Chapitre 48 - Second jour

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Je me retrouve à nouveau devant ce grand lycée, et telle une condamnée à la sentence de mort je m'avance... Seule cette fois.

Ethan était déjà rentré précipitamment et Fanny qui n'était pas dans la même section que moi commençait plus tard.
J'étais seule, c'était certain.

J'avais décidé de m'habiller le plus discrètement possible et j'essayais d'éviter les regards des élèves, mais cela ne changea rien. Je les voyais bien chuchoter et me juger, je les entendais dire que j'étais la nouvelle qui s'était faite suspendre dès son premier jour.

Quelques remarques me font bien marrer cependant puisque certains disaient que j'avais fais de la prison à ce qu'il parait, ou bien que j'étais la fille adoptive du père d'Ethan. Aucune raison de vous expliquer pourquoi cela me faisait doucement rire.

Je m'avance dans les couloirs du lycée, tenant la bandoulière de mon sac de toutes mes forces. J'avais remarqué dans mon emploi du temps que j'avais littérature. Il ne semblait y avoir personne du premier coup d'oeil, pourtant c'était l'heure et la sonnerie n'avait toujours pas retentis.

Je me rappelle effectivement que le directeur m'avait prévenu du faible effectif d'élèves en "L". Mais la classe semblait vide! M'étais-je trompée?

Soudain la cloche retentis enfin, les élèves se ruent dans la classe, je me fais pousser de tous les côtés, je tenais ma feuille d'emploi du temps fermement mais elle était froissée désormais.

Je me dépêche de trouver une place au fond de la classe, et même si les regards malveillants restaient figés sur moi, j'essayais de ne pas leur donner la satisfaction de reconnaître la situation.

Une grosse voix sort du lot.

- Allez on se dépêche, on s'assoit!

Ça devait être le professeur, je n'avais toujours pas vu son visage dans le chaos qui reignait sur la classe. Une fois les élèves installés j'avais perçu le regard du professeur, un regard familier qui me rappelait... Oh.

Ironie du sort ou main du destin, appelez cela comme vous voudrez, parce que pour moi c'était tout simplement de la malchance, ma fameuse malchance.

Je baisse la tête instinctivement, je sors une feuille et tente de prendre un stylos dans ma trousse. Je prie pour qu'il ne me reconnaisse pas, je prie pour pouvoir disparaître...

- Silence! Cria le professeur.

Un silence s'en suit. J'essaye de réduire ma respiration, j'essaye de faire le moins de bruit possible... Mais comme vous le savez un malheur n'arrive jamais seul.

Mon stylo tombe malencontreusement par terre et dans le silence qui s'était installé fit un bruit qui attira tous les regards vers moi. Certains gloussaient, et tandis que je me penchais, faisant mine de vouloir le ramasser, et ainsi cachant mon visage, j'avais remarqué que lui aussi me regardait.

Lorsque je relève les yeux et qu'ils croisaient les siens, je n'existais plus, le était temps figé et je laisse l'étonnement glisser dans mon regard. Je sens mon cœur se serrer, mes bras s'engourdissent, mais surtout je ne sais pas ce qu'il pense.

Je lui avais donné un faux prénom ce jour là, je lui avais mentis sur tout, absolument tout. Il allait savoir, il allait tout savoir. Hors de question pour moi de m'en aller, de refaire un scandale. J'allais rester ici, et assumer.

Je ne sais pas s'il m'avait reconnu parce qu'il repris son cours normalement, comme si de rien n'était. Il nous demande de prendre une feuille de papier et de commencer à écrire.

Même si je prenais un aire désintéressé, je n'arrêtais pas de le fixer, je ne pouvais pas le lâcher du regard, impossibilité.

- L'être désiré est souvent inaccessible. Tantôt l'être aimé est marié; Tantôt il en aime un autre. Mais cette interdiction attise la passion. Alors, que pouvons nous citer comme oeuvres pour expliquer cette passion amoureuse interdite selon vous?

Je regarde autour de moi, la moitié de la classe dormait, non pas que son cours n'était pas intéressant, loin de là. Mais certains se plaignaient de ne pas avoir assez dormis, ou tout simplement avoir la flemme.

Je ne saurai pas réellement expliquer ce qui se passa à ce moment là, mais je ne pouvais pas m'empêcher de prendre la parole.

- La princesse de Cleves.

Les regards sont dirigés vers moi, je ne bouge plus, j'attends juste sa réponse. Il prend un air sceptique et je commence à paniquer.

- Et en quoi?

Je reprends mon souffle et tente de répondre avec précision.

- Et bien pour moi, cette oeuvre illustre la problématique de la fuite devant l'idéal mais surtout la passion de M. de Clèves envers la princesse de Clèves, cet amour n'est pas réciproque...

Soudain la sonnerie retentis. Je n'avais pas vu le temps passer, ma remarque passe inaperçue, tout le monde se lève. Confuse je commence à ranger mes affaires, mine de n'en avoir rien à faire de pas être parvenus à terminer mon argumentation.

Je m'avance vers la porte, je voulais juste m'en aller, je voulais juste oublier que mon professeur de littérature n'était personne d'autre qu'Aaron, un homme que j'ai rencontré dans un bar, quelqu'un de marié avec qui j'ai flirté. Un soir où je ne voulais que changer, changer mon identité...

- Mademoiselle? M'interpella-t-il.

Je vois que tout le monde part, il sort alors de la classe, un papier entre les mains. Devant la salle je m'approche alors, prête à m'expliquer, à lui faire comprendre la situation, ou à m'excuser. Mais il me prit par surprise.

- J'ai aimé ton intervention, bienvenue au lycée, eh Kira? C'est bien cela?

Je le regarde et mes yeux s'agrandissent, je n'arrive pas à le croire. Il ne m'avait pas reconnu. De tous les moments les plus gênants de ma vie, celui-ci était le pire.

- Merci, lui lançai-je.

Je m'empresse de marcher dans la direction opposée, le long des couloirs je m'avançais déboussolée, vexée... Je ne pensais réellement pas que les choses se passeraient comme ça. Lui, qui avait l'air si charmant, gentleman, affirmé, généreux... N'était en réalité qu'un imbécile de première.

Je me perds dans mes pensées quand soudain je remarque que je bouscule quelqu'un. La personne me regarde d'un air méchant, dégoûté. Pour ne pas améliorer cette journée, je devais tomber sur Dylan, le fils du directeur.

- Fais attention où tu vas! S'écria-t-il.

A long way to goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant