Chapitre 25 - Adieu

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Je regarde les maisons défilées, c'était sous cette impression de déjà vue que la nostalgie s'empara petit à petit de moi.

Ne vous est-il jamais arrivé de sentir qu'on vous retirait une partie de vous-même? Que le monde vous accablait d'un coup? La mélancolie se fait peu à peu ressentir dans les coeurs et nous nous nous demandons pourquoi est-ce qu'on a pas profité de chaque instant?

Si j'avais su que ça se terminerait, j'aurai prêter plus d'attention, mémoriser chaque regard, chaque toucher, chaque rêve, chaque cauchemars, chaque fraguement qui faisait ma vie là-bas.

Mais rien ne suscite plus grande mélancolie que l'idée de ne pas connaître tous les êtres qu'on aurait pu aimer; qu'on va mourir avant d'avoir pu les rencontrer, tout ce que j'aurai pu faire mais que je n'ai pas fais. Mais après tout, ce n'était que temporaire, je le savais.

Néanmoins, C'est exactement ce que je ressentis à ça moment là. Mais il est temps pour moi de revenir à la réalité. Je pense que ce qui faisait le pincement dans mon coeur c'était le fait de ne pas avoir eu l'occasion de dire mes adieux à Ethan. Puis je me rappelle de la dernière chose que je lui ai dite ; "Connard" .

Mais à quoi est-ce que je m'attendais?

Je demandai à Keith de me déposer devant l'appartement de ma famille d'accueil tout en omettant de préciser qu'ils ne voulaient plus de moi. Sur moi les mêmes vêtements que je portais la première fois où je l'avais rencontré. Mon sac à dos pratiquement vide qui ne contenait que des affaires du lycée, quelques bricoles mais surtout le briquet d'Ethan. Et oui, je le lui ai piqué. Elle était presque vide et j'avais remarqué qu'il en avait beaucoup. c'était le seul souvenir que j'avais décidé de garder de là-bas.

Une fois arrivée mon coeur bondit hors de ma poitrine. Un coup de frein qui stoppa ma respiration. Pour la première fois de ma vie j'ai réellement peur. Il me regarde longuement, je sens qu'il est dans le même état nostalgique que le mien. Il prend une grosse respiration avant de prendre la parole précipitamment.

- Tu sais... Je suis content que tu ai accepté mon offre, même si elle a dû être proposée dans un contexte particulier.

Je souris et lui coupe la parole.

- Moi aussi je suis contente de l'avoir fait. Merci pour tout.

Il réfléchis longuement avant d'ouvrir la boîte à gant de la voiture. Je ne savais pas ce qu'il cherchait mais je restais immobile, attendant qu'il finisse son geste. Je le vois alors qui détache le bout d'une feuille posée là-bas. Il s'empare du stylo qui se trouvait dans un petit compartiment sur la portière intérieur de la voiture. Il commence à écrire dessus concentré.

- Tiens, appelles-moi si tu as besoin de quoi que ça soit.

Il me tend le papier que je saisis immédiatement.

- Eh, c'est gentil mais je n'ai pas de téléphone, mais ne t'inquiète pas je me débrouillerai...

Il me coupe directement la parole.

- Appelles-moi si tu as besoin de quoi que ça soit Kira! Utilise le téléphone d'une cabine publique.

Je souris et acquiesce de la tête. D'un geste soudain et instinctif on se prend dans les bras, et j'essaye de faire durer ce moment le plus longtemps possible, parce que je sais très bien que sa gentillesse allait ma manquer, que sa bonté allait cesser de m'émerveiller, mais surtout que j'allais cessais d'exister.

Je sors alors de la voiture, puis je le regarde s'en aller. Et avec lui s'en alla la chance de revoir un jour Ethan, Nolan, ou bien même Fanny. Mon coeur se ressert et je prie pour les revoir, même dans mes rêves les plus fous.

Je prends une grande respiration et me retourne, range le papier de Keith dans la poche arrière de mon short et monte les escaliers de ce bâtiment que je connaissais trop bien maintenant.

Doucement, traînant des pieds, je me demandais ce qui allait se passer lorsque la femme chez qui je vivais me dirait qu'elle ne voudrait plus me voir. Je me tiens devant cette porte en bois abîmée, mes pieds sur ce paillasson où l'on pouvait retrouver écrit "Welcome", je renferme mes deux poings et je toque sur la porte. J'attendis quelque seconde pensant qu'une présence allait finir par se manifester, mais ce ne fut pas le cas.

Je m'apprêtais à toquer à nouveau mais je fus couper dans mon élan par une voix grave et forte qui m'interpella. Elle faisait echo dans le couloir.

- Hé! Qui êtes-vous?

Le vieux monsieur s'approche de moi aggressivement.

- Eh je cherche juste à rentrer en contacte avec la femme qui vivait ici.

Le monsieur me regarde alors de haut en bas, réflechis un instant puis repose ses yeux sur moi.

- Vous êtes Kira? Me demanda-t-il calmement.

- Eh.. Oui, comment vous?...

- Corine m'avait dit que vous reviendrez.

- Pardon? Je ne comprends pas. Répondis-je confuse.

- elle a déménagé. Dit-il précipitamment.

- Quoi? Comment ça? Où? Demandais-je.

- Je ne sais pas, et j'en ai rien à faire.

Choquée je ne bouge plus pendant un instant.

- Et vous êtes? Continuais-je à demander.

- le nouveau gardien, vous ne pouvez pas rester ici longtemps mademoiselle.

Vraiment un adorable monsieur lui.

Je sors alors de ce maudit appartement, la neige commença à tomber et je l'admirais. J'en oubliais presque que je n'avais nul part où aller.

Pour oublier j'erre, mes pieds trainant dans la neige je n'avais pas froid, je fus apaisée un instant.

Moi qui pensait que la seule ambition de toute ma vie serait de pouvoir, selon les saisons, contempler un beau paysage sentir le passage des saisons. Si seulement j'avais su.

Je m'assois sur les escaliers du bâtiment en face de celui de l'appartement de ma famille d'accueil, mon sac sur mes genoux, protégée par la neige qui tombait massivement.

La nuit commençait à sortir quand la dernière flamme du briquet que je tenais dans mes mains réchauffa mon visage pour un bref instant.

En hiver, je contemple la neige, qui s'accumule ou non, comme nos péchés qui apparaissent et disparaissent

Sans doute n'êtes-vous pas encore capable de ressentir toute la mélancolie de cette nuit d'hiver... Mais un jour vous comprendrez. C'est toujours la même histoire, en temps de guerre comme en temps de paix, en été comme en hiver, cette nécessité de ne pas être seul. Cet appétit d'être aimé.

Jamais les voix ne sont aussi belles qu'en hiver, à la tombée du jour, quand les lignes du corps s'estompent et qu'elles semblent s'élever du néant avec une intonation intime si rare en plein jour.

Il n'y a de saison plus magique, mais très vite elle a le pouvoir de nous faire tomber dans la dépendance de l'autre, nous éloignant de la solitude. Une fois qu'on connaît cette dernière comme je la connais il est presque impossible d'en sortir.

A long way to goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant