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J'entends un craquement derrière moi mais je ne me retourne pas. 
- Je savais que tu serais là Amy.
Aussi bizarre qu'il y paraît je savais qu'il viendrais. Assise sur le banc devant cette splendide ville je croise mes jambes. Il passe par derrière et vient s'asseoir à l'autre bout du banc, initiative que je lui remercie d'avoir prise.
- Amy laisse moi t'expliquer. 
Je ne répond pas,  à quoi bon. Si il veux s'expliquer qu'il le fasse.
- Tout est faux.  Je t'assure je suis sérieux,  tout est faux. 
Ne me voyant pas réagir il poursuit.
- C'est Eleanor qui a raconté tout ça je sais pas pourquoi. Je ne joue pas avec toi.  Tu penses que j'aurais pris le risque de te laisser prendre une photo de moi quand j'avais seize ans ?
J'ouvre grand les yeux et me retourne vers Louis.  Je sens mes joues rougir à une vitesse hallucinante.  Il rigole d'une manière plus que séduisante. 
- Tu pensais que je ne l'avais pas remarqué ?
Je baisse les yeux,  honteuse.  C'est extrêmement gênant. 
- Hey, soit pas gênée j'ai trouvé ça flatteur.  Ça veut dire que tu me trouves plutôt beau-gosse.
- Mais n'importe quoi.
Je pousse un petit rire discret fasse au narcissisme de Louis.
- Tu me répond enfin. Crois moi,  tu peux me faire confiance.
- Pourquoi aurait-elle dit ça ?
- Elle est sûrement jalouse fait pas gaffe.
Je retourne ma tête vers le paysage qui se trouve devant moi, gommant mon sourire. Je suis perdue. Eleanor et moi sommes amies ça n'a aucun sens.
- Tu me crois ?
Je joue avec la coque de mon téléphone, je l'enlève et la remet à longueur de temps.
- Amy.
Il se rapproche un peu trop de moi et je sens son regard se poser sur moi.
- Arrête ça.
Je tourne la tête au sens opposé d'où se trouve Louis mais il se rapproche encore. Sa main se pose sur ma joue pour faire en sorte que je le regarde.
- Crois moi s'il te plait mon chou. Tu penses que je serais là, à insister comme un fou si je me foutais de toi ?
Je marmonne un non à peine perceptible espérant ne pas devoir répéter.
- Hein ?
- Non !
Il prend ma main et l'embrasse.
- J'ai eu peur de te perdre toi aussi mon petit cœur.
- Moi aussi ?
- Oh non rien, oublie.
Il me sourit et reprend :
- J'ai le droit à un câlin ? Après tout tu as quand même cru Eleanor quant au fait que je jouais de ta confiance, je mérite bien ça non ?
Il joint ses mains comme pour me supplier. Je rigole face à son air enfantin et je le prend dans mes bras. On s'est tellement moqué de moi étant plus jeune que quoi qu'on me dise, quoi qu'on me fasse je me met sur la défensive et me referme sur moi même afin de plonger dans un chagrin sans confirmation des faits. Je me sens bête d'avoir ainsi jugé des personnes qui n'y sont pour rien. Je me sens bête d'avoir cru Eleanor alors que moi même je sais que c'est une peste. Je me sens bête d'être retombée dans mes anciens démons, m'énerver et pleurer trop vite.  Oui, en ce moment je me sens très bête. Je rompt l'accolade puis nous tournons tout les deux la tête vers la ville de Londres sur qui le soleil se couche doucement.
- Pourquoi tu es venue ici ?
- Parce qu'une partie de moi savait que tu viendrais aussi.
Je le regarde sourire toujours les yeux droit devant lui. Un silence règne entre nous, un silence que ni lui ni moi ne veut rompre. Une légère brise de vent me fait frissonner et Louis le remarque ce qui lui fait briser le silence.
- Tu as froid ?
- Un peu.
- Bah c'est ça quand on veut toujours s'habiller bien mais pas chaudement. Moi personnellement je suis trop bien là, ma veste est bien chaude.
- Connard.
- Je t'aime aussi.
- Si seulement c'était réciproque.
- Et moi qui aller te proposé de prendre ma veste tel un gentleman. Je pense que tu peux aller te faire voir maintenant.
- C'est bien. J'aurais pas accepté de toute manière.
Je croise mes bras comme une petite fille pour laquelle la mère vient de refuser de lui acheter une glace. Louis me donne un coup de coude que je lui rend avec un peu plus de puissance. Il recommence et cette fois-ci j'utilise mes deux afin de le faire tomber du banc, chose que je n'arrive pas j'arrive à le faire bouger juste un peu.
- Oh, oh. On sort les griffes à ce que je vois. Très bien.
Lorsqu'il se lève et que je vois ses mains se rapprocher de moi je bondit sur mes pieds et je me met à courir. Hors de question qu'il me porte. Lorsque je vois qu'il me rattrape je m'assois à terre.
- Je suis déjà à terre ça ne sert à rien de me porter.
- Je m'en fiche.
Son téléphone le coupe dans son élan et il répond. Je remercie la personne à l'autre bout du fil.
- Oui... Mais oui t'inquiète pas... J'arrive.
- Ça va ?
- Oui je dois juste rentrer j'avais pas fais attention à l'heure qu'il était. Ma mère m'attend.
- Oh oui pardon.
Il me tend sa main pour m'aider à me lever du sol, j'accepte son geste puis il passe son bras sur mes épaules tout en marchant vers sa voiture.
- Ne crois plus jamais Eleanor.
- Oui. Désolée de t'avoir vexé.
- C'est rien.
Il entre dans sa voiture et, assis sur le siège conducteur, se penche afin de m'ouvrir la porte côté passager.
- J'aimerais rester encore un peu ici.
- Tu es sûre ? Tu as froid depuis un bon moment je peux te ramener tu sais.
- Non ça va aller merci. Bonne soirée Louis.
Je me retourne et commence à marcher vers le banc. J'entends la portière s'ouvrir avant de sentir une main me tapoter l'épaule pour que je me retourne, ce que je fais. Il prend ma main et embrasse le dos de celle-ci. La même sensation me traverse le corps, celle que je ressens à chaque fois que ses lèvres effleurent à peine ma peau. Mais cette fois-ci son regard ne quitte pas le mien, même lorsque sa bouche atteins ma main, ses yeux son toujours perdus dans les miens. Lorsqu'il lâche ma main je reste un petit moment immobile, laissant durer ce moment assez étrange. Je finis par détourner le regard puis j'embrasse sa joue en vitesse avant de partir rejoindre ce banc pour de bon. La portière claque de nouveau le moteur démarre puis plus rien, le silence total me laissant seule avec mes pensées qui déferlent dans ma tête à une vitesse incroyable.

PossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant