XXXV. Sans aucune malveillance

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Léa vint se coller contre mon dos, coupant court à mes réflexions.

« Je vais prendre ma douche, je me sens un peu sale.

- Tu as besoin d’aide ? »

Je la sentis coller son front entre mes deux omoplates, et ajouter d’une petite voix farouche :

« Non, non. Ça va je crois.

- Mais tu n’es pas sure. »

Elle se plaqua encore un peu plus contre moi, comme pour se cacher. Je savais sans même la voir qu’elle était en train de rougir. Un sourire se dessina spontanément sur mes lèvres.

« Je vais prendre ma douche, seule, et toi tu restes là. » Tenta-t-elle d’une voix faussement assurée.

Mon sourire s’élargit encore. Ses réactions un peu prudes m’amusaient et lorsque je la sentis se décoller de moi pour aller à la salle de bain, je la suivis.

« Stéphane ?

- Oui mon cœur ? »

Elle tourna subitement des talons et me fit face, l’air amusé. Puis tout aussi rapidement, elle plaqua ses lèvres contre les miennes. Je fis quelques pas en arrière suite à l’impact et elle profita de mon équilibre précaire pour me pousser sur le clic-clac. Je la regardai, un peu surpris. Elle me fit un immense sourire puis bondit vers la minuscule salle de bain ou elle s’enferma. Je soupirai ostensiblement et l’entendis me répondre à travers la porte :

« Si tu ne veux pas que j’utilise la ruse contre toi, il faut m’obéir tout de suite.

-C’est pas mon truc d’obéir.

- J’avais remarqué.

- La ruse… c’est vraiment un truc de fille ça.

- Ecoute, vous vous avez la force, alors on compense comme on peut.

- La ruse c’est déloyal.

- On fait avec ce qu’on a. »

Puis l’eau se mit à couler et je me laissai retomber sur le canapé-lit. Ma tête rencontra une pile de tissu et je la tournai pour voir de quoi il s’agissait.

Mon sourire reconquit immédiatement mes lèvres. En la pressant, sans le savoir, j’avais fait oublier à Léa un détail capital : elle avait laissé ici ses vêtements de rechange.

« Mon cœur ? Désolé mais tu as perdu la partie.

- De quoi tu parles ? me demanda-t-elle de sous la douche.

- Tu n’aurais oublié un petit quelque chose avant d’entrer dans la salle de bain ? »

Il y eut un court silence et je me mis à guetter. Et je l’entendis tousser de l’eau.

« Hé ! Ne t’étouffe pas !

- C’est ta faute d’abord ! Tu auras ma mort sur la conscience. … Non, sérieusement, tu me laisseras les récupérer sans faire d’histoire, n’est-ce pas ?

- Je n’en sais rien. En fait, je crois que je vais en profiter pour travailler ma ruse.

- Stéphane ! »

Je rigolai puis repris plus sérieusement.

« Pourquoi cela te gêne tant que ça ? Je te promets que je te laisserai t’habiller sans te toucher.

- Steph’…

- Tu sais, je t’ai déjà vu nue, le premier jour même.

- Je portais une culotte. Et puis là n’est pas la question. Je m’en fiche que tu me voies nue.

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant