Partie 28

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Je prenais ma douche, espérant faire durer ce moment le plus longtemps possible. Le fait de sentir l'eau couler sur moi m'apaisait un peu. J'aurais tout donné pour pouvoir faire ruisseler l'eau sur ma tête. Mais on allait juste me massacrer, on a mis un temps fou à mettre mes cheveux en état pour aller au plus vite ce matin. Et mon tissage était tout neuf en plus.
Je me suis réveillée trente minutes avant que le réveil ne sonne. Je ne sais même pas comment j'ai fais pour sombrer dans un sommeil profond, ce doit être la fatigue accumulée ces derniers jours. J'essayais de me rappeler des conseils de Vivi, mais j'avais l'impression que mon IQ avait chuté de 50 points !
L'eau qui me passa par le nez me ramena à la réalité. A force de rêvasser, j'avais élevée la tête sans m'en rendre compte.
Je n'entendais encore aucun bruit dans la maison, soit tout le monde dormait encore, ce qui m'étonnerait vraiment, soit je suis un peu trop à l'écart pour entendre le moindre bruit venant de la maison.
Je portais une robe en lin blanc qui m'arrivait aux chevilles avec des manches trois quart, un col en V et deux fentes sur le coté.
Je saisis mon sac et mon téléphone pour faire signe à Fabienne, quand je vis deux appels en absence ! Elle dort celle-là ? Comme je ne répondais pas, vu que j'étais sous la douche, elle m'envoya un texto.
-J'espère que tu es entrain de te doucher. Fais signe quand tu auras fini. Ta porte est fermée à clef. Ne descends pas, je monte t'apporter le petit déjeuner.
Non mais, elle est sérieuse la ? Je l'appelle et elle décroche à la première sonnerie.
-Sa sangou bi yague na ??? Ouvres la porte, j'arrive comme ca sur ton seuil.
Je raccrochais sans faire de commentaire.
Dès que j'ouvris la porte, elle me tomba dans les bras.
-Woooo Madame Bah, teye la teye
-lol tu es malade. Il reste plus de 8 heures...
-Peu importe. Tiens je t'ai ramené des croissants et je t'ai fait du thé en bas, earl grey with a hint of lemon and some maple syrop. Good day scrumptious.
-Merci Fabi, je ne saurais que faire sans toi.
Nous rentrions donc dans le salon et nous installions pour déjeuner.
-Il y a déjà tes tantes qui sont là, afin, celles qui n'ont pas passé la nuit. J'ai vu deux pick up garés qui descendaient du matériel. Ils se sont installés dans le terrain vide pas loin, disait Fabi tout en mangeant.
Je restais silencieuse, prenant juste mon petit déjeuner, avant d'aller au salon de coiffure. On avait rendez-vous à 9 heures, donc il restait pas mal de temps avant qu'on ait à quitter.
J'avais proposé à Fabienne de passer la nuit à la maison, mais elle avait refusé, prétextant que j'avais besoin de passer ma dernière nuit en temps que célibataire, seule. Elle n'avait pas tort. Cette nuit fut des plus émotionnelles, même si j'avais sombré dans un sommeil profond, je m'étais accrochée à mon oreiller comme à une bouée de sauvetage.
En quittant la maison, je voyais tout au long des escaliers, des bouquets de roses beiges (en plastique, qui ressemblait à du vrai). Certains étaient attachés avec des rubans dorés, d'autres avec des rubans taupes. Quelques tulipes à tiges vertes donnaient un air de réalité à ses fleurs magnifiques. Un tapis recouvrant le centre des escaliers dans du beige foncé avec des reflets oranges très clairs donnait au look un air très château. On était en plein jour, mais la décoration serait vraiment à couper le souffle le soir tombé, quand on éclairera la maison.
On avait prévu un buffet pour le soir et le patio était déjà décoré. Des tables couverts de blanc occupaient le long du mur. Aux pieds de ces dernières, on avait disposé les mêmes fleurs que sur les escaliers. Il y aura un display de fruits comme dans « edible arrangements » puis bien sûr les mets seront disposés dans des plateaux chauffants et racks pour buffet.
Des faux bouquets de Lylas étaient accrochés à chaque coin de balcon, attachés avec un ruban beige.
Le décorateur y était vraiment allé très fort. Les idées qu'on a eues étaient magnifiques en pensées mais le fait qu'il ait pu rendre mon rêve réel était juste inimaginable. Je me demandais si la décoration allait tenir toute la journée quand Fabienne me lança en souriant :
-tu n'as pas besoin d'avoir ce regard inquiet. La décoration tiendra, il y aura des serveurs pour le déjeuner et il y a en aura un dans les escaliers à chaque niveau, pour s'assurer que les enfants ne tirent pas sur la décoration. Ces mêmes serveurs s'assureront de la bonne tenue du buffet. Il y en aura qui guideront les gens pour prendre des couverts, d'autres qui assureront le service et aussi d'autres qui s'assureront que la file continue de manière fluide après que les gens se soient servis. Les invités rentreront du côté gauche et sortiront par le côté droit pour éviter la bousculade. Nous allons disposer des chaises rouges aux contours dorés dans toute la maison, sur les balcons, tout au long des couloirs etc.
J'avais prévenu mes invités que je recevais le soir, donc seules mes amies proches et quelques cousines seraient là pendant la journée. Ma mère m'avait prévenue que ses amies passeraient la journée mais qu'elle sera installée dans une tente en dehors de la maison. Elle y sera le soir venu aussi, à faire les histoires de femmes (teranga), pendant que nous les jeunes célèbrerons dans la maison.
Dans le grand salon, tous les meubles étaient déplacés. Je me demande où on les avait amenés. Un grand lit banquette vintage avec deux coussins rose et jaune pastel à motifs floraux ainsi qu'un grand bouquet de fleurs fraiches trônaient majestueusement dans le salon. Deux coffee table en verre prenaient place de chaque côté de la banquette. Sur ces dernières étaient posées des bougies beiges à fleurs dorées parfumées à la lavande et à la vanille. Un tapis énorme beige reposait sur le marbre du salon et tous les spots de ce dernier étaient allumés.
Je souriais tout simplement contente du résultat final et espérais que la journée se passerait bien. J'avais vu maman et les tatas avant d'aller au salon et elles commençaient déjà à chanter. En me couchant la veille je m'étais promis que j'allais tout faire pour ne pas pleurer et ruiner mon maquillage mais même avant de quitter la maison ma mère trouva le moyen de me faire verser quelques larmes.
On marchait vers l'entrée de la maison quand elle s'approcha de moi pour me rassurer et me dire que tout ira bien inchallah.
- Ma gui ley nianal sa seye bi bou naré nakari Yalla na melni sama boss. (Je pris pour ton mariage, ma fille, je pris que tu sois au moins aussi heureuse que moi). Ce qui était tout le mal qu'elle me souhaitait machallah. Je ne savais pas quoi dire, je tombais juste dans ses bras quand j'entendis des « héé hooo...yow tamit Daba boul def ni so defé nii xalebi dafey craquer ». (Daba ne pleure pas, tu vas la faire pleurer aussi).
Je quittais ses bras pour sortir de la maison en vitesse avant d'éclater carrément en sanglots. Fabienne sentant mon désarroi me fit juste un câlin et commença à parler d'autre chose pour me donner un peu le change. Bijou était dans la voiture aussi et semblait aussi émotionnelle que moi. On devait retrouver les Soso et Yas au salon de coiffure et je devais revenir vers 11 heures pour ma première tenue. Yacine était à la maison hier soir et je ne sais même pas à quelle heure elle a quitté la pauvre. J'étais allée au lit la laissant avec maman et les autres tatas. Cheuuu sey mo meti, regardez-moi yacine, c'est parce que mofi goro mo takh mou tok fi ba heure bi ndeysan.
Fabienne parlait mais je l'écoutais d'une oreille distraite repensant aux derniers jours avant le mariage. J'avais fait comme elle a dit, tout le monde au bureau était super content, Anta n'en revenait pas, me disant que j'avais fauché pour de vrai, le célibataire le plus prisé de l'immeuble. Falilou faisait pleins de blagues sur la vie de femme mariée et comment l'allier avec notre boulot et Mariétou elle prenait mon parti m'assurant qu'elle s'en sortait et que je m'en sortirais comme toutes les autres inchallah. Anta m'avait pris à part pour me demander des nouvelles de Ndeye Astou. Tiens, elle a complètement disparu celle la, depuis qu'on s'était rencontrées au supermarché. Je lui dis que j'avais plus de nouvelles et que c'était tant mieux, qu'apparemment elle avait compris que Matar avait bel et bien tourné la page et que je lui souhaitais de rencontrer un homme bon qui pouvait la combler et la rendre aussi heureuse que je le suis, sinon même plus. Je lui demandais des nouvelles de Nelson et comme elle dit, la distance ne facilite pas les choses mais ils se parlent quand même, et comme Nelson était intéressé par l'Afrique de l'ouest, qu'on ne savait jamais, il se pourrait qu'il vienne s'installer.
Trop de choses se sont passées au bureau, mais elle me promettait de m'en parler plus tard que pour le moment je n'avais qu'à me concentrer sur le mariage.
-Comment ca trop de choses ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je viens au boulot tous les jours.
-mooo ?? Toi-même tu sais que tu viens tous les jours pour y être, tu fais juste acte de présence ma chérie mais ta tête n'est pas ici, ce qui est tout à fait compréhensible. Tu crois que je ne t'ai pas vu avant-hier quand tu as pris des documents que tu étais sensée jeter à la poubelle, pour les agrafer et les classer dans un dossier avant de te rendre compte que c'était à jeter ? Tu les as déchirés avec tellement de hargne que je me suis trop marrée lool
J'éclatais de rire. Je me suis même pas rendue compte que quelqu'un m'avait vu. J'étais tellement énervée.
-Ba tey, tu y passeras aussi inchallah. T'inquiète. Je suis la sans être la key on en reparlera alors.
-Yow key haral rek, manila (attends un peu) fi ay scandale de qui a couché avec qui mofi am ! e te dits, ici en ce moment c'est des scandales de qui a couche avec qui.
-Mamadou kebe ! Tu es sérieuse la ?
-Non débat bobou khadjoul fi (ce n'est pas le moment), en plus c'est trop long ! yow attends à ton retour rek. Alors et la lune de miel ? Ca s'annonce où ?
-Non lolou affaire de grande personne la, bayil nonou rek (laisses béton) lol.
J'apprécie bien Anta, mais honnêtement je ne voudrais pas trop m'exposer à expliquer ou je devais aller etc. Et quoi qu'il en soit, on est collègues donc na def ndank rek mo geun wor (je me dois de faire doucement). Affaire de femme la on ne sait jamais. Il faut toujours garder certaines choses pour soit, seytaneh dafa bari dolé té (on ne sait jamais) jalousie existe. Soyons honnêtes. On peut partager certaines choses avec ses amies, et certaines peuvent penser que tu fais la maline. Genre, mofi moudjé am jeukeur di dosé nane ay Dubai etc, aka ay !!! Ou bien mo elle dit son mari lui a achète ci, lui achète ca, des boucles d'oreilles de chez Tiffany ? aka niémé Yalla bala lolou yeup di fi am mané moutt. (pff, c'est la dernière a se marier, elle fait la maline a parler de Dubai, pfff !!! Ou bien mo elle dit son mari lui a achète ci, lui achète ca, des boucles d'oreilles de chez Tiffany ? Comme elle exagère ! ) Des fois, nous doutons de choses qui existent bel et bien, et si la personne est assez tarée pour se jouer des films, bein c'est facile, faut la laisser dans son délire elle se réveillera un bon jour. Donc il vaudrait mieux ne pas trop exposer les cadeaux de son mari et autres, certaines se diront que ce n'est pas vrai, d'autres se diront que tu les nargues et que tu es snob, tu te montres etc.
J'étais perdue dans mes pensées quand on se gara finalement devant le salon, Vivi m'accueillit les bras ouverts et tout le salon se mit à me faire des câlins etc. On mit presque 30mns à s'installer etc, faire du café, du thé, tu veux du jus, papoter etc. Je comprends maintenant pourquoi les femmes font des lustres au salon de coiffure. Même si j'ai fait ma séance de mani-pedi, gommage, soin du visage, et que j'ai même fais mon tissage bien avant aujourd'hui, on ne risque pas de finir avant midi. Les yacine étaient déjà présentes ainsi que Soso et toutes les autres. Il y avait deux autres mariées, l'une d'entre elle était très élancée et elle expliquait tout le mal qu'elle a eu pour avoir des chaussures. Elle a du commander des chaussures sur mesures parce qu'elle voulait des flats mais qu'elle n'en voyait pas à son gout.
Je rendais grâce à Dieu car je n'ai pas vraiment eu de problèmes de chaussures. Déjà que je porte du 37 et j'ai eu l'embarras du choix en devant choisir entre Kate Spade, Stuart Weitzman, Something Bleu, Badgley Mischka, et Benjamin Adams. J'avais alors opté pour du Kate Spade toute la journée.
Je quittais enfin le salon de coiffure, bien après l'heure prévue bien sûr, toutes les filles maquillées et au top. J'étais en jupe pagne taille basse en shantoum rose orange avec quelques reflets jaunâtres accompagnée d'open toe sandals with fabulous embelishment pêche avec un petit clutch assorti. Comme convenu avec Vivi, j'avais opté pour un maquillage nude et des lèvres nudes ainsi que mon vernis, vu que mes couleurs étaient assez vives.

Chronique d'Aisha - Conféssions Intimes: L'inconnu au regard de braiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant