Trahison

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Les semaines s'étaient écoulées depuis l'arrivée des explorateurs sur l'île, et la tension dans le camp de William ne cessait de croître. Tandis qu'Eleanor et Raiatea se rapprochaient chaque jour, consommaient leur amour et solidifiaient leur lien, l'ombre d'une menace bien plus grande se profilait à l'horizon. Ce qui avait commencé comme une exploration scientifique et culturelle était désormais devenu une quête de pouvoir, de richesses et de contrôle. Alors que les habitants de l'île croyaient en leur paix retrouvée, une menace silencieuse et impitoyable s'était doucement tissée dans l'ombre.

William, rongé par une jalousie dévorante envers Raiatea et son influence sur Eleanor, avait décidé que l'île et ses habitants ne pouvaient être laissés en paix. Il rassemblait en secret une armée de mercenaires, des hommes impitoyables prêts à tout pour servir ses intérêts. Il leur avait promis un gain considérable : les trésors cachés, les ressources naturelles et la domination totale sur le peuple indigène. Il avait envoyé des navires pour amener des armes modernes, des fusils, des munitions et même des explosifs. Le plan était simple et macabre : anéantir les habitants du village, tuer les hommes et les femmes, mettre le feu à leur monde ancien et réduire à néant leur culture.

Convaincu qu'il devait écraser le peuple indigène pour asseoir la domination de la civilisation occidentale sur ces terres vierges. Il savait que la beauté de l'île et de ses traditions pouvait rapporter une fortune si elle était correctement exploitée et que les peuples natifs n'étaient rien d'autre que des obstacles à son projet.

Des armes, des fusils, des bombes et des ressources militaires avaient été envoyés en cachette, dissimulés sous des caisses d'outils et de provisions, afin que personne ne remarque la véritable nature de la cargaison. Ces hommes blancs venus par la mer ne s'étaient pas fait repérer par les sentinelles locales, leurs navires étant bien dissimulés au large, et leur arrivée silencieuse ne laissait aucun signe.

Ses hommes étaient prêts, et le moment qu'il attendait était enfin arrivé.

Une nuit, alors que la brise chaude soufflait sur le village, William donna l'ordre de lancer l'attaque. Le moment était idéal. Le village était plongé dans un sommeil paisible, l'odeur de la nourriture qui avait envahi l'air quelques heures auparavant s'était dissipée, et la lueur douce des étoiles ne laissait transparaître que la sérénité apparente de ce monde idyllique.

Mais à l'intérieur du camp des explorateurs, tout était calculé. William, avec ses mercenaires, se faufila silencieusement dans le village. Armés jusqu'aux dents, ils pénétrèrent dans le cœur du village sans que quiconque ne se doute de ce qui allait arriver. Les femmes, les enfants, les vieillards — ils allaient tous être massacrés. Les hommes étaient les premières cibles. Ce n'était pas seulement une attaque contre des guerriers : c'était une volonté de briser toute résistance et de tout détruire, d'anéantir l'essence même de ce peuple.

Les coups de feu éclatèrent, brisant la tranquillité nocturne. Les cris des innocents se mêlèrent aux détonations violentes. Des hommes armés de fusils abattaient sans distinction tout être vivant qu'ils rencontraient. Les femmes qui tentaient de s'échapper étaient capturées, brutalement violées et forcées à se soumettre aux vices des hommes, leurs vies réduites à néant sous les ordres d'un seul homme, William.

Le village fut mis à feu et à sang. Les cases en bois, les nattes tressées, les objets sacrés — tout fut détruit, comme si la mer elle-même engloutissait l'île dans une tempête de feu et de sang. Les cris résonnaient dans la nuit, et les flammes dévoraient tout sur leur passage.

Pendant ce temps, Raiatea, qui avait veillé sur la sécurité du village la veille au soir, se réveilla en entendant les premiers coups de feu. Il se précipita dehors, son cœur battant à tout rompre. Il vit la fumée noire qui s'élevait dans le ciel. L'incompréhension se transforma vite en horreur alors qu'il courait à travers la forêt, le sol tremblant sous les pas des mercenaires.

« Non, non, ce n'est pas possible... »

C'était une invasion. Il rassembla ses hommes, ceux qui étaient prêts à combattre. Ils saisirent leurs armes traditionnelles et se précipitèrent vers le village, bien que désavantagés par la technologie de leurs ennemis. Les batailles furent sanglantes et cruelles. Des guerriers, dénués d'armement moderne, se lancèrent avec ferveur contre les mercenaires, mais ils étaient surclassés par la puissance de feu des fusils.

D'autres femmes se défendirent aussi, armées de leurs couteaux et d'objets en pierre, se battant pour protéger leurs enfants et leurs sœurs , mais leur résistance ne suffisait pas face à la violence des envahisseurs. Le village, autrefois un havre de paix et de traditions, était méconnaissable. Les huttes étaient incendiées, les corps jonchaient le sol, des cris de douleur se mêlaient au bruit des balles. La terre autrefois sacrée était maintenant tachée de sang. La bataille faisait rage, et Raiatea, à la tête de ses hommes, se battait comme un lion pour protéger ce qui lui appartenait. Mais même lui ne pouvait tout arrêter.

En voyant des membres de sa famille et des amis tomber sous les balles, une rage incontrôlable monta en lui. Cependant ne voulant pas perdre plus de guerriers il intima l'ordre de se retirer vers le cœur de la forêt dans les grottes sacrées où ils pourraient avoir refuge.

De son côté, Eleanor, encore dans son sommeil, fut réveillée par le vacarme des tirs. Le sol tremblait sous elle alors qu'elle se précipitait dehors, son cœur serré de peur. En voyant les flammes, elle comprit immédiatement ce qui se passait. Elle courut à l'extérieur, cherchant désespérément Raiatea. Mais la scène qui se déroulait devant elle la paralysa. Elle aperçut Raiatea au loin, combattant courageusement, son corps imprégné de la fureur du moment.

Elle se figea en voyant les hommes blancs s'emparer du village, leur violence défigurant la beauté de l'endroit qu'elle aimait tant. Dans un élan désespéré, elle courut vers les flammes, mais fut arrêtée par un des mercenaires, la forçant à se cacher. Elle voulait intervenir, mais elle savait que son aide ne ferait que les mettre en danger.

« Comment ont-ils pu faire ça... »

Au cœur de ce chaos, un sentiment de trahison profonde envahit son esprit. Elle était ici pour découvrir un peuple, pour comprendre une culture... et voici ce qu'elle découvrait à la place : la brutalité, la destruction, la cruauté. Elle n'arrivait pas à comprendre comment tout cela pouvait être possible. William, l'homme qu'elle pensait connaître, celui qui lui avait montré la beauté de l'île, était en réalité le destructeur de tout ce qu'elle aimait.

Alors qu'il s'apprêtait à battre en retraite Raiatea chercha désespérément sa bien aimée , Il se précipita vers sa propre case, où il savait qu'Eleanor dormait depuis quelques jours . Mais lorsqu'il arriva, il ne trouva que des débris calcinés. La case avait été détruite dans les flammes. Dans son esprit, une seule pensée s'imposa : elle avait disparu.

Le cœur de Raiatea se serra. Il savait que William, dans son esprit de conquête et de jalousie, n'aurait pas hésité à la prendre pour satisfaire son désir de la posséder. Il se précipita hors des ruines, cherchant son père dans chaque recoin du village, lorsqu'il l'aperçu allongé au loin prêt d'une de ses concubines il comprit qu'il était parti rejoindre ses ancêtres. Le soleil se levait à peine, mais les ombres de l'horreur planaient déjà sur son esprit. Il savait que la guerre n'était pas seulement contre des étrangers ; c'était contre son âme.

Il essayait de rassurer les survivants en les guidant vers les grottes pour qu'ils aient un abri sûr pour les jours à venir. Mais malgré ses efforts, malgré la résistance de ceux qui étaient encore en vie, la situation était désastreuse. Les maisons étaient détruites, les souvenirs, les objets sacrés avaient été volés, la majorité des hommes étaient soit tués, soit blessés gravement. Les pleurs des femmes résonnaient autour de lui, et le bruit de la bataille avait laissé place à un silence funeste.

Dans ce chaos, il ne pouvait s'empêcher de penser à Eleanor, à leur lien, à la promesse de toujours se retrouver. La douleur de son absence était plus aiguë que toutes les blessures physiques qu'il avait reçues. Il fallait qu'il la retrouve, coûte que coûte.

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