Partie 23

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Demander la bénédiction du père de votre future épouse avant d'emprunter les chemins du mariage, est vraiment un signe de respect. S'adresser à ce dernier dénote une sincérité dans ses intentions et traduit le fait que l'on soit un vrai gentleman. C'est une tradition importante, un rite de passage, « a bonding experience » (une expérience d'attachement émotif) entre le gendre et le futur beau-père. Et bien sûr en tant que femme, je pense que « it's a very sweet gesture » (comportement attentionné).

Ce n'est certes pas une tâche facile. L'expérience peut faire de tout homme une épave nerveuse, même le plus vaillant.
Regardant toujours par la fenêtre, je me rends compte que Matar « is sweating bullets » (suer à grosses goutes)! Le pauvre chou. J'ai tellement pitié de lui en ce moment mais je suis aussi tellement fière de lui que je ne sais que faire. Je ferme brièvement les yeux, priant les cieux qu'ils fassent que cette expérience soit supportable pour lui, sinon même, agréable.

Je recule un peu de la fenêtre pour ne pas attirer leur attention sur moi et lève les épaules en regardant Bijou. Elle secoue la tête, me lançant un « oui, tu parles. Continues, fais celle qui n'est pas stressée ». Je ne réponds rien, car je sais que c'est peine perdue. Elle sait tout à fait que je suis stressée à mourir. Quand est ce que Matar a programmé cette visite ? Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé ? Que va dire mon père ? Je m'accrochais à mon sac et me dirigeais inconsciemment vers la chambre de ma mère. Oui j'avais besoin de la voir tout de suite.

Je tapais à la porte et rentrais dans la chambre, la trouvant allongée sur le lit, le téléphone à côté d'elle et tante Ami sur haut parleur. A voir le sourire de ma mère, je compris immédiatement qu'elle avait vu Matar. Ne voulant pas interrompre sa discussion, je lui fis signe que j'allais me changer, passant ma main sur mon front avant de retourner sur mes pas. Salut moi tante Ami lui lançais-je.
-D'accord, mais redescend quand tu auras fini. Faut qu'on parle.
J'étais dans ma chambre et je mis un temps fou à me déshabiller, à me rendre à la douche. Je ne savais pas du tout quoi faire. Je me posais milles et une questions sous la douche. J'optai pour un jeans et un t-shirt converse puis retournai voir ma mère.

Je la trouvais qui finissait juste de prier. Elle était assise sur sa natte. Son chapelet en main, elle me fit signe de m'assoir à ses côtés. Elle tend les mains vers moi et souffle dans les miennes en disant Amine. Elle me regardait avec amour et émotions.
-Ton père vient de retourner au salon. Matar est parti
-Ah. Je ne savais pas, je ne lui ai pas parlé.
Je jette un coup d'œil à mon téléphone. Pas d'appel, pas de message. Est-ce bon signe?
-Uhh, je ne savais pas qu'il était là.
-Ah il ne t'a pas dit qu'il allait passer voir papa ? C'est Yacine qui lui a donné le numéro de papa, il a appelé pour demander s'il pouvait le voir.
-Je restais bouche bée, ne sachant pas trop quoi dire à ma mère.
-On parlera plus en détail ton père et moi tout à l'heure. Mais tu sais qu'il est venu demander ta main à papa ?
Je fis signe de la tête. J'avais compris.
-OK. Papa lui a demandé d'envoyer ses parents. Je discutais avec Ami pour qu'elle m'aide un peu. On cherche à connaître la famille du petit. Papa lui a demandé d'où il était et il a expliqué un peu. C'est sur cette base là qu'Ami va appeler quelques personnes qu'on suspecte de connaître la famille de Matar.
-Oh mais je sais qu'il n'est pas casté. Non seulement je fais tout éviter ça, mais en plus il m'a déjà posé la question. Je ne sais plus si je t'en avais déjà parlé.
Pff en ce moment, je ne sais plus rien. Tellement je suis sur un nuage et en plus je suis un peu gênée avec maman.
-Ba wakh ngako guere bu seet wéthieu nga? (Lui as tu bien spécifié que tu es de sang noble ?)
-Oui bien-sûr. En plus il était avec quelqu'un de casté et ses parents n'avaient pas voulus de la relation.
Elle me regarde droit dans les yeux.

-Ma fille, Yalla moye toudeu séye (le mariage est d'ordre divin). En plus quand tu fais des sacrifices pour les parents, le bon Dieu te récompense.
Elle me sourit tendrement.
-Je suis encore plus rassurée. Non seulement kou ameu kilifa la (il respecte ses ainés), mais en plus kou dégueul ay wadjourame la (il respecte l'avis de ses parents). Yarouna, amna téguine (il est poli et respectueux), avec un beau sourire, des sourcils bien fournis machallah teint noir bou seet (bon teint) et de beaux yeux.
-Hiiiiiiiiiiiiii maman ??? Wipliwwww yawitam kholeu ngako ak dolé dé. (Tu l'as bien reluqué hein)
-Mooowaye, ki doumako...wayowe, man nguen fiiré? Yoweu méyégugnoula sakh nguey yékati sa fouroufara bi ni. Kholale sa kanam. Xalébilé mané ngua watié sa kholeu, affaire bi ndank ndank la. Mdr (non mais celle là elle mérite une bonne baffe. Tu me jalouses, moi ? Toi on ne t'a pas encore mariée, et là tu montes déjà sur tes grands chevaux. Regardes toi. Jeune fille calmes toi, la chose là c'est petit à petit, c'est un marathon, pas une course de vitesse. Mdr)

Chronique d'Aisha - Conféssions Intimes: L'inconnu au regard de braiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant