Part 3

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  La personne derrière lui perdait patience.
- Matar bouges waay, pourquoi restes tu à la porte comme ça, hana tu as vu un fantôme ?
Il pousse pour que son ami entre aussi. Celui-ci avait l'air très bavard et taquin, comparé à mon inconnu qui, je savais maintenant s'appelait, Matar.
- Bonjour, Mme ? Mlle ? Vous n'avez rien d'un fantôme...lol
- Rires, C'est Mlle....non je ne pense pas.
- Ah et vous vous amusez à appuyer sur tous les boutons ? Vous allez où ?
- Au 5ieme...
- Ah okay, vous travaillez à S Consulting ?
J'acquiesce d'un coup de tête....
- Lol ... Je ne savais pas que S Consulting employait les moins de 18 ans.
Non mais il est con celui-là, il dit ça à cause de ma petite taille ou quoi. C'est vrai que je suis petite de taille mais je porte tout le temps des talons, pas pour compenser ma taille mais parce que je me sens plus à l'aise en talons qu'en flats. Je me sens bien dans ma peau et j'aime que mon homme puisse me porter etc comme on dit bien au Sénégal, « fowoukaye déye oyoffe » (un jouet se doit d'être léger).
Je le regarde et lui réponds vaguement,
- Mois non plus je ne savais pas....
Je ne sais même pas s'il a compris ma réplique, mais il rit de bon cœur. L'ascenseur s'arrête au 3ieme. Matar est là mais il ne pipe mot et ne participe pas à la conversation, se contentant juste de manipuler son téléphone et de me regarder du coin de l'œil.
- Moi c'est Barry, Matar et moi nous travaillons au 6ieme, à l'organisation mondiale de la santé, certainement on se verra au déjeuner, on mange tous au même endroit avec tes collègues.
Nous y voila, au 5ieme, enfin. Le fait que Matar m'ait ignoré ne fit qu'accroitre mon désir de sortir de l'ascenseur au plus vite, mais ces vieux ascenseurs dans les immeubles à moins de 10 étages trainent comme pas possible.
-A plus uhhh....c'est comment même le prénom ? Je ne t'ai même pas demandé....
- it's okay, C'est Aisha.
Je veux y aller mais il me parle en tenant les portes de l'ascenseur pour qu'on puisse terminer notre conversation.
- « Aicha », qui parle anglais.... Enchanté.
- Non pas « Aicha » comme on le prononce au Sénégal, ça se prononce « A – yi – sha » comme en arabe....
- Hmm...donc « AAA YII SHAAA », avec le nom arabe qui parle anglais, au plaisir.
Je lui souris quand Matar lève les yeux et me regarde mais bizarrement je n'arrive pas à déchiffrer ce regard. Il m'intrigue, je tourne les talons et retourne au bureau.

De retour à mon bureau, je mâchonne mon crayon tout en branchant machinalement mon téléphone. C'est quoi ce regard ? J'espere que je lui ai manqué...En tout cas je me suis demandée où il était passé celui là...depuis qu'il avait disparu.
Je me remets au travail pour me forcer à ne pas penser à lui.

J'avais tellement hâte qu'on prenne la pause pour que je le rencontre encore au restau, quand je reçus un message de ma mère qui me demandait si on pouvait déjeuner ensemble avec une de ses amies, tata Ami, qui habitait à Djedda et qui était de passage à Dakar. Pff, dommage que je ne puisse reluquer Matar au déjeuner.
Cela me fit du bien quand même de sortir un peu avec la maman...elles sont tellement intéressantes, mais elles ne parlent que de mariage, surtout tata Ami.
- Alors ma fille, à quand le beau jour bama féye Daba téranga bimouma lébale, kone nga khamené ame nga yaye diou mate yaye waye.
Elle pense déjà à la cérémonie de mon mariage pour qu'elle me fasse autant de cadeaux que ma mère, Daba, en avait fait à sa fille khare khouma.
- Yalla bakhe na tata, continue de prier rek. Ma mère, elle est tout sourire.
On discuta de tout et de rien, elles parlaient de la dernière fois que ma mère était allée à la Mecque, les derniers bijoux India sortis, la tontine à laquelle elles faisaient parties etc. Vraies femmes sénégalaises quoi.

Je retournai au bureau pour passer un après-midi tranquille, qui passa vite.
A la descente, je rentrais avec Anta et on était coincée dans des embouteillages terribles, je me mirais dans mon rétroviseur quand j'aperçus Matar qui était juste derrière moi, il était dans une Nissan Juke Rouge, je détestais cette voiture jusqu'à ce que je le vois dedans. Mon cœur se mit immédiatement à battre la chamade, cependant je le voyais accompagné d'une jeune femme, je ne pense même pas qu'il m'ait aperçue.

Anta me donna une tape en me disant, gossette la file avance. Je lui souris et avance à mon tour espérant juste qu'elle n'avait rien remarqué, elle est assez discrète comme personne.
- lol, je vois que tu as remarqué Matar. Je lui lance un regard interrogateur.
- Je ne parle pas beaucoup ma chère mais je ne suis pas aveugle. En plus on a toutes remarquées le fameux thiof (beau gosse). Et t'inquiète la femme avec lui est son collègue, il la dépose des fois, en plus elle est mariée.

- lol...hein tu en as des renseignements. 

Je n'y crois pas totalement quand même, il est trop mignon pour être célibataire, en plus comment peut elle connaitre les détails de sa vie ?

- il bosse ici depuis 7 mois, il est célibataire et est très timide, il est assez courtois mais un peu réservé. Je ne l'avais pas vu regarder qui que ce soit jusqu'à ton arrivée.
- là je freine presque. Moi ? Mais non tu te fais des idées. Je sais que je ne suis pas sincère avec moi-même, je fais la folle wouai...mais au fond je suis heureuse, donc je ne suis pas folle, je ne me fais pas d'idées.
- on verra bien....elle rit de bon cœur.

Mais je choisis de ne pas relever sur cette note, je suis encore nouvelle et je ne connais pas encore sa personnalité, je préfère ne pas me dévoiler. Elle me fait signe qu'on arrive à la sortie qui mène à son quartier ...Je signale à droite pour prendre la route que j'ai failli rater, mais au moment où je tournais une voiture venait de la ligne de droite et je ne l'avais pas vu du tout, je freine brusquement même si je la brosse un peu sur l'aile gauche.

Je me penche pour jeter un coup d'œil au chauffeur qui n'est tout autre que Matar !  


Chronique d'Aisha - Conféssions Intimes: L'inconnu au regard de braiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant