Chapitre 1 - Chaos

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« S'il te plait, pour une fois, essayes de ne pas te ridiculiser. »

Pourquoi est-ce que ces mots se répètent sans cesse dans ma tête? Pensais-je qu'en me rabâchant cette phrase continuellement j'allais enfin m'éviter les conséquences de ma maladresse légendaire?

Je savais très bien que rien n'allait se passer comme prévu, donc à quoi bon?

Je prends une grosse respiration et mon coeur s'emballe progressivement alors que dans mes mains tremblantes se trouvaient mes fiches de révisions. Fiches dont je n'avais évidemment pas besoin puisque je connaissais mon projet sur le bout des doigts.

Pensant enfin être capable de me démarquer et d'attirer l'attention par autre chose que mon physique je me laisse à penser que quelqu'un finira peut-être par me remarquer.

J'essaye alors de feindre un air sûr, une posture affirmée et une expression confiante. Oui, il serait temps que quelqu'un me remarque.

Vous savez cette fausse idée que les gens se font quant aux préférences masculines selon laquelle les hommes seraient attirés par les belles filles stupides? Et bien figurez vous que cela n'est que cliché, car ce qui leur plait vraiment sont les demoiselles intelligentes et entreprenantes. Et il y'en avait des filles comme cela dans ce lycée.

D'ailleurs je me tenais debout face à elles et tant d'autres dans cette salle remplis qui ne m'avait jamais paru aussi gigantesque. Je me répète tout ce que je voulais dire, mais dans ma tête, les phrases s'emmêlent et mon coeur se met alors à battre la chamade. Je commence à trembler quand soudain un horrible mal de ventre vint s'ajouter à l'équation.

Ce n'était pas un stress de lycéenne timide qui cherchait la pitié, non. J'en avais déjà eu auparavant, mais jamais comme cela. Pourquoi ca devait arriver maintenant?

Les regards de tous les élèves qui étaient posés sur moi, comme si je n'étais qu'un simple rat de laboratoire sur lequel ils pratiquaient des opérations multiples afin d'observer ma réaction et en déduire une vérité scientifique.

Je pouvais entendre leurs jugements, les rires, les voix dans ma tête, et la voilà de retour, la crise d'angoisse.

Je reste debout la bouche ouverte, mais pas un semblant de son ne semble sortir. Ce n'était pas la pire partie non. Ce qui m'enterrai encore plus sous terre, c'étaient les remarques et les blagues de Mr.Monreau alors que je me tenais debout suffoquant. Il faut ce le dire, c'était le genre qui aimait humilier.

Je repense alors à toutes les heures durant lesquelles j'avais travaillé sur ce devoir, un projet que j'avais bien évidemment dû faire toute seule puisque tout le monde s'était déjà regroupé pour faire les leurs. Oui, j'y repense et je me dis que tout mon travail n'aura servis à rien.

Mais dans tout ce chaos la seule chose qui me faisait réellement souffrir, c'était croiser le regard de Noa. Ce regard habituellement rassurant qui arrivait à me calmer en un rien de temps. Mais pas cette fois-ci, plus je le regardais, plus les larmes me montaient aux yeux.

J'imagine que c'est ce qui arrive lorsqu'on reste dans le même lycée que son ancien meilleur ami.

Une fois que le cauchemars avait commencé, il était impossible de l'arrêter. Je prends mon sac rapidement et fonce hors de la classe en évitant les regards et me réfugie dans l'infirmerie.

Je ne fais pas attention aux rires des autres, j'étais trop habituée.

Je me retrouvais alors là où rien ne pouvait m'atteindre, auprès de Mlle Swan. C'était elle qui s'occupait de l'infirmerie, elle était très gentille, beaucoup trop gentille!

Douce, au sourire bienveillant et au coeur tellement généreux, il était difficile de ne pas se sentir à l'aise avec elle. De plus, elle était vraiment d'une beauté indescriptible.

Lorsque j'étais rentrée dans la salle, essouflée, presque en larmes, elle rebondit de sa chaise et me regarda avec de grands yeux.

Ensuite elle comprit que j'étais en pleine crise d'angoisse et nous commencions le rituel pour me calmer. Elle s'approche de moi, inquiète, et me demande de m'asseoir.

- Tiens, prends de l'eau, me dit-elle avec un regard bienveillant.

- Merci.

Un long moment passe une fois que j'avais saisis le verre d'eau, lorsqu'elle prit soudain la parole.

- Tu sais, il y a un moyen d'arrêter ces crises d'angoisses une bonne fois pour toute et si tu veux je peux...

- Non! l'interrompis-je brutalement, je ne vais pas aller voir un "psy" ou prendre des médicaments, je ne suis pas folle, et je n'ai pas de problèmes.

- Je n'ai jamais dit que c'était le cas ma chérie, mais beaucoup de jeunes de ton âge, qui sont passés par ce que tu as vécu se sentent beaucoup mieux une fois qu'ils en parlent à un spécialiste.

- Je ne suis pas comme beaucoup de jeunes de mon âge, lui répondis-je.

Un sourire se dessine sur le visage de Mlle Swan alors qu'elle pose sa main sur mon épaule.

- Tu devrai probablement rentrer en cours.

Un regard perdu sur la porte, je reprends ma respiration.

- Je sais, je devrai.

Je ne le savais pas encore mais en cet instant précis, ma vie prit un tournant inexplicablement différent.

Je n'ose même pas imaginer ce qui se serait passé si je ne lui avais pas menti se jour là, en lui faisant croire que je pensais qu'il valait mieux que je retourne en cours. Aurai-je vécu ne serait-ce que la moitié de ce que j'ai vécu à compter de ce jour?

Et si je l'avais fait? Et si j'étais retournée en cours?

A long way to goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant