Elle m'observe de la tête aux pieds, feignant l'indifférence, même si je lisais bien un peu « d'admiration » dans son regard. Je ne sais que penser, toutes sortes de scénarios me traversent l'esprit.
-Salut Ndeye Astou.
M'attrapant par le coude, il la contourne pour passer, je le suis sans faire de commentaires même si je me sentais comme tétanisée par la rencontre, j'appréciais le fait qu'il me guide et ignore royalement la femme.
-Tu n'as pas répondu à ma question disait la fille qui s'était retournée comme nous venions de la dépasser.
Il s'arrêta net, sans crier gare, je m'arrêtais donc brusquement.
- J'apprécierai bien que tu t'abstiennes de tout scandale, stp ! Rentres, on parlera plus tard, même si au fond je n'ai pas à répondre à ta question.
J'étais intriguée par sa réponse et surtout par le son de sa voix, j'y sentais comme de l'affection ! Sérieux ? Tous mes sens étaient en éveil, ma curiosité piquée au vif ! En plus il ne m'a même pas présenté. Mais qu'aurait-il dit d'ailleurs ?
-De toute façon, je n'ai pas l'intention de me rabaisser devant n'importe qui, tu me connais bien non, disait-elle en me toisant avec hauteur.
Matar soupira d'impatience et secoua la tête, il passa sa main à ma taille pour me faire passer devant lui. Je sentais sa main dans mon dos, mais j'étais prise d'un sentiment inconnu. Pourquoi ce comportement et qui était cette fille, je ne comprends pas l'absence de « froideur » ? Ne ferait-il pas mieux de lui dire ses quatre vérités et de s'en aller, au lieu d'être aussi calme ?
-Ah tu es là pupuce, je suis passée aux toilettes, disait une femme qui s'approchait de notre petit groupe d'un air jovial. Elle aperçut Matar.
- Hey salut toi, mais Matar ça fait un bail...s'approchant pour lui faire la bise.
Passant son regard de Matar à moi, elle eut comme un éclair qui passa dans son regard.
-Salut Yacine lui répondit il avec un sourire franc.
Elle se tourna vers moi pour me saluer. J'adore vos chaussures me disait-elle, en fait j'adore ce que vos portez, jolies couleurs en tout cas, tout sourire.
Je la remerciais, elle au moins était civilisée !
-Non mais Yass ? Ndeye Astou avait le visage aussi décomposé qu'une actrice de «resident evil » et regardait son amie avec humeur.
-Quoi ? niit sou sagnessé doumako wakheu ? (je ne peux faire de compliments à quelqu'un de bien habillé ?)Matar choisit ce moment pour prendre congé. Il était temps ! A ce moment, Yacine scruta Ndeye Astou d'un air furieux. Donc il est peu probable qu'elle soit juste un simple membre de sa famille.
Elles prirent l'ascenseur quand nous nous dirigeâmes vers la terrasse.J'étais affreusement silencieuse après qu'on ait passé nos commandes. On opta pour une assiette de fromage (tête de moine, comté et camembert). Matar prit un cocktail « Sow Island » (Ananas frais, fruits de la passion, eau gazeuse et menthe fraîche) alors que j'avais flashé sur le cocktail « Exotic » (Abricot, ananas, mangue, banane).
Je sais, j'avais un regard lourd de sous entendus qui exprimait frustration et désir. Frustration car je n'avais aucune idée de l'identité de cette fille qui se croyait tout permis avec lui et désir car tout avait si bien commencé.....Il m'observe de ce regard qui a l'habitude de me dérouter. Il soupire et me fixant toujours...
-Tu sais, ce qui m'a intrigué et attiré chez toi dès que je t'ai vu ? C'est la capacité que j'ai à lire dans ton regard comme dans un livre.
-Je dirais la même chose de toi. Et mon regard dit quoi en ce moment ?
-Pour être franc avec toi, j'ai passé tout le reste de la journée à penser à cette rencontre, j'ai pensé à un bon multiple de scénarios possibles...les uns plus intéressants que les autres, mais jamais je n'aurais imaginé la tournure qu'elle a prise.Il sourit machinalement. Il avait toute mon attention, J'avis un coude posé sur la table, la main sous le menton. Il tira doucement sur ma main, pour poser mon bras sur la table. Nos doigts entrelacés, il m'observait avec insistance. Il allait parler quand le serveur s'approcha avec nos cocktails. Il n'en laissa pas ma main pour autant. De nouveaux seuls, il reprit la parole, je l'observais juste.
-En fait, Ndeye Astou est mon ex. Cela doit faire un peu plus de six mois qu'on s'est quittés.
Putain je le savais, je le savais, je le savais. Son ex ? Mais elle est culottée cette fille. S'ils ne sont plus ensemble pourquoi se permettait-elle de lui poser des questions de la sorte et de se comporter comme s'il la « trompait » ? Je lui lance un regard plus qu'interrogatif. Il me serre la main. En ce moment je me fous vraiment des histoires de mains entrelacées sitôt, je veux juste savoir ce qui les liait toujours, pour qu'il soit aussi « tolérant » avec elle. C'aurait été moi, j'aurai fait un scandale...vous vous imaginez votre ex oser vous exposer de la sorte ? N'importe quoi.
-Ton « ex » dis-tu ? Appuyant sciemment sur le mot ex.
-On s'est quitté cela fait maintenant un peu plus de 6 mois. Elle ne l'a pas très bien pris et a eu à faire quelques esclandres à chaque fois qu'on se rencontrait quelque part. Elle s'était mise à l'esprit que c'était juste une phase qui allait me passer et que tout reviendrait à la « normale » bientôt....comme elle me voyait avec personne...elle ne désespérait certainement pas, jusqu'à aujourd'hui, heureusement que Yacine, sa cousine était là.
-Vous avez duré ensemble ? Je lui posais la question pour mesurer un peu le pourquoi la fille ne désespérait pas, peut être qu'ils avaient faits des lustres ensemble. En plus je viens de sortir d'une relation il ya quelques mois, je n'ai vraiment pas envie de vivre un autre épisode de Gossip girl quoi !
-A peu près 3 ans....tu n'as pas à t'en faire, c'est de l'histoire ancienne. La fin a été un peu compliquée, tirée par les cheveux. Il n'y a pas moyen qu'on se remette ensemble, ma famille a été catégoriquement contre notre union, pour une histoire de castes (au Sénégal, il existe différents castes qui sont classés par ordre de noblesse, et bien sûr la noblesse refuse les unions avec les moins nobles et les roturiers/roturières, foutaise).
-Donc voilà, je préfère ne plus revenir dessus.
Mon cœur sauta un battement quand il parla de caste. Je le regardais, ne sachant que penser, c'était lui le casté ou était-ce elle ? Ah non, il est Bah...je ne pense pas qu'il y ait de Bah casté. Si c'est sa famille qui était contre donc c'est elle qui devait être castée. Personnellement je suis contre ces histoires mais ma famille est carrément à cheval sur ça. Alors pourquoi ne m'a-t-il pas posé la question ? Ou peut être que c'était le pourquoi de cette rencontre ?
-Alors pourquoi ne pas m'avoir posé la question ?
-Mdr...tu es sérieuse ? On vient juste de s'asseoir toi et moi. Depuis qu'on se connait, c'est la première fois qu'on a une conversation réelle, même si j'ai l'impression de te connaître depuis toujours. Et non ce n'est pas le pourquoi de cette rencontre....Je sais que tu ne l'es pas.
-Tu es sérieux ? C'est à mon tour maintenant d'être étonné.
-lol...j'ai un ami qui travaille à l'APIX, je lui ai parlé de toi, vite fait (il rajoute le vite fait pour faire genre, c'est ça wouai). Je t'ai décrite et je lui ai dit où tu travaillais, il a dit qu'il te voyait des fois à l'APIX...
-Parce que ma mère travaille là bas, rajoutais-je
-Oui et il connait ta mère donc il connait un peu ta famille. Ne le prends pas mal, mais je fais tout pour éviter ça, personnellement je suis contre, mais ma famille est très à cheval sur le sujet...tu connais les Hal pulaar. Alors et si on apprenait à se connaitre, dit il d'un air plus jovial.
Je suis un peu étonnée qu'il ait parlé de notre rencontre à quelqu'un, moi même je mourrai d'envie d'en parler à mes amies mais on ne s'est pas vus depuis un mois, d'ailleurs on se fait un déjeuner demain...ça sera l'occasion.
-Je continue donc dit-il, comme je gardais le silence, trop occupée à penser. Je m'appelle Matar Bah, j'ai 32 ans, je travaille à l'organisation mondiale de la santé comme « National Program Management Officer », j'ai fait mes études au Canada et j'ai qu'un seul hobby, le sport !
-Ah, 100% masculin à ce que je vois. En fait, quand je lui ai fais cette remarque, c'était sans sous entendus aucun, mais le regard qu'il me lança me réchauffa l'âme !
-100% homme ? tu n'as encore rien vu...Attends un peu de voir lol...
Je lui parlais un peu de moi à mon tour. On eut une conservation des plus agréables...on dégustait l'assiette de fromages, parlait de tout et de rien quand il prit tout à coup un air tellement sérieux, aussi sérieux que quelqu'un qui s'apprêtait à passer une main décisive dans un jeu de poker.
-Tu sais Aisha, je sais qu'on se connait à peine, mais tu me plais beaucoup. Je ne sais pas où tout ça (en nous désignant tour à tour) va mener, mais j'aimerai bien « give it a shot » comme on dit chez toi. Je t'apprécie encore plus chaque minute qui passe. Tu n'es pas sans savoir qu'on est super attiré l'un par l'autre, je ne te cache pas que tu es super sexy et class et j'adore, en plus tu as le sens de la conversation.
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Chronique d'Aisha - Conféssions Intimes: L'inconnu au regard de braise
RomanceJ'ai connue l'amour à travers un regard de braise......Jamais je n'avais cru qu'une passion innouie m'habitait...j'usqu'à ce que je recontre cet homme....