- Je trouverai du travail, lança ma petite voix fébrile alors qu'il conduisait.
- Quoi? Me demanda-t-il confus.
- Je trouverai un travail, et j'aurai les moyens de louer un studio, je te rendrai jusqu'à chaque centime je...
- Kira! m'interrompa-t-il.
Je le regarde longuement, ses yeux étaient concentrés sur la route.
Il avait raison, je ferai mieux de me taire.Je me demande alors, qu'en est-il d'Ethan? Comment va-t-il réagir? Quand il va me voire, est-ce qu'il va être énervé? Biensûr qu'il va être énervé, il est toujours énervé.
Je me rappelle encore de ses yeux rouges, de l'odeur de l'alcool que je sentis lorsque je l'ai bousculé devant tous ses amis. Comment j'étais partis, son sourire. J'appréhende peu à peu mes "retrouvailles" avec lui.
Comment va-t-il réagir lorsqu'il saura que je sais pour sa mère, pour sa soeur... Lui qui déteste que je me mêle de ses affaires.
Mais en même temps je vous avoue que j'avais hâte de le revoir. Bizarre hein? Peut-être que je suis bipolaire à mon tour.
Je rentre alors dans cette maison qui me semblait si familière, si gigantesque. Cet endroit où je rêvais de retourner alors que j'étais assise sur ces marches d'escaliers mouillées. Je pousse cette porte rouge, Keith devant moi s'arrête un instant à l'entrée.
- Et bien, bon retour, fais comme chez toi... Enfin c'est chez toi maintenant.
Je souris et j'acquiesce doucement de la tête.
- Pour l'instant, murmurais-je.
Il ne m'entend pas...
- Et aussi n'oublie pas tu peux...
La vérité c'est que je ne l'écoutais qu'à moitié. Je ne saurai vous dire les mots exactes qu'il prononçaient à ce moment là. Mon regard ne voulait pas se détacher de l'escalier. j'espérais qu'Ethan arrive, un sourire collé sur son visage il me dirait "Kira?". Content de me revoir il me taquinerait sur ma maigreur, sur tout et n'importe quoi.
Mais bien sûr, tout n'était pas si simple. Car entre les scénarios que je m'imaginais et la réalité se trouve un gouffre gigantesque.
Pas un seul bruit, rien, je me disais qu'il était peut-être entrain de dormir? Je n'osais pas poser la question à Keith mais c'était plus fort que moi.
- Où est Ethan?
Keith se retourne et me souris tout en sortant une bouteille de jus d'orange du frigo.
- Ethan? Je ne sais pas il est sûrement sortis.
Je monte alors dans cette chambre, la même chambre où dormais Sarah, où moi même j'avais dormis quelques jours auparavant. Je suis passée si souvent devant cette porte, je sais ce qu'il y a derrière, je l'ai toujours su. Ce couloir est sombre, le volet est toujours fermé, et la pièce derrière la porte également. La maison est si grande, rien n'avait changé, absolument rien.
Lorsque je rentre, je remarque que le lit était fait, que la chambre était propre, que ça ne sentait plus le renfermé. Les rayons du soleil venaient frapper le magnifique cadre qui renfermait la photo de Sarah, et j'observe se visage aux traits si fins.
Cette pauvre fille qui est morte si jeune, à mon âge. Ce n'était pas juste.Je pose mon sac presque vide sur ce grand lit, et je ferme les yeux assez longtemps pour pousser un grand soupire.
Je me lève et me redirige vers les escaliers pour descendre voir Keith. Une odeur alléchante s'émane de la cuisine et je me rappelle de mon premier dîner ici. J'étais tellement soulagée d'être revenue, rien ne pouvait m'atteindre... En tout cas c'est ce que je pensais.
C'était alors que j'essayais tant bien que mal d'aider Keith à faire à manger qu'on entendis des bruits de clefs dans la serrure. On se retourne tous les deux.
Mon coeur bat la chamade, je ne sais pas ce que je vais dire, comment est-ce que je vais réagir en le voyant, comment? Comment vais-je faire pour rester de marbre face à lui?
Je vois la porte s'entrouvrir et son sourire qui illuminerait n'importe quelle pièce, les faussettes irrésistibles de son père. Tout était présent. Il ne m'avait pas encore vu, et je m'apprêtais à le saluer lorsque je remarquai qu'il n'était pas seul. Derrière lui je pense percevoir des cheveux blonds, fins et soyeux.
Je pense que je suis maudite en réalité. Que ce n'est qu'un cauchemars dont je vais me réveiller.
Mais non, c'était bien elle, vêtue d'une magnifique robe rouge. Belle, jeune et fraîche au visage doux, ses yeux verts, grands et beaux, qui me glacent à chaque qu'elle me regarde. Sa bouche est rouge comme les cerises fraîches et ses joues roses comme une poupée.
Elle est toujours aussi mince et jolie aux jambes fines et sportives et des pieds toujours vêtus d'une paire de talons.
Elle était parfaite, Tess était parfaite.
Je la hais. Pas parce qu'elle est parfaite non, mais parce qu'elle représentait tout ce que je détestais le plus au monde, l'arrogance et l'hypocrisie à son maximum.Je dois rester de marbre, elle ne doit pas savoir que ce qu'elle m'a fait lors de la fête m'a atteint. Je ne dois pas avouer que la voir tenant la main d'Ethan me tuait petit à petit. Je ne dois rien montrer. Ethan ne doit rien savoir.
Son visage se décomposa lorsqu'il me vis, il lâcha la main de sa bien-aimée, les yeux rivées sur moi, je m'arrêtai de couper les oignons alors que les larmes commençaient à monter. Et malheureusement elle était là, elle me regardait à son tour, d'un regard noir et glacial.
Je sens que je me brise doucement de l'intérieur. Dieu seul sait la souffrance que j'éprouvai à ce moment. Rien ne pouvait l'égaler. Même pas la souffrance dehors dans le froid d'hiver. Il peut exister de nombreuses raisons à ce sentiment de souffrance; La jalousie ou la rivalité amoureuse par exemple. Mais c'était une toute autre source de peine, c'était celle qui résulte à ne pas pouvoir exprimer ses émotions, et à se contenir devant la personne à qui on aimerait parler, à qui on aimerait tout expliquer. C'est cela qui consiste en une véritable souffrance.
Elle rattrape alors sa main qui s'était malencontreusement détachée de la sienne, et pose un regard mesquin sur Ethan.
- Qu'est-ce qu'elle fait là?
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A long way to go
Teen FictionKira Castillo, autrefois enfant réservée, délaissée et brisée se retrouvant dix ans plus tard submergée par la peur à la simple idée de reconstruire sa vie. Reconstruire sa vie, voilà l'opportunité qu'un simple accident va lui offrir. Comme eux, el...