C'est encore l'une de ces nuits où j'avais trop bu et où le temps devenait un facteur de moins en moins important.
Il me regarde, les coudes sur le bar et les mains jointes. Il suit mes mouvements et me regarde flirter avec lui m'observant de son œil innocent, vert de candeur, rond d'étonnement.
Cela faisait maintenant une minute que son regard ne semblait pas vouloir se détacher de mes lèvres. Les miennes restaient plongés dans ses yeux tandis qu'un courant d'air me fit frissonner, ou bien était-ce lui?
Il me regarde avec une telle intensité que j'ai les jambes qui tremblent et quand je lui ai dit qu'il était temps de partir, il se retourna et n'en revenait pas, le temps était passé tellement vite.
Je devais revenir à la réalité, et pourtant je n'en avais nullement envie. Cet homme était marié, il était plus agé, je devais absolument me rendre compte des choses.
Il enfile sa veste, laisse un pourboire à la serveuse qui nous lance un sourire alors que nous sortions du bar. Je me demandais alors comment il réagirait s'il savait que j'avais mentis sur mon identité, sur mon âge...
Nous continuons alors de marcher le long du trottoir, je n'avais aucune envie que notre conversation soit terminée mais il fallait bien que je rentre. Keith devait se demander où est-ce que j'étais allée.
Nous nous approchions de ce qui semblait être sa moto. Il s'adosse un instant dessus et me regarde longuement avant de poursuivre.
- Je te raccompagnes? Me proposa-t-il gentiment.
Je souris et décline poliment son offre.
- Non merci, je préfère marcher.
Il sourit et d'un regard insistant me rassure.
- J'ai l'habitude de conduire alors que j'ai un peu bu ne t'inquiète pas.
Il me tend alors son deuxième casque préalablement posé derrière sa moto,
sans un mot. Je souris gênée et continue dans ma lancée de mauvaises décisions. J'attrape le casque et essaye de me rappeler comment me rendre chez Keith.Il défait mon chignon de ses mains habiles et enfonce le casque sur ma tête. Alors qu'il me l'attache sous le menton et que le contacte de ses doigts sur ma peau me fait frissoner, il plonge son regard vert glacé dans les miens.
- Tu es déjà montée sur une moto? Me demanda-t-il.
Je décide alors de lui mentir, car si je lui disais que c'était le cas il ne comprendrai pas pourquoi je ne savais toujours pas mettre un foutu casque.
Je fais alors un signe de négation de la tête.- Colle-toi à moi et épouse mes mouvements, m'expliqua-t-il.
Sept petits mots seulement et huit mille papillons volettent au creux de mon ventre.
Il se détourne, enfile son casque, chevauche son engin et me tend la main pour m'aider à monter derrière lui.
Je monte avec difficulté et glisse timidement mes mains sur son blouson de cuir noir pendant qu'il fait vrombir le moteur.
Je peux ressentir les vibrations de mes orteils à la racine de mes cheveux. Aaron démarre en trombe. Il embraye et met les gaz, la moto bondit du trottoir et je suis propulsée vers l'arrière, je m'agrippe de justesse...
Le son assourdissant du moteur me vrille les tympans. Un bruit me ramenant soudain à Ethan.
Il attrape l'une de mes mains et resserre mon étreinte autour de sa taille jusqu'à ce que je me retrouve couchée contre son dos. Je regarde le paysage défiler alors que l'on traverse Paris sur les boulevards des Maréchaux et j'essaie de bien le guider.
Je finis par fermer les yeux, me laissant rapidement griser par la vitesse et la présence d'Aaron.
Une fois arrivée je lui fais signe de s'arrêter. Le moteur de la moto s'éteint subitement, il retire son casque. Quand il pose enfin le pied à terre, apercevant la maison de Keith, il retire mon casque, recoiffe délicatement mes cheveux en fixant mes lèvres intensément, au point que je crois qu'il va m'embrasser. Mais sa main lourde se pose sur ma nuque et dépose un léger baiser sur ma joue.
Je souris et le remercie pour cette soirée. Alors qu'il me regardait m'en aller, je me retourne et lui lance un regard qui laissait exprimer tout mon bonheur que je ressentis à ce moment là d'avoir passé une soirée loin de tout. Il était vrai qu'on allait certainement pas se revoir mais ce n'était pas grave.
Lorsque je rentre dans la maison de Keith à l'aide du double des clefs qu'il laissait sous le paillasson, j'appréhendais petit à petit la réaction de celui-ci. Il était vrai que je m'étais absentée longtemps et que je ne m'étais pas rendue compte de la rapidité avec laquelle le temps passait.
Je rentre doucement, la lumière semblait éteinte, soulagée je referme précipitamment la porte et m'empresse de monter dans ma chambre. Ouff, ils dormaient.
En tout cas c'est ce que je pensais avant qu'une lumière aveuglante s'alluma éclairant rapidement le salon laissant apparaître la silhouette de Keith adossé sur le mur, une main posée sur l'interrupteur.
Je me sentis comme dans un film où l'adolescente avait fait le mur alors qu'elle était punis retrouvant ses parents qui l'attendaient.
Il me regarde énervé, je pense que c'est la première fois qu'il me regarde comme ça. J'avais enfin la sensation que ressentait Ethan à chaque fois que Keith l'engueulait. Je baisse alors les yeux et il prend la parole.
- tu as vu l'heure? Me demanda-t-il.
Je bégaye, je ne sais pas quoi répondre, mes mains au fond de ma veste je garde mon regard sur le sol.
- Écoute Kira, je sais bien que je ne suis pas ton père, je n'essaye pas de l'être d'ailleurs.
Mon regard se repositionne sur lui.
- Mais, il y a des règles dans cette maison, poursuit-il, tu es sous ma responsabilité, si quelque chose t'arrivait je ferai comment?
Il me regarde à la fois énervé et sincère. J'essayais de garder des mouvements réguliers et de ne pas éclater de rire, je ne voulais pad qu'il remarque que j'avais trop bu.
- je suis désolée, je n'ai pas vu le temps passer, m'excusais-je.
Il me regarde longuement et sourit légèrement tout en laissant apparaître un sourire peu convaincu.
- Vas te reposer maintenant.
Je m'empresse alors de remonter les escaliers et d'ouvrir la porte de ma chambre quand soudain une voix m'interpella, me faisant sursauter.
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A long way to go
Подростковая литератураKira Castillo, autrefois enfant réservée, délaissée et brisée se retrouvant dix ans plus tard submergée par la peur à la simple idée de reconstruire sa vie. Reconstruire sa vie, voilà l'opportunité qu'un simple accident va lui offrir. Comme eux, el...