Chapitre 5 - Visage familier

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- Rends moi ce que tu me dois.

Cette phrase restait coincée dans ma tête comme un mauvais cauchemars qu'on essayait de chasser. Lorsque je me retournai, à ma grande surprise se tenait devant moi un homme.

Il devait avoir la trentaine, les dents tordues, toutes noirs. Il empestait l'alcool à plein nez. C'était l'un de ses homme que vous retrouviez dans la rue tard le soir, bourré. Quelqu'un qui s'était perdu à force d'essayer de se trouver.

Mais de quoi est-ce qu'il parle? Je ne dois rien à personne! Et qui plus est je ne le connais pas.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Je me lève alors du trottoir et commence à faire marche arrière. La route semblait vide, pas de voitures, personne pour m'aider, pas un bruit. Plus il s'approchait de moi, plus je reculais.

- Enrico veut son argent.

Je restais bouche bée, j'aurai dû m'en douter, c'est Enrico qui l'a envoyé.

- Enrico veut son argent Kira, et je ne partirai pas sans l'argent, rajouta-t-il d'un air menaçant.

Je recule encore de plus en plus vite et mon angoisse refait surface. Je suis en danger, je m'en rends bien compte.

Mon cœur bat très fort et affolée, je me mets à trembler. Il doit s'en rendre compte car il me sourit et prend un air de plus en plus dominateur.

Pour apaiser l'angoisse qui m'étreint et calmer mon cœur qui bat avec une extrême violence, j'essaye d'imaginer que cela n'est qu'un mauvais cauchemars, et que je suis sur le point de me réveiller.

Mais il se rapproche dangereusement et un état nerveux m'est venu brusquement; Moi qui me croyais très calme, incapable d'émotion, jamais ne m'étais-je autant trompée.

J'en ai tant subis moi-même qu'il est impossible de dire que je n'ai pas acquis d'ingéniosité au cours de mon existence. Mais les options qui s'offraient à moi n'étaient que très limitées.

C'est à ce moment là que ça s'est passé.

Deux grandes lumières se rapprochent de moi à grande vitesse, il était bien claire que c'était une voiture, mais je reste immobile. Comme figée dans le temps je voyais bien qu'elle ne ralentissait pas et se rapprochait dangereusement.

Je ne vois plus l'homme qui éveillait en moi une peur inexplicable. Comme s'il avait disparut dans un souffle d'hiver. Je ferme les yeux et je prie.

Serait-ce comme cela que mes jours allaient s'éteindre? Allais-je enfin te rejoindre maman?

Comme un rêve d'un instant je m'adresse à elle.

Tu sais, je me suis sentie fière de moi, parce que j'ai suivi tous tes conseils au cours de mon existence. J'ai fais des choix, et tes paroles étaient sacrées pour moi. Lorsque j'ai mit mes pieds dans se bus, à cette instant maman, je ne pouvais même pas m'imaginer ce qui m'attendait. Quelque chose d'imprévisible..

Maintenant je suis ici, gisant sur le sol et j'entends les policiers parler. Les sons sont tellement lointains.

Ne suis-je pas sensée avoir mal? Souffrir? Alors pourquoi la seule chose qui semblait m'affecter était l'effort que je faisais afin de me retenir de pleurer.

Tout ce que je vois est flou. Les gens autour, le bruit insupportable des sirènes mais surtout mon corps qui se retrouvait transporté un peu partout.

Ma douleur est terrible en ce moment, c'est comme si l'on me poignardait avec milles couteaux. Ma respiration s'affaiblit de plus en plus, et je commence vraiment à avoir peur.

Ce sont peut-être mes derniers moments et je me sens si seule. J'aurai tellement voulu ne pas m'être disputée avec Noa, j'aurai tellement voulu savoir que je comptais pour lui et que mon état l'inquiéterai de quelque façon qu'elle soit.

Je n'ai pas de souvenir concret de mon accident, soyons claire, mais les petits bouts de scènes que j'ai en tête se complètent avec une parfaite harmonie.

Je peux entendre les médecins: C'est un miracle qu'elle soit en vie.

Suis-je alors en vie?

Tout ce que je sais en tout cas c'est que je me suis réveillée sur ce lit, cet endroit que je n'avais jamais vu auparavant, pleins de machines et de gens très occupés qui passe.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour réaliser que j'étais à l'hôpital. J'avais tellement, mais tellement mal.

J'ouvre doucement les yeux lorsque j'aperçois que je ne suis pas seule dans la pièce. Quelqu'un assis sur la chaise en face de mon lit me regarde me réveiller petit à petit.

Dans un gémissement et à ma grande surprise, je reconnus presque immédiatement les traits de ce visage si familier.

A long way to goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant