Part 16

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Je me levais sans un mot incapable de parler. Ça fait moins de cinq minutes que je suis arrivée mais « it feels like ages» (c'est comme si ça faisait des lustres).

-Je dois y aller. Je suis venue pour te dire qu'il n'y a jamais rien eu entre nous et il n'y aura jamais rien. Comme je te l'ai déjà dit, j'ai quelqu'un dans ma vie...Tu t'es mépris...
-Aisha ? Mais où vas-tu ?

Sans un regard pour lui, je me dirige vers la sortie courant presque, mon téléphone dans une main, mon sac accroché à mon coude.

Matar est toujours là, mais ne dit mot. J'ouvre la portière et m'installe devant le volant. Je sais qu'il sait, je sais qu'il a tout entendu.
Assise dans la voiture, je vois IBD dans le rétroviseur, puis démarre en trombe avant qu'il n'arrive à mon niveau. Mes pensées se bousculent dans ma tête, je regarde le téléphone il est toujours là...je le mets sur haut parleur et diminue le volume de la radio dans la voiture. J'ouvre la bouche pour parler mais aucun son n'en sort. « Am I being cursed ? » Pourquoi a-t-il fallu que je l'appelle justement à cet instant précis? Comment vais-je m'en sortir de cet engrenage encore une fois ? Que dois-je dire ? Surtout après qu'on se soit expliqué sur la terrasse ? J'avais peur qu'il se fâche si je lui parlais du baiser et du harcèlement d'IBD. Voilà pourquoi je me suis abstenue de lui en parler. Je voulais éviter tout quiproquo et il a fallu que ça se termine comme ça. Que mes craintes deviennent réalité. Ou devrais-je dire que la réalité soit pire que mes craintes.
Je jette un autre coup d'œil au téléphone et me rend compte qu'il avait raccroché. Je ne sais pas si je devrais respirer un coup pour le peu de répit que j'ai ou si je devrais d'ores et déjà paniquer.

Je pique chez lui. Arrivée en bas de l'immeuble, je me gare à côté de la Juke de Matar, éteins le contact de la voiture et reste sur place pendant quelques minutes, pour m'armer encore plus de courage. Je me regardais à travers le rétroviseur, le visage serein, reflétant la douleur que je ressens, les yeux secs, le regard hagard quand mon téléphone se mit à vibrer encore et encore. Mon cœur sauta un battement, non ce n'était pas Matar mais IBD qui m'appelait. J'annulais l'appel, éteignais mon téléphone puis le fourrais dans mon sac.

Je sonnais pour la troisième fois quand Matar ouvrit la porte, son visage n'exprimait alors aucun sentiment jusqu'à ce qu'il me regarde droit dans les yeux. Il était en « sweat pants » gris et t-shirt « kirkland » blanc, et apparemment, ne s'attendait pas du tout à ma visite. Je vis alors la douleur dans son regard ainsi qu'une pointe de dégout. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Je sentis donc toute la tension accumulée depuis moins d'une heure, mes yeux me picotaient puis une larme me glissa sur la joue.

Sans un regard pour moi, il se retourna et me laissa à la porte.

J'entrai enfin dans l'appartement et refermai la porte derrière moi. Au moins il ne m'a pas fermé cette dernière au nez. Il s'est abstenu de m'inviter chez lui, mais ne m'a pas mise à la porte non plus. C'est un début, cela veut peut être dire qu'il est très enclin à écouter. Je me décide enfin de m'aventurer dans l'appartement. Il n'est pas dans le salon...devrais je aller voir dans la chambre ? Hésitante, je pose mon sac sur la table et me dirige d'un pas décidé vers la chambre...Celle-ci est vide...mais le « sweat pants » et le t-shirt qu'il portait trônaient fièrement sur le lit. Je m'approchais alors, saisissant son t-shirt, je m'accrochais à lui comme on s'accroche à une bouée de sauvetage, inhalant son parfum à grands coups. God, comme j'aime cet homme...et là je viens de tout foirer, pour une omission, même pas pour un mensonge mais une omission, « for goodness' sake ». Il doit certainement être entrain de se doucher, ce qui explique les habits sur le lit.

Je retourne au salon et m'allonge sur le canapé. Ce même canapé qui détient tant de souvenirs, je me rappelle de notre movie night, où il m'a tellement fait plaisir, que je finis par m'accrocher à lui aussi indécemment que possible en lançant une supplique dévergondée l'incitant à me « prendre ». Mais aujourd'hui, ce sera une toute autre supplique que je lancerai....lui demandant de bien vouloir me « reprendre », si jamais il m'avait lâché.

Chronique d'Aisha - Conféssions Intimes: L'inconnu au regard de braiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant