Le flaire de Marion

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Chapitre 35 : le flaire de Marion

J'étais derrière la porte de Marion à chercher mes clés dans mon sac. Cette fois, j'avais réussi à dompter mes larmes et mes yeux étaient à peine rouges. On aurait très bien pu confondre avec la fatigue d'une nuit blanche.

Je tournais la clé dans la serrure en espérant que Marion serait encore au lit avec son homme, pour que je puisse tranquillement me faufiler dans ma chambre et écrire une fin digne de ce nom à ce satané livre. J'ouvris légèrement la porte en regardant dans l'embrasure, je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais si peur de tomber sur elle, peut-être parce qu'elle avait un vrai radar pour détecter quand une fille avait passé la nuit avec un garçon.

Je zieutais des deux côtés. Heureusement, elle n'était pas là. J'ouvris grand la porte, pris mes chaussures dans ma main droite et me mit sur la pointe de pied pour faire le moins de bruit possible. Je remerciais Marion pour avoir un parquet tout neuf qui n'émettait pas de bruit de craquement. J'étais tellement concentrée à marcher à pas feutré que je n'avais même pas vu que Marion en petite nuisette violette était tranquillement assise sur le fauteuil blanc à me fixer étrangement.

- Tu m'expliques ce que tu fais là ? Me questionna-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.

Toujours dans la même position, c'est-à-dire légèrement les jambes fléchies sur la pointe de pied et le dos courbé, je me retournais. J'affichai un sourire embarrassé. À vrai dire, je ne savais pas quoi faire d'autre.

Marion semblait fâchée, elle serrait les lèvres et me lançait un regard très réprobateur. Elle avait les bras croisés, ce qui n'était pas bon signe chez elle.

J'avais dû faire quelque chose de mal, mais je ne savais pas vraiment quoi, c'est juste au moment où mes yeux croisèrent le téléphone de Marion que je me souvenu que je n'avais prévenu personne que je quittais la soirée, ni même où est-ce que j'étais.

- J'aurais dû vous prévenir, désolé, mais... Mon téléphone n'avait plus de batterie. Lui mentis-je. Elle me fixa un instant avant de taper frénétiquement sur son téléphone, quelque secondes après, on entendit le bruit d'un sifflement qui provenait de mon sac.

- Ha oui je confirme. Répondit-elle avec une pointe de sècheresse. Tu réalises que l'on t'a cherché partout, personne ne savait où tu étais. Heureusement, on a croisé Sacha qui semblait irritait, il nous a ensuite expliqué, je cite « que tu étais chaude comme la braise avec lui, à te coller tout contre lui, qu'il pensait qu'il avait de forte de chance avec toi, quand tu as subitement quitté la fête ». Les filles se sont donc dit que tu devais être bien bourrée et ont commencé à paniquer en sachant que tu étais toute seule dehors. Bien sûr, moi j'avais une autre théorie.

Marion se leva pour se diriger vers moi et me renifler.

- C'est bien ce que je pensais, tu étais avec Enzo ! me cria-t-elle en me montrant du doigt.

Ce n'est pas possible d'avoir un de ses flairs. Elle se frotta le menton fière de sa déduction et commença à m'expliquer sa théorie.

- Hier soir juste après que tu sois partie au rez de chaussée, les filles sont venus me voir toute excitées en me révélant qu'Enzo participait aussi à la soirée.

J'ai d'abord était très surprise, mais j'ai découvert que Monica était amie avec l'un des associatifs. J'ai tout de suite su que tu l'avais croisé après le récit de Sacha. Tu me corriges si j'ai tort mais, hier, tu es tombée sur lui proche de la piste de danse, il semblait parfaitement bien et même peut être qu'il était avec une fille, tu as bien sûr ressentie de la jalousie.

Tu as hésité entre rentrer chez toi, mais alors ça signifiait qu'il avait gagné vu qu'il s'amuserait pendant que toi, tu te morfondrais et ça, tu te le refusais. Par chance Sacha passa par-là, et tu t'es « dit tiens ! Et si je l'utilisais pour rendre jaloux Enzo ». Tu l'as donc chauffé au maximum, mais du peu que je connais Enzo, il a dû être pris au jeu et a dû vouloir te rendre jalouse à son tour. Alors que les choses devenaient trop sérieuses, tu t'es rendu compte de ton comportement puérile, tu es donc sortie et tu t'es rappelé que tu étais trop fauchée pour appeler un taxi, sur ce, Enzo et sorti et tu t'es jeté sur lui car, entre vous ce n'était pas terminé.

J'étais abasourdie par le degré de précision de son récit. Je hochais stupidement la tête. Ça en était effrayant à quel point elle me connaissait bien. Son expression fâchée se transforma en une seconde en un sourire d'orgueil d'avoir si bien deviné.

- Bon maintenant que je t'ai sermonné... Dis-moi comment ça s'est passé. Est-ce que vous êtes ensemble maintenant ?

Je n'avais pas vraiment envie d'expliquer tout à Marion, c'était encore tout frais et j'avais encore beaucoup de mal à moi-même digérer ce qu'il m'avait dit. Je me contentais donc d'une réponse vague.

- Disons que ça n'a pas fonctionné. Peut-être que l'on n'est pas fait pour être ensemble.

Marion semblait rester sur sa faim.

- C'est tout ? après deux semaines, il ne s'est même pas rendu compte qu'il avait besoin de toi ? Quoi vous avez fait l'amour et puis c'est tout ? Elle montra mon épaule en réponse à mon étonnement. Généralement, ses marques se font plus pendant l'acte, enfin à mon goût. Avec tous les regards qu'il te jetait et pourtant il t'a tout de même jeté, je n'arrive pas à y croire.

- techniquement c'est plus moi qui l'ai « jeté ». Dis-je en triturant mes doigts.

Marion me regarda interloquée, je pouvais comprendre sa réaction, après avoir passé deux semaines à m enfiler des pots de glace et pleuré qu'il me manquait le jeter était bien la dernière chose qu'elle aurait pu imaginer que je fasse. Cette réponse ne lui satisfit pas et il me fallut lui raconter toute l'histoire même si c'était la dernière chose que je voulais faire.

Marion beurra la tartine de pain en s'exclamant que le raisonnement d'Enzo était insensé, ce à quoi je répondis par un acquiescement.

- En même temps, il a tout de même un réel attachement pour toi, et il te l'a clairement révélé. Elle me tendit les deux tartines et se dirigea vers la cuisine pour prendre le bol de porridge qu'elle s'était cuisinée.

- Je sais, mais tout de même, je veux le statut de petite copine privilégiée, je ne veux pas partager. Moi ce que je veux, c'est un couple qui fonctionne comme le tient ! Soupirais-je en posant ma tête dans mes bras. D'ailleurs, il est où ?

- Oh ! Ethan ? Il est rentré très tôt ce matin, beaucoup de boulot à faire, mais pas sûr qu'il ne dorme pas toute la journée après tout ce qu'on a fait. Je lui ai fait la totale, si tu vois ce que je veux dire. Elle me fit un clin d'œil prononcé.

Je fis une grimace en les imaginant, je me serais bien passé de ce détail.

- Oh ça va ! Tu verras, toi aussi, tu voudras parler de tes relations sexuelles avec le temps. C'est tout à fait naturel. Mais bon pour l'instant retournons à tes relations sentimentales. Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

- c'est évidant ! J'ai dit que c'était fini. Je vais donc tourner la page. Il y a des tas de poissons dans l'océan, je vais retrouver quelqu'un très vite, j'en suis certaine. essayais-je de me convaincre moi-même.

- ça ! c'est le bon esprit ! Et comme ça tu vas enfin voir tous les garçons qui te tournent autour, comme le barman, tu as son numéro, il me semble.

J'approuvais par un mouvement de tête. Il est vrai que le barman était mignon, mais je n'étais pas sûr que ça fonctionnerait étant donné que je lui avais raconté toute ma vie, et on sait très bien que le mystère est une des parties les plus importantes dans une relation. De toute façon, j'avais bien d'autres choses à penser, comme par exemple mon roman qui n'était toujours pas terminé et qui laissé vraiment à désirer pour le moment. Et Je n'avais qu'une après-midi pour trouver une fin convenable.

êtes vous prête à coucher?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant