A long way to go

Chapitre 54 - Ma faute

Il observait la neige tomber à travers la vitre de la chambre en cette sombre après-midi, l'air passif et insouciant. Je le dévisageais jusqu'à attendre une quelconque réaction de sa part, mais rien ne marchait avec lui en ce moment.

Puis comme pour le faire réagir une bonne fois pour toute, je ne pouvais qu'élever la voix face à tant de non-chalance.

- Pourquoi tu ne veux pas me le dire?

Les mains sur son visage, il soupire, puis d'un mouvement brusque il s'empresse d'aller s'asseoir rapidement sur son lit alors que je le suivais car je n'allais pas le lâcher avant d'avoir mes réponses.

Avec les coudes sur les genoux et le visage enfoui entre les bras je pouvais presque sentir ses tremblements et la panique qui s'emparait de lui.

- Je te parle!

- Parce que ce ne sont pas tes affaires! M'a-t-il coupé au milieu de ma phrase.

Lorsqu'il releva la tête il n'osait même plus me regarder dans les yeux et je sentais qu'il avait cassé quelque chose entre nous, un lien qui jusqu'à présent je pensais indestructible.

Il s'en rendit néanmoins compte puisqu'il remarqua que je pris un air rempli de haine mais de sérénité à la fois.

- Ce ne sont pas mes affaires? L'imitai-je.

J'espérais simplement qu'il rectifie le tir, je ne faisais que lui donner une seconde chance pour qu'il puisse enfin se rattraper dans sa maladresse.

- Non, ce ne sont pas tes affaires affirma-t-il une seconde fois avec plus de conviction.

Il se lève alors, sûr de lui, le regard insistant. Puis dans un acquiescement et un sourire en coin, je me dis que je l'ai perdu. Ce n'était qu'une question de temps de toute manière.

Je m'apprête à quitter la pièce, la main tremblante posée sur la poignée froide de la porte de sa chambre, quand sa voix continu de résonner dans la pièce.

- Si tu veux partir, pars! Je ne te retiens pas.

Il me regardait avec ses magnifiques yeux devenus plus sombres que jamais. Je ne le reconnaissais pas, ce n'était pas lui.

- Tu n'étais qu'un jeu de toute manière, depuis le début.

Lorsqu'il chuchota cette phrase, je me brisais doucement de l'intérieur. Le regard perdu, je me demandais comment nous avions commencé cette dispute. Jamais je n'aurai pensé que l'on en arriverait là.

Ça n'aurait pas dû se passer comme ça, c'était supposé être une semaine consacrée simplement à l'amusement et à la découverte d'un pays où je n'avais jamais mit les pieds auparavant.

Enfin, c'est ce que je pensais... Non! C'est ce qu'il m'avait assuré. Je n'arrive pas à croire que je l'ai laissé me convaincre de venir avec lui et les autres.

Je me rappelle encore du moment où Fanny et lui se sont rapprochés de moi alors que je rangeais mes affaires dans mon casier, un air impatient collé au visage.

À quelques jours de mon anniversaire, ils avaient décidé de m'offrir ce cadeau en avance, simplement pour que je puisse participer au voyage scolaire que je ne pouvais pas me permettre de payer. Et même si je ne voulais pas accepter... Au fond, j'en avais réellement envie.

" Tu ne vis qu'une fois, tu verras! La Suisse c'est géniale, la Suisse c'est magnifique, la Suisse ce n'est pas si loin... "

Oh, ce que je donnerai pour revenir en arrière! J'aurai mieux fait de rester à Paris et travailler au café, continuer à économiser, et enfin pouvoir partir.