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Amy

Je me réveille en sursaut. Mon cœur palpite tellement fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. La balancelle me berce grâce au vent mais ça me donne la nausée plus qu'autre chose alors je décide de rentrer. Accoudée au bar de ma cuisine, face à la table sur laquelle nous étions ce soir et un verre de lait à la main je me remémore les événements de la veille. Moi qui pensais que tout était plus simple ici. C'est vrai d'une part. J'ai rencontré des gens extraordinaires, la ville est parfaite, les gens sont polies bien que toujours pressés, ma maison est juste surréaliste mais malgré tout ça j'ai l'impression d'être encore plus malheureuse qu'avant. Et je déteste ce sentiment. J'aimerai pouvoir dire à quelqu'un ' je vais bien ' en toute sincérité. Je pensais avoir dépassé le stade de la crise d'adolescence, mais à croire que celle de la vingtaine est pire que tout. Pire que tout pour quelqu'un qui ne peut pas choisir sa vie. La pièce s'éclaircit légèrement avec le soleil qui se lève. Il est déjà 6h et je n'ai presque pas dormi. J'ai d'énormes cernes et c'est à peine si je tiens debout. Et pour couronner le tout, dans deux heures j'ai cours. Traînant le pas, je monte prendre une douche.
Je redescend une heure plus tard. Je n'ai jamais mis autant de maquillage de ma vie. Je ressemble à tout ce que je n'ai jamais voulu être mais peu m'importe, tant que j'évite les réflexions et les questions. Personne n'est levé, ni ma mère ni mon père. Je le sais car je ne sens aucunes odeurs de cuisine et je n'entend pas une seules portes claquer comme le fait toujours mon père. Ils ont vraiment du s'amuser hier. Tant mieux pour eux si gâcher mon avenir les amusent. J'ai une heure d'avance mais je n'en ai rien à faire. Je prend mon sac et sors de chez moi en prenant soin de fermer la porte dans un grand fracas.
Le vent est toujours aussi glaciale que tôt ce matin et je sens à peine mes mains. Pourtant il est 7h30 passé et le soleil rayonne dans le ciel parsemait de nuage.
- Salut. Me lance une voix que je reconnais très vite. Celle d'Harry. Il porte un bonnet et je regrette de ne pas avoir fait la même chose.
- Toi aussi tu t'assois là maintenant ?
Je regarde autour de moi, assez gênée. Je suis sur le banc, celui sur lequel il était en train d'écrire quand je suis venue le voir.
- Oui. J'avais envie. C'est grave ?
Il lève ses mains en l'air comme pour dire ' je n'ai rien dis, du calme' et je pousse un rire nié. Je m'excuse de répondre comme ça et il me demande la permission de s'asseoir. Les rôles se sont échangés.
- Alors quoi de beau ?
Je hausse les épaules et lui retourne la question. Il fait la moue, je ne sais même pas pourquoi et répond de la même manière que moi. Je regarde au loin une femme en tailleur très souriante qui sors de sa voiture afin d'entrer dans le bâtiment en face d'elle, sûrement son lieu de travail. Je ne peux m'empêcher de l'envier. Son sourire nous montre qu'elle aime ce qu'elle fait. Il nous montre qu'elle est heureuse de se lever très tôt afin d'accomplir son rituel matinal avant d'aller travailler et ça me rend jalouse. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de choisir ma vocation.
- Tu n'es pas très bavarde aujourd'hui. Ça ne va pas ? Me demande Harry d'une petite voix. Perdue dans ma crise de jalousie j'en avais oublié sa présence.
- Je suis fatiguée c'est tout.
Il ne répond pas et sors son petit calepin en cuivre. Il griffonne quelques phrases avant de le refermer à l'entente de sa sonnerie de téléphone. Il faut que j'arrête de décrire tout ces faits et gestes moi. J'essaie de ne pas trop écouter mais c'est concrètement impossible.
- Bah ouais fallait te lever plus tôt moi j'ai déjeuné et je suis parti. T'as cru que j'allais venir te réveillé pour qu'on déjeune ensemble et tout ? ... Tu fais pitier mec... Ouais... Oh non t'es sérieux ? ... Connard... Attend que j'te vois.
Il soupire après avoir raccroché alors je demande en toute indiscrétion :
- C'était qui ?
- Zayn.
Je lève les yeux au ciel, si ça le concerne je m'en fiche complètement.
- Qu'est-ce qui se passe ?

Enfin, presque.

- Ma mère m'a envoyé un mail et cet enfoiré a répondu à ma place. Me dit-il un air dépité sur le visage. Je m'apprête à parler mais il m'en empêche en reprenant la parole. 

PossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant