POV CLARA :
Il est 20 heures, et mes poings frappent encore le sac de frappe avec une rage sourde. Le cuir me brûle les jointures, mais je continue. Encore et encore. Comme si je pouvais extérioriser toute la douleur, la colère, la solitude. Chaque coup me vide et me détruit à la fois.
Renaud est là, comme toujours. Il reste souvent tard ces temps-ci. Il ne le dit pas, mais je sais qu'il s'inquiète. Sa femme et ses enfants doivent comprendre. Il sait que je suis à bout. Il le sent. Plus qu'un entraîneur, il est devenu une figure paternelle, celle que je n'ai jamais eue.
Le combat approche à grands pas. Une semaine à peine. Et pourtant, rien n'est sûr. Mon connard de père rôde encore. Je ne sais même pas si la police m'autorisera à monter sur le ring. Le pire, c'est que je m'en fous presque.
Je jette un coup d'œil vers mon téléphone à clapet posé sur le banc. Un simple message à Agathe : "Tout va bien ?" Voilà ce que j'ai osé lui écrire. Vide. Froid. Distant.
Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre ? "Tu me manques à en crever" ? Non. Parce que si j'écris ça, je m'effondre. Je ne peux pas craquer. Pas encore.
Un coup plus violent frappe le sac, le faisant osciller. Je m'arrête enfin, haletante, le souffle court.
Bon, morveuse, ça suffit pour aujourd'hui.
La voix grave de Renaud résonne dans la salle vide. Je me tourne vers lui, épuisée.
Va te doucher, mange un truc correct et dors. Et mange bien, sinon tu vas pas tenir jusqu'au combat.
Je secoue la tête, essuyant la sueur qui perle sur mon front.
À quoi bon ? Je suis même pas sûre d'avoir le droit de me battre.
Renaud s'approche de moi, son regard s'assombrissant. Sa mâchoire se serre, et je sais qu'il retient sa colère. Mais elle n'est pas dirigée contre moi.
Tu pourras, morveuse. Je te le promets. Je me bats pour ça aussi. Tu vas monter sur ce ring et tu vas te battre pour ce titre. Pour toi. Pour tout ce que tu as enduré.
Ses mots résonnent dans la salle vide. Ils me touchent plus que je ne veux l'admettre. Je m'approche de lui et sans réfléchir, je me laisse tomber contre son torse.
J'en ai marre, Tonton. C'est trop dur...
Il m'entoure de ses bras puissants, posant son menton sur ma tête.
Je sais, gamine. Mais t'es une battante. Tu tiens pour toi, pour ceux qui t'aiment, et pour ceux qui croient en toi. Tu n'es pas seule.
Je ferme les yeux, inspirant profondément. Mais au fond de moi, je me sens seule. Tellement seule.
Agathe, Son prénom s'impose à mon esprit. Toujours elle. Elle hante mes pensées. Je m'accroche à Renaud un instant de plus, puis je me redresse.
Merci, Tonton.
Il me tape affectueusement derrière la tête, un sourire tendre aux lèvres.
Allez, file. Et mange quelque chose de consistant, compris ?
Je hoche la tête avant de me diriger vers les vestiaires.
La douche chaude coule sur mon corps épuisé, glissant sur mes muscles endoloris. L'eau ruisselle sur ma cuisse gauche, longeant la large cicatrice de brûlure. Je pose ma main dessus, la caressant du bout des doigts. Elle est là, incrustée dans ma peau, souvenir éternel de mon père.
Agathe l'a vue. Elle l'a touchée, un soir, sans poser de questions. Juste avec cette tendresse infinie dans ses gestes. Elle a déposé un baiser dessus, comme pour effacer la douleur. Rien que ce souvenir me serre la gorge.
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De la haine à l'amour il n'y a qu'un pas...
Storie d'amoreClara est une boxeuse professionnelle de 19 ans qui a côté de cela fait des étude de commerce, elle a eu une enfance traumatisante et ne peut être touché que par ses proches les plus proches à cause d'un bloquage. Agathe est une étudiante en premiè...