglaises qui sont toutes en ordre, rangées comme si elles n'avaient pas bougé depuis des années. Une petite partie de moi aimerait tout remettre en ordre, tout ranger, mais un nouveau frisson parcourt mon corps. Je m'approche d'un tas de vieux tissus sur une étagère, et mes doigts effleurent une couverture de laine. La texture me rappelle grand-mère... Mais tout à coup, un bruit sourd me fait sursauter. Mon cœur s'emballe, mes jambes flageolent, et je suis incapable de bouger pendant quelques secondes. Mes yeux scrutent la pièce, cherchant une explication. Un bruit de métal qui se cogne contre le béton. Je regarde par terre. Rien. Le vent qui souffle dehors ? Peut-être. Mais cela me semble plus que ça.