La complainte de la Vouivre (Snarry)

Chapitre 39 - Bâillon et punition

Haletants, débraillés et confus, les garçons courent jusqu'à la première salle qu'ils croisent et s'y réfugient alors qu'autour d'eux, les murs vibrent et déversent dans les couloirs gravats et poussière. Il ne faut pas loin de deux minutes entières avant que le monde ne cesse de les menacer. Deux minutes, qu'ils passent blottis l'un contre l'autre, cachés sous une large table en bois renforcée d'un sort commun.

— C'était quoi, ça ? demande Harry, tremblant, quand les vibrations cessent aussi soudainement qu'elles ont commencé.

Drago hausse une épaule sans un regard vers lui, son attention focalisée sur l'ouverture que le séisme a pratiquée dans le mur à leur gauche.

— Un tremblement de terre ? propose-t-il quand même, incertain.

Harry fronce les sourcils. Il se glisse de sous la table, époussette ses vêtements quand il se remet debout et interroge :

— C'est courant dans la région ?

Drago secoue la tête. En presque dix-neuf ans, il n'a pas souvenir que ce soit arrivé une seule fois.

— Alors...

Harry prend une longue inspiration. Les yeux fermés, il remet de l'ordre dans ses idées.

— Tu crois qu'il était... jaloux ?

Après tout, même si c'était son plan, peut-être que leur ravisseur s'est rendu compte que voir les deux garçons ensemble n'était pas du tout aussi satisfaisant que prévu.

— Je sais pas, c'était jamais arrivé.

En même temps, jamais ils n'ont été si près de s'envoyer en l'air.
Harry tend une main à Drago et l'aide à se remettre debout à son tour. Ensemble, ils s'approchent du trou dans le mur et grimacent en découvrant qu'il donne sur les ténèbres. Juste un trou noir. L'absence de toute chose. Le néant.

— On dirait que ça s'est calmé et... oui, ça a l'air praticable, l'informe Drago en jetant un coup d'œil par la porte.

Harry approuve d'un hochement de tête en s'écartant du vide inquiétant et tous deux se risquent en dehors de la pièce. Les couloirs sont remplis de gravats, nombre de murs se sont effondrés et une poussière épaisse flotte dans l'air. La plupart des trous dans les murs causés par l'éboulement donnent sur d'autres pièces des sous-terrains, mais, après dix minutes de marche, les garçons se retrouvent face à une pièce inconnue. Une chambre luxueuse au centre de laquelle trône un gigantesque lit à baldaquin. Tout autour du lit se trouvent diverses installations bien mystérieuses aux yeux d'Harry. Une sorte de table ronde avec quatre boucles de métal, un tréteau capitonné, un fauteuil aux accoudoirs hauts et larges. Ce n'est que quand son regard se pose sur des bracelets de cuir pendants du plafond que Harry comprend où ils sont tombés.

— Un don...

— Ne le dis pas ! le coupe Drago en le bâillonnant. Ne le dis pas...

Harry attrape les poignets de son acolyte et retire ses mains de sa bouche. Il l'interroge d'un sourcil levé et Drago, déjà bien trop pale, rosit, par-dessus le marché.

— Je t'ai parlé des pièces cachées. Elles sont liées entre elles, je suppose qu'il s'est passé un truc qui a fait qu'elles se sont mélangées, ou un truc comme ça...

— OK, fait Harry sans relâcher ses poignets. Mais je ne comprends pas pourquoi tu...

— Je ne connaissais pas l'existence de cette pièce, geint Drago. Je n'étais pas censé la connaître. Je n'avais pas envie de la connaître...

— Je ne...

— Potter, par Merlin ! Je dois te rappeler qui habitait ici ? Dans ce manoir, avec moi ?