Nous passâmes rapidement les plats tièdes au micro-onde, après que j’eus râlé qu’il n’y avait pas de four chez Léa. Puis nous nous installâmes à table pour commencer avec les crudités. Quelques secondes plus tard, le micro-onde sonna et j’apportai le reste à table.
« Dis Stéphane, tu ne voudrais pas les effacer ?
- De quoi ?
- Les photos.
- A quoi cela sert de prendre des photos pour juste après les effacer ?
- Euh… Le plaisir de l’éphémère ? »
Je levai les yeux au ciel.
« Mange au lieu de dire des bêtises cela va être froid. »
Un long silence s’installa. Il n’était pas de ces silences désagréables, où chacun cherche quoi dire ou faire. Nous débarrassâmes dans ce même silence, que Léa finit par rompre, aussi désœuvrée que moi.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Comme tu veux.
- Voilà une réponse qui m’aide, ironisa-t-elle. Au fait, demain on pourrait aller sur Paris ?
- Ça marche. Une petite balade en amoureux sur le long des quais et dans le quartier latin.
- Oui, pourquoi pas. Mais tu ne trouves pas bizarre que l’on se souvienne de Paris sans se souvenir de nos propres villes?
Oui, elle avait raison. C’était bizarre. Mais le sujet ne m’intéressait pas. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais plus penser à cette amnésie. Je ne voulais pas rester bloqué encore une fois.
« Tu as assez mangé ?, demandai-je afin de détourner le sujet.
- Oui, mais je préfère quand on fait nous-même le repas.
- Pour cela, il faut qu’on soit plutôt chez moi. Tu voulais rester ici longtemps ?
- Non, il n’y a aucun indice disponible ici. Puis, je préfère chez toi. C’est plus grand, plus lumineux et mieux placé. Mais toi ? Que préfères-tu ?
- Chez moi, la cuisine est mieux équipée et tu as raison : c’est plus grand.
- Je vais juste vérifier que je n’ai besoin de rien ici. On rentrera à Sceaux demain matin ?
- Ok. »
Elle se dirigea vers le clic-clac et commença par le déplier. Je vins l’aider et nous découvrîmes un tiroir sous le canapé où étaient la couette et les oreillers. Nous fîmes alors le lit et nous allongeâmes dessus. Il n’était que neuf heure du soir, et pourtant nous étions tellement fatigués. Pas forcément de la fatigue physique, mais je me sentais un peu irritable et désaxé. Les sautes d’humeur que j’avais eues cet après-midi en étaient des témoignages. Je me dis alors qu’inconsciemment, j’avais dû être angoissé pour ce fichu temps qui nous filait entre les doigts sans que l’on trouve de solution.
Je me tournai vers Léa, chassant tant bien que mal la lassitude qui m’engourdissait. Sur le flanc, elle me tournait le dos. Je suivis la ligne de son cou dégagé, jusqu’à son oreille et me perdis quelques instants dans les reflets de ses cheveux. Sa chevelure en désordre lui donnait un petit air sauvage qui j’appréciais particulièrement.
Je posai doucement ma main sur son épaule, la faisant légèrement sursauter, puis me rapprochai et me collai contre elle. Elle était toute chaude. Elle fit le dos rond, augmentant le plus possible la surface de contact entre son dos et mon torse et m’offrant ainsi son cou. J’y déposai quelques baisers tandis que ma main glissait vers ses hanches.
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Comme deux étrangers
RomanceSe réveiller comme une fleur à côté d'un jeune homme et se rendre compte qu'on est amnésique. Peut-on compter sur lui pour ramener nos souvenirs?