Qui aime bien châtie bien (version 2)

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Ma lèvre supérieure retroussée, je tentais de faire tenir mon stylo entre mon nez et ma bouche. La chaise en équilibre sur ses deux pieds arrière, je me balançai tout en réfléchissant à une idée pour mon roman. Il s'agissait d'une vieille habitude que j'avais acquise pour me concentrer au lycée.

Je relisais ma scène d'amour pour la troisième fois, je n'arrivais pas à trouver un moyen de l'améliorer. Je ne voyais pas comment réussir à décrire une scène de sexe quand je ne savais pas vraiment de quoi il s'agissait, ni les sensations que ça procurait. J'étais sur internet depuis 2 heures à la recherche d'extrait de livre romantique pour m'inspirer, mais simplement lire ou reprendre des tournures de phrase ne m'allait pas. J'avais l'impression de perdre ma plume.

Ma mère ouvrit violemment la porte. Surprise, je perdis mon équilibre. Les deux pieds de la chaise ne touchèrent plus le sol. Mon corps bascula en arrière, le stylo qui se tenait sur ma lèvre supérieure, s'envola à l'autre bout de la pièce. J'eus à peine ouvert la bouche pour crier que j'étais déjà sur le parquet de ma chambre, les quatre fers à l'air. Une douleur sourde se diffusant dans tout mon crâne. Je restai là pendant quelques secondes à gémir. Ma mère au-dessus de moi, secoua la tête d'un air dépité tout en me tendant la main pour m'aider à me relever. Pour elle, me voir par terre était devenu une telle habitude qu'elle ne s'inquiétait presque plus.

- La prochaine fois tu pourrais toquer, ça éviterait que je perde des neurones. Lui-reprochai-je en frottant mon crâne endolori.

- Oui, il ne faudrait pas perdre le peu qu'il te reste. se moqua-t-elle en défroissant sa robe tube marron.

Je la trouvais bien apprêtée pour un simple repas amical, mais ma mère avait toujours été coquette. Il s'agissait d'une robe qui datait de l'université, et à voir sur son visage, elle était très heureuse que celle-ci lui aille encore. Ma mère faisait partie de ces femmes qui étaient ravies dès qu'un jeune homme lui disait qu'elle faisait plus jeune que son âge. Pour cela, elle dépensait des fortunes en soins et crèmes pour le visage et pour le corps. Elle faisait trois séances de sport par semaine et s'assurait que son alimentation soit saine. A mon goût c'était plus frugal que seulement sain.

Elle mit ses mains sur ses hanches "Ma chère, rassure-moi, tu ne comptes pas rester habillée comme ça" me demanda-t-elle en me toisant du regard pendant que je relevais ma chaise de bureau.

- J'y ai bien réfléchi, et je ne pense pas participer au dîner de ce soir. Je dois retravailler mon manuscrit, et mon éditeur veut que celui-ci soit prêt le plus rapidement possible...

- Ha non ! Me coupa ma mère, en me lançant un regard à glacer le sang. Elle se dirigea vers mon armoire. Si tu ne veux pas que je te mette dehors, tu n'as d'autre choix que de venir au repas de ce soir. Après avoir fouillé pendant au moins 10 minutes, elle me jeta une robe à la figure. Tu vas t'habiller, et ensuite tu descendras pour m'aider à préparer le repas. Arrivée au pas de ma porte, elle se retourna vers moi avec un sourire faussement angélique et me demanda " D'accord ma chérie ?". Je me contentai de grogner en guise de réponse. Elle secoua la tête d'exaspération avant de retourner dans la cuisine.

Espèce de folle marmonnais-je avant de me diriger dans la salle de bain.

Je dépliai la robe que ma mère m'avait si délicatement donnée. Il s'agissait de ma robe fourreau noir que j'avais mis au mariage de ma cousine.

Autant me donner une pancarte "couche avec moi" en tant que vêtement pendant que tu y es...

J'enfilai la robe noire et remis correctement le col bateau. Je me mirai dans le miroir, puis haussai les épaules. Finalement cette robe n'était pas si sexy sur moi. Je sortis ma trousse de maquillage, puis je me mis un peu de mascara et du gloss framboise. Je me contentai d'ébouriffer mes cheveux. Depuis toute petite je peinais à coiffer mes boucles rousses. Avec le temps je m'étais lassée de le faire. J'avais pris l'habitude de passer seulement un coup de brosse. Parfois il m'arrivait de les attacher, essentiellement quand je travaillais. Souvent un messy bun ou une queue de cheval. Ce soir j'avais décidé de faire le moindre effort. Il n'était pas question que je me fasse belle pour un garçon que je n'avais pas revu depuis l'âge de 6 ans.

Une paire d'escarpins noire était posée à côté de mon lit. "Vraiment !" pestai-je dans le couloir en enfilant ces satanées chaussures. Je n'avais pas la force de me battre contre ma mère ce soir, si porter ces chaussures était nécessaire pour avoir la paix alors tant pis. "Si seulement Marion n'avait pas de colocataire, ça fait longtemps que je serai partie de chez ma mère." me lamentais-je en descendant les escaliers en faisant attention à ne pas tomber. J'avais tenté de quitter le nid familial mais malheureusement en île de France, sans CDI, la chance de trouver une location était quasi inexistante. J'étais dans l'impossibilité de vivre autre part que chez ma mère, et elle en profitait pour me forcer à faire ses stupides rendez-vous.

J'étais assise sur le siège du bar, pendant que ma mère se hâtait dans la cuisine. Elle m'avait demandé de descendre pour l'aider, mais il ne restait plus grand-chose à faire. Aussi, je me contentais de l'observer en train de prendre la température de la dinde. « Tu regardes beaucoup trop top chef, maman".

"Qu'y a-t-il du mal à vouloir faire des efforts ?" répondit la cheffe en refermant la porte du four. "Il faut bien qu'une de nous en fasse" ajouta-t-elle en me souriant de manière sournoise. Au même moment, la sonnette retentit.

- Pile à l'heure ! S'exclama ma mère en regardant l'horloge de la cuisine. Et si tu allais leur ouvrir pendant que je prépare les amuse-bouches ?

- Oui mon commandant ! soupirais-je en traînant les pieds en direction de la porte d'entrée.

A peine avais-je ouvert la porte que l'amie de ma mère s'empressa de m'enlacer. Elle se recula pour m'admirer, la bouche grande ouverte "Whoua ! Quelle femme superbe tu es devenue Lucie. Quand je pense que la dernière fois que je t'ai vu tu faisais à peine 1 mètre et tu portais des petites couettes."

Je lui souriais chaleureusement en la remerciant. Linda n'avait pas changé d'un iota. C'était toujours la même femme pleine d'énergie et dont les yeux en amande étaient emplis de douceur. Elle portait le même style de robe que ma mère. On peut dire qu'elles s'étaient bien trouvées. Je me demandais même si elles ne s'étaient pas mises d'accord toutes les deux pour mettre leurs enfants ensemble.

Elle pivota et appela son fils qui venait juste de sortir de la voiture. Il était dans la pénombre, un bouquet de fleurs à la main. Par courtoisie, je m'approchai de lui pour le saluer. Il se retourna, et ma bonne humeur fit place à la stupéfaction.

- Vous !

-Tiens, mais c'est la voleuse de taxi




êtes vous prête à coucher?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant