Chapitre 15 - Sous les étoiles

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La fête de Noël est en pleine effervescence, et je n'arrive pas à croire que je me retrouve ici. Les décorations illuminent la rue, les guirlandes clignotent autour des maisons, et les chants de Noël s'élèvent dans l'air froid de Winterbrook. Chaque détail, chaque odeur me rappelle à quel point je suis loin de Paris, et pourtant... je suis là, et je me sens bien.

Jeanne m'attend à l'entrée de la fête, un sourire chaleureux sur son visage. Elle m'attrape par le bras avec douceur, me guidant à travers les allées.

— Tu vois, ce n'est pas si mal ici, n'est-ce pas ? dit-elle en me lançant un regard.

Je hoche la tête, forcée de reconnaître que la fête a une certaine magie, mais quelque part, un mur invisible m'empêche de m'amuser complètement. Tout ici est trop nouveau pour moi.

Je me sens comme une étrangère.

Les conversations se mêlent autour de nous, des rires et des éclats de voix s'élèvent entre les allées du marché de Noël menant au grand parc qui attend les habitants pour la fête. Après quelques minutes de marche, nous nous retrouvons seules, éloignées de la foule. Jeanne prend un verre de vin et me le tend, son regard insistant, scrutant mon visage.

— Alors, que se passe-t-il ? demande-t-elle de sa voix douce.

Je soupire, baissant les yeux sur mon verre sans y toucher. Je sais que c'est moi qui lui ai demandé de venir, mais je n'ai pas de réponse toute faite. Winterbrook est un souvenir encore trop lourd pour moi. Lucas, la ville, tout cela semble trop rapide, trop intense. Et moi, je suis coincée dans un dilemme.

— Je ne sais pas, murmuré-je, mon regard fuyant. Un avenir à Paris m'attend. Une opportunité de carrière, mais... je ne sais pas, dis-je dans un souffle.

Jeanne ne semble pas surprise. Elle se contente de me regarder, son regard bienveillant. Elle ne dit rien pendant un instant, mais la question flotte dans l'air.

— Et qu'est-ce que tu veux vraiment ? finit-elle par demander.

Je secoue la tête, incapable de répondre. Une partie de moi veux m'accrocher à cette vie à Paris, reprendre le fil de ce que j'avais avant d'arriver ici. Mais une autre part de moi... est complètement perdue et le fait de ne pas comprendre pourquoi me rends complètement folle !

— Tu sais, ce n'est pas toujours une question de carrière, Claire, continue Jeanne, son ton plus doux. C'est une question de paix, d'avoir la possibilité de respirer sans que l'anxiété ne te ronge. Ce n'est pas le grand luxe ici, les grandes marques, la rapidité, les lumières, mais c'est un luxe que beaucoup d'entre nous recherchent...

Je la fixe un instant, ne comprenant pas vraiment de quel luxe elle parle. L'idée de renoncer à l'anxiété de la ville, de l'adrénaline constante et des deadlines incessantes me tente bien évidemment, mais en même temps, je n'arrive pas à oublier ce que j'ai investi là-bas. Mon rêve. Mon ambition.

— C'est compliqué, dis-je enfin, ma voix tremblante. Il y a des choses ici, à Winterbrook, des choses qui m'ont fait souffrir. Je... Je ne sais pas comment faire face à tout ça.

Je sens mon coeur s'alourdir lorsque ces mots sortent entre mes lèvres... des images de ce que j'ai vécu me reviennent et je ne vois pas comment je pourrais envisager de revivre un jour ici... c'est impossible. De toute manière, ma vie est à Paris. Ici... je n'ai rien.

Jeanne me regarde avec bienveillance. Elle ne pose pas de question. Elle sait sûrement que parfois, il vaut mieux laisser l'autre parler quand elle en ressent le besoin. Elle repose son verre sur la table et croise ses mains.

— Parfois, affronter les choses est le seul moyen de les dépasser, murmure-t-elle doucement. Ce qui t'a fait souffrir ici, Claire, c'est peut-être ce qui peut aussi te guérir. Mais ça, seule toi peux le savoir.

Un noël sous les floconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant