Jamais assez bon

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Chapitre 28 : Jamais assez bon

Point de vue d'Enzo.

J'étais assis dans le couloir, sous l'ordre de la secrétaire de mon père, car celui-ci était en réunion. Je voyais Laura, la secrétaire, me fixer du regard, un stylo dans la bouche. Elle n'avait pas de travail à faire pour me regarder comme ça ?!

Mon père devait plus s'intéresser à leur IMC qu'à leur CV, c'était sûr. D'ailleurs depuis le temps que je la connaissais, elle n'avait jamais brillé grâce à son savoir, heureusement qu'elle avait sa propre assistante. Une petite stagiaire timide qui faisait tout le sale boulot, pendant que madame trémoussait ses petites fesses un café dans la main pour son « Boss ». J'avais déjà pensé à coucher avec elle pour énerver mon père, mais à quoi bon, ça n'aurait rien changé, il serait resté distant et insensible comme d'habitude.

Pour lui, je n'avais toujours été qu'un outil, qu'il pourrait utiliser plus tard. Petit à petit, il avait forgé mon esprit pour que je devienne le meilleur dans tous les domaines, que je sois un vrai loup pour les autres hommes. J'avais toujours recherché son admiration, même quand il nous avait laissé tomber ma mère et moi. J'avais gardé cet objectif, et pourtant, ça n'était qu'une suite de déception, malgré tous les efforts, tous ce que j'accomplissais, rien ne lui suffisait, et si j'avais le mérite de réussir quelque chose parfaitement ce n'était jamais grâce à moi, mais à lui et mes professeurs particuliers. Aller dans son bureau me rappelais toujours ses souvenirs douloureux et me mettais toujours d'une humeur de chien.

Laura me lança un regard aguichant en touchant les bouclettes de sa permanente, tout en passant sa langue sur son stylo. J'étais bouche-bée par son manque de savoir vivre, est-ce qu'elle se respectait au moins. Je me mis à imaginer Lucie faire la même chose. Ses petites prunelles vertes me fixant, avec une mine provocatrice. Ses doigts dans ses boucles rousses naturelles, suçotant le stylo comme une sucette, ses jambes fuselées dans un collant noir, qui seraient posées sur son bureau. Son chemisier ouvert de deux boutons, suffisant pour voir la fente de sa poitrine et percevoir un morceau de soutien-gorge à peine perceptible.

J'étais en plein fantasme quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit. Je vis mon père au bras de sa nouvelle brunette qu'il appelait sa femme. Quand elle me vit, elle illumina son visage d'un grand sourire, et s'approcha vers moi pour m'enlacer.

- Enzo, ça fait si longtemps ! Comment vas-tu ?

- Bien, j'ai à faire avec mon père, c'est tout. Et Léo comment va-t-il ? Dis-je en feignant un semblant de sourire. Sofia n'était pas méchante, et par bien des manières, elle me rappelait ma mère, mais je n'arrivais pas à l'apprécier, car c'était celle qui avait pris sa place, et par la même occasion, la mienne aussi, en mettant au monde un fils.

- Oh, il est adorable ! Il commence à bien parler maintenant. Parfois il dit même ton nom. Tient, j'ai une photo à te montrer, il a bien changé depuis que tu la dernière fois que tu l'as vu. Elle voulut sortir son téléphone, mais mon père l'en empêcha.

- Chéri, on n'a pas le temps pour ça, tu lui montreras une autre fois.

Elle parut toute déçue, m'étreignit une deuxième fois en me promettant de faire un repas tous ensemble, avant de repartir dans l'ascenseur.

« Entre. » Comme d'usuel son ton était sec et péremptoire.

Je rentrais dans son bureau et m'assis sur la chaise qu'il m'indiquait. « Pourquoi tu voulais me voir ?» Demandais-je sur le même ton que lui.

- Je voulais avoir de tes nouvelles. Tu vends toujours des vêtements pour femme ? Ses yeux couleur fer me faisaient toujours l'effet d'un couteau acéré, comme si à chaque regard dédaigneux qu'il me jetait, il avait le pouvoir de me lacérer le cœur.

- Oui. Même si c'est plus que seulement vendre des vêtements, vu que j'en suis le créateur.

- Je ne comprends pas pourquoi tu te contentes de ça alors que je t'offre une société entière, mon nom et ma réputation avec.

- Je ne veux pas du nom de celui qui m'a enlevé à ma mère quand j'avais seize ans, tout ça pour m'utiliser comme un outil pour assurer que sa société prospère. Et puis maintenant, tu ne devrais plus t'inquiéter, il y a le petit successeur Léo.

Mon père me regarda d'un air sévère, ses lèvres étaient serrées, la ride du lion formait sur son front, et comme à son habitude, il me regardait de haut. Heureusement, que ce soit physiquement ou moralement, je ne ressemblais en rien à mon père. Les mains crispées sur le siège, je résistais pour ne pas sortir du bureau en courant. J'avais toujours l'impression d'être un enfant en face de lui. J'étais totalement démuni.

- Il est encore trop jeune, par contre moi, je ne le suis plus et j'ai besoin d'un bras droit à qui je peux faire confiance.

J'eus un rire amer.

- Confiance ? Alors que tu passes ton temps à me critiquer et saper ma confiance en moi. Aucun de mes choix n'est assez bon pour toi ! Comment je pourrais diriger ton entreprise en ayant ta confiance, alors que tu ne me l'as même jamais donné. Mon ton était plus acerbe que je ne l'aurais pensé.

Il se leva, regarda le paysage à travers l'immense fenêtre de son bureau, les bras croisés derrière lui. Ne détourne pas le regard encore une fois pensais-je ! Je me mordis l'intérieur de la lèvre si fort que je sentis le goût du fer emplir ma bouche.

- Je veux que tu reprennes la société en main jusqu'à ce que Léo soit assez grand, ensuite, je te rendrais ta liberté.

- Après quoi ? Je serais bon à jeter, comme ma mère après qu'elle t'ait donné un foutu héritier !

Il se retourna la mine froide et réprobatrice.

- Surveille ton langage fils ! J'ai aimé ta mère, même si ce fut pour peu de temps, mais je l'ai quand même aimé.

- Oui, ça doit être pour ça que tu l'as trompé avec toutes les femmes que tu rencontrais ! Tu as toujours étais volage, même moi je le savais. Tu m'as dégouté des relations amoureuses dès mon plus jeune âge. Je ne sais même pas comment j'ai pu t'admirer.

Il me gifla de toutes ses forces, j'avais les larmes aux yeux, mais jamais au grand jamais je ne pleurais devant lui.

- Grâce à quel argent as-tu vécu tout ce temps, c'est grâce à moi que tu as pu faire subsister ta petite société. Je peux très bien te reprendre tout ce que je t'ai donné petit ingrat. Tu veux que je te déshérite, c'est ça ?

- Tiens ? Ce n'est toujours pas fait ? Dis-je ironiquement avec une fausse tête d'ingénue.

J'avais eu le droit à la même rengaine quand je lui avais avoué que je ne voulais pas entrer dans sa grande école de commerce, mais dans mon école de mode. J'étais retourné chez ma mère pour étudier dans mon école actuelle. Mon père n'avait alors plus donné de signe de vie, avant maintenant.

- Tu peux même me renier, de toute façon, je ne t'ai jamais vu comme un bon père. Déshérite-moi si tu veux ça fait longtemps que je prospère sans avoir besoin de quoi que ce soit venant de ta part. J'espère juste une chose, c'est que tu ne te comportes pas avec ton deuxième enfant, comme tu l'as fait pour moi. Je partis vers la porte.

- Enzo ! Il tenta de me rattraper alors que je me dirigeais vers la porte. Enzo, David, Lee Ducarnier, reviens ici !

- Je suis désolé, mais vous devez vous trompez de personne monsieur, mon nom est Enzo Hàn.

Pour la première fois, je vis la tête de mon père abasourdie, et désemparée. Je le saluais de manière très cérémonieuse, avant de claquer violemment la porte.

J'avais besoin de me calmer, j'avais besoin de la voir elle !

Je trouve que la chanson convient trop à la scène alors n'hésitez pas à la mettre en même temps :)

êtes vous prête à coucher?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant