Chapitre 9 - Nouveau pas

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Le silence règne dans le chalet ce matin-là, seulement troublé par le grincement des vieilles planches sous mes pas. J'essaie de me concentrer sur le tri des cartons dans le salon, mais mon esprit vagabonde. La soirée d'hier me hante encore, tout comme la conversation que j'ai eu avec Lucas. J'ai pris ma décision : mettre des distances.

C'est mieux comme ça.

Je pousse un soupir en regardant les murs fatigués du chalet. Tellement de choses à réparer, à changer, à restaurer. Un coup frappé à la porte me sort brusquement de mes pensées.

Lucas.

Il se tient devant la porte, une boîte à outils dans une main, deux cafés dans l'autre et un sourire léger sur le visage.

— Prête pour une journée de travaux ? demande-t-il.

— J'ai déjà commencé, dis-je sèchement en désignant les cartons éparpillés autour de moi.

Il arque un sourcil, visiblement amusé.

— Claire, ces cartons datent probablement d'avant ma naissance, dit-il en riant. Je parlais de travaux, les vrais.

Je croise les bras, hésitante. Il est évident qu'il ne compte pas changer de pièce sans moi.

— D'accord, dis-je finalement. Comment est-ce que je peux t'aider ?

Lucas me jette un regard satisfait, son sourire légèrement moqueur. Il pose sa boîte à outils sur la table et ouvre un carnet de notes où il a griffonné des plans.

— Bon, voici le plan, dit-il, son ton prenant une voix légèrement professionnelle. Il faut vider les meubles des chambres, poncer les murs et changer la peinture. La salle principale a besoin d'un bon coup de frais aussi.

Il pointe une pièce sur son croquis, que je reconnais comme étant l'ancienne chambre d'amis.

— On attaque là ? demandé-je, en essayant de cacher mon appréhension.

— Exactement, dit-il en hochant la tête. Si on la finit rapidement, ça nous donnera une bonne idée du temps que ça prendra pour le reste.

Quelques minutes plus tard, nous voilà dans la chambre d'amis. La pièce, autrefois charmante, est maintenant envahie par la poussière et encombrée de vieux cartons, de cadres photo jaunis et d'un lit bancal.

— C'est... chaleureux, dis-je, sarcastique.

— Tu veux dire abandonné, répond-il en riant. Allez, on commence par vider tout ça.

Il attrape un carton rempli de vieilles couvertures, et je m'attaque à une pile de livres posée dans un coin. Les premières minutes se passent dans le silence, rythmé par le bruit des objets qu'on déplace et le craquement des planches sous nos pieds.

— Ces livres datent du siècle dernier, plaisante-t-il en feuilletant un roman aux pages effritées.

Je ris malgré moi. Il a un don pour rendre les choses moins lourdes, même quand elles le sont. Ou peut-être n'y a-t-il que moi qui suis gênée par sa présence... par une ambiguité que j'ai moi-même inventée.

Alors que nous transportons un vieux bureau vers le couloir, étant perdue dans mes pensée, je perds mon équilibre, le meuble glissant légèrement de mes mains.

— Attention ! s'exclame Lucas en venant à ma rescousse.

Ses mains viennent soutenir le poids du meuble, mais dans le mouvement, nos doigts se frôlent à nouveau. Cette fois, le contact dure une seconde de trop. Je relève les yeux vers lui, et je vois quelque chose dans son regard : de la douceur.

Un noël sous les floconsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant