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J'examine le brun en face de moi. Il me faut quelques secondes de réflexion pour le reconnaître.
- Hey Harry. Ça fais longtemps dis donc.
- Oui.
Il se reconcentre sur le cour sans rien ajouter de plus. Monsieur est donc un intello qui ne parle jamais en cour et avec qui on s'ennuie. Pourquoi je suis là moi ? Il mordille le bout de son crayon de bois ce qui fait ressortir ses putains de fossettes. Je ne peux m'empêcher de le regarder pendant de longues minutes. Lorsqu'il tourne sa tête je tourne la mienne à toute vitesse, faisant style d'écouter le cour. Je sens la honte monter en moi quand il me regarde sans relâche jusqu'à ce que je le regarde une seconde fois, ce que je ne ferais pas.
- Tu me matais là ?
Je joue avec mes cheveux pour cacher ma gêne.
- Non.
- Tu regardais quoi alors ?
- Ton crayon de bois. Je pense que j'ai le même. ( je fouille dans ma trousse et en sors mon crayon de bois jaune. ) Tu vois ? C'est les mêmes.
Il pousse un rire moqueur et reporte son attention sur le cour d'un ennuie mortel. Je pousse un long soupire.
- Je m'ennuie.
- Écoute, le temps passera plus vite.
- Mais j'entends rien d'ici.
- J'entends très bien moi.
- T'es surtout très chiant toi.
Je me pivote pour faire en sorte de lui tourner le dos. J'ouvre mon cahier et je griffonne ce qui me passe par la tête. C'est généralement ce que je fais quand je m'ennuie. Je dessine une femme, cette femme. Celle que je vois dans mes rêves, celle qui me caresse les cheveux pour me réveiller et qui m'embrasse le front.
-Amy..
Je sens un coup de coude et lorsque je me redresse je tombe nez à nez avec la prof, Madame Vrina.
- Eh bien, eh bien. Mon cour ne vous intéresse pas mademoiselle Clark ?
- Bien au contraire. Je n'entends juste rien de ce que vous dites.
- Si vous n'auriez pas pensé qu'à vos hormones vous seriez au premier rang et non pas à côté de ce jeune homme.
Les autres élèves présents se mirent tous à rire. Lorsque je regarde autour de moi et que je vois toutes ces personnes qui me regarde je sens la chaleur me monter à la tête et je sais déjà qu'en ce moment même mes joues sont rouges. En quelques secondes je comprends le sens des paroles de la professeur. Je ne vais sûrement pas me laisser rabattre ainsi. Je reprends mon crayon de bois en main afin de continuer mon griffonnage.
- Mais dite moi que je rêve. Je vous dérange peut-être ? Si vous voulez dessiner ce n'est pas le bon cour la porte est par là !
Elle montre du doigts la porte qui est juste à côté. Je lève la tête, un sourire joueur sur les lèvres.
- Oh merci, je ne l'avais pas vue.
Je prends mes affaires et je me dirige vers la porte. Avant de sortir je regarde une dernière fois Vrina et lui adresse un signe de tête ainsi qu'un 'bonne journée'. Je claque la porte, fière de ne pas mettre laisser faire par une prof qui en a contre moi sans aucune raison valable. Je sors et me pose au pied de l'arbre, le même pour lequel Louis et moi nous posons pour discuter. J'ai deux heures de religion de l'Égypte et ensuite je n'ai pas cours avant seize heures ce qui me laisse largement le temps de faire ce que je veux. Je sors le livre que j'ai mis dans mon sac comme à mon habitude et je le commence.
La sonnerie me fait sursauter. Voici maintenant deux heures que je lis. Je range mon livre, je me lève et je me dirige vers les toilettes. Je rentre dans l'une des cabine au même moment où un groupe de filles entre dans les toilettes.
- Moi je trouve que Stéphanie profite de sa beauté. Attend rien que l'année dernière elle s'est tapée Drake, Leno, Sami, Zack, Chris, Jay...
- Louis aussi, ajoute une voix que je connais.
- C'est qui Louis ?
- Le capitaine de l'équipe de foot du bahut, très populaire, tu devrais le connaître.
- Non je vois vraiment pas qui c'est.
- On te le montrera plus tard.
- Ah oui on les avait pas chopé dans les vestiaires ? Ajoute une nouvelle fille.
- Si, si.
- En parlant de Louis, ça fait longtemps qu'on l'a pas vue en couple, je veux dire avant a chaque fois qu'on voyait Louis il avait sa langue dans la bouche d'une fille différente.
- Il est pas en couple avec toi El' ?
- Non, t'façon c'est qu'un bouffon et entre nous, elle est pas exceptionnelle.
Elles se mettent toutes à ricaner et je tend un peu plus l'oreille pour mieux entendre.
- D'ailleurs, c'est qui la fille avec qui il est toujours ?
- C'est sa voisine, la nouvelle. Elle s'appelle Amy.
À l'entente de mon nom, mon rythme cardiaque accélère.
- C'est pas celle qui s'est faite renvoyer par Vrina ?
- Si.
- Elle a déjà une sacrée réputation elle.
- Mais pourquoi Louis reste avec elle ? C'est pas son genre de rester avec des thons.
- Il a juste pitié comme tout le monde, il me l'a dit. Comme ses parents connaissent ceux d'Amy faut bien faire focul.
- Ah je comprend mieux.
Elles rigolent à la réflexion d'Eleanor et soudain le silence résonne dans les toilettes. Je sors de la cabine, abasourdie par tout ce que je viens d'entendre. Je fixe mon reflet dans le miroir comme pour trouver ce qui cloche chez moi. Eleanor n'est donc pas vraiment mon amie, Louis non plus et sans doute tout les autres. Je sors mon gsm et j'ouvre la galerie. La dernière chose que j'ai prise date de hier soir, une vidéo de Louis chantant et dansant sur Grease. Les paroles résonnent dans ma tête comme une trahison. Une larme tombe sur mon écran puis, petit à petit, je m'effondre totalement. Avant d'arriver sur ce continent j'étais plutôt solitaire, mes seuls amis étaient des livres. Je pensais qu'une nouvelle ville dans laquelle je ne connaissais personne était idéale pour changer, avoir des amis, sortir le soir au lieu de manger devant une série. Comment ai-je pu croire à un futur si beau en sachant qu'il était impossible. La LED de mon téléphone clignote me signalant que j'ai reçu un sms. Mes larmes me brouillent la vue mais j'arrive tout de même à lire le message.
< T'es où mon chou ? J'en peux plus des cours. >
Je relis plusieurs fois le message. Quand je vois la manière dont il me parle j'ai du mal à croire qu'il ai pitié de moi mais ma conscience revient vite, me rappelant la conversation d'Eleanor et de ses amies. Deux filles que j'ai déjà aperçu dans l'enceinte de l'établissement entre dans les toilettes me trouvant assise par terre, le maquillage dégoulinant sur mes joues. Je me lève, essuyant le plus de maquillage possible et quitte les toilettes sous le regard interrogateur des deux étudiantes. Mon téléphone clignote encore une fois mais je le met sur le mode avion. La cour est pleine de monde. Pourquoi faut-il que personne n'est cour quand j'ai besoin d'être seule. Je marche à une allure rapide, en fuyant le regard de tout le monde. Je passe devant l'arbre au pied duquel j'étais il y a de ça une dizaine de minutes. Mes larmes sortent par centaines lorsque je repense à tout les fou-rire qui ont eux lui ici.
- Hey Amy comment tu vas ?
Je sursaute et me retourne violemment pour voir mon interlocuteur. Il s'agit de Niall. Je le regarde perplexe pendant une demie seconde ensuite tout va très vite. Je me retourne et me met à courir comme jamais, comme si ma vie en dépendait. J'arrive très vite jusqu'à chez moi. Je rentre dans mon jardin et me laisse tomber dans l'herbe de l'allée qui mène jusqu'à la porte. J'évacue toute la rage, la tristesse, la déception que j'ai en moi en pleurant, allongé dans l'herbe fraiche. Pleurer n'arrangera rien mais on m'a toujours dit que ça aide intérieurement à gérer la situation. En trois semaines il s'est passée des choses extraordinaire. J'ai rencontré Louis avec qui j'ai tissé des liens hors du communs, ensuite il y a eu tout ses potes puis Clara. J'avais réussi à m'intégrer, enfin je pensais y être arrivée. Je ne compte donc pour personne, je resterais à jamais la fille solitaire, rejetée par tout le monde. Un footballeur, pas n'importe le quel, le plus connu de toute la fac mais où avais-je la tête ? Je me relève après une trentaine de minutes à me morfondre sur mon sors, j'attrape mon sac et me dirige vers le garage ou j'ai laissé ma voiture. Je m'assois au volant de celle-ci et sors mon téléphone. Je désactive le mode avion afin de vérifier mes messages. Ils sont au nombre de six provenant de Louis ainsi que deux appels manqués.
< Tu as fini ? >
< On se rejoint où ? >
< Je suis sous l'arbre >
< Amy ?? Qu'est-ce qui se passe ? Niall m'a dit qu'il t'a vue en pleure >
< Répond putain !! >
< AMY CLARK RÉPOND MOI >
Je pousse un rire moqueur. Il doit se douter que je connait la vérité, pour paniquer autant c'est la seule raison. J'allume le moteur ayant besoin de m'isoler afin d'assimiler tout ce qui s'est passé sans que je ne m'en doute. Mon téléphone vibre de nouveau.
< J'ai entrainement je ne peux pas partir à ta recherche maintenant. Comme je sais que tu ne vas pas répondre je ne m'éternise pas, mais ça m'énerve que tu m'évite comme ça, sans raison. >
Une larme déferle sur la joue mais je la balaye du revers de la main. J'ai déjà trop pleuré pour lui.

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