XVI. Prendre de gros risques

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Comme une fleuriste composait un bouquet de mariage, comme un pâtissier créait un chef d’œuvre, elle peignait sur moi des arabesques de feu emprisonnant mon esprit dans son regard.

J'étais totalement envouté

Je me laissai faire quand elle me poussa délicatement à reculer jusqu'à la chambre. Je la laissai faire quand elle commença à glisser ses mains sous mon tee-shirt tout en le faisant remonter. Je la laissai faire quand elle le retira et le fit valser sur le bureau, renversant au passage un pot-à-crayons quasi-vide. Je la laissai faire quand elle m'envoya rebondir sur notre lit encore défait.

Tout mon corps résonnait. Ma peau, assoiffée du moindre de ses contacts, frissonnait sous ses doigts. J'avais abandonné l'idée de maitriser mon corps, elle s'en était totalement emparée. Mon nez aspirait le moindre effluve, bénissant en silence leurs chaudes saveurs. Mes lèvres entrouvertes attendaient, impatientes, le moindre baiser, salivant déjà de l'accueil de sa bouche. Mon regard se perdait dans ses yeux aguicheurs ainsi que sur la peau de son cou et de ses jambes dévoilées. Il tentait de déchiffrer dans les plis de son maillot la courbe de ses hanches et le galbe de ses seins.

Mon souffle se faisait court sous la tempête de mes idée n je voyais parfaitement le potentiel de ce lit, des images aussi fugaces qu'excitantes défilant devant mon regard fiévreux.

Je me laissai faire quand elle vient me rejoindre sur le lit, à quatre pattes au-dessus de moi. Je profitai de la vue malgré l'étroit décolleté de son maillot de foot, tout en espérant qu'il serait bientôt ôté. Les jeux d‘ombres et de lumières sur la faible surface libre de sa peau captivaient mon regard.

Je me laissai faire quand elle décida de goutter chaque centimètre de ma peau, partant de mon cou et descendant le long de mon torse toujours plus bas et sans pudeur.

Mon souffle accéléra : je luttai. Je luttai pour ne pas me jeter sur elle, la presser contre moi, lui retirer son maillot et explorer son corps. Je ne faisais aucun geste de peur que la magie du moment cesse. Comme une proie, elle m’avait envouté par la douceur de ces gestes Je la laissai faire, obéissant et soumis par tout ce qu'elle réveillait en moi.

Elle se releva alors, se délecta de ma hâte, et attrapa le bas de son maillot en prenant son temps, jouant avec mes nerfs.

"Bien! J'vais prendre ma douche!"

Je tombai des nues. Qu'avait-elle dit?

Puis, trop surpris pour réagir et encore sous son emprise, je la vis se diriger vers la salle de bain sans réagir.

Elle m'avait eu. Tout mon corps vibrait encore de l'instant passé, frémissant sous l'emprise de souvenirs tactiles. Comme si elle avait encore été là, je sentais son souffle dans mon cou. Des caresses fantômes couraient sur ma peau, réveillant les frissons depuis peu calmés.

Je me levai péniblement, à la fois frustré et triste de la fin qu'avait pris notre jeu.

En m'approchant de la salle-de-bain, j'entendis de plus en plus clairement le bruit de la douche. Puis, sous un élan, je me collai à cette porte qui osait nous séparer, me collai comme si j'avais voulu me fondre dans le faux bois qui la constituait. Je l'entendais fredonner de nouveau un chant, et l'image s'imposa à moi. Je la voyais nue dans la cabine de douche, le visage tourné vers le jet d'eau, les gouttes venant s'écraser contre son visage, son cou et sa poitrine. Mon imagination et mon corps s'emballèrent de plus belle. Toujours collé contre le battant, j'avais envie d'entrer dans cette salle-de-bain pour... l'aider à se savonner.

L’eau qui coulait sur sa peau, le savon qui moussait, son cou dégagé grâce au chignon habituel qu’elle se faisait, toutes ces images s’imposaient à moi. Je n’osai croire qu’elle avait ainsi interrompu notre câlin. Comment avait-elle pu donner autant de désir dans ce qui n’était pour elle qu’un jeu ? Aimait-elle donc me faire souffrir ?

Je sentais ma frustration brûler en moi, mais je me sentais plus déçu qu’en colère. Ne se rendait-elle pas compte combien elle se rendait cruelle ?

Puis ma fierté reprit le dessus. Ne voulant pas que Léa me découvre collé ainsi à la porte quand elle sortira, je retournai, maugréant dans la chambre. Qu’elle avait été vicieuse sur le coup ! Je ne savais quoi faire pour m’occuper, je m’installai à mon bureau, ramassai le pot-à-crayon renversé, effaçant la dernière preuve de nos ébats passés, et commençai à lire les quelques papiers qui trainait. Apparemment, si Léa était une scientifique, je semblais être dans la gestion d’entreprises sur le point de faire faillite.

N’étant pas intéressé par de telles informations, je scrutai plutôt l’ordi éteint qui prenait la moitié de mon bureau. J’appuyai sur la barre espace, las de regarder cet écran vide. L’écran s’alluma et sur un écran bleu vif, je vis apparaitre une petite photo de Léa et moi avec une case pour entrer mon password en-dessous. Quel mot de passe avais-je pu bien utiliser ? Ma date de naissance ? Je sortis ma carte d’identité et entrai la date. Apparemment, ce n’était pas ça… Ma date de rencontre avec Léa ? Je ne m’en souvenais pas… Je fixais désespérément l’écran sans qu’aucun souvenir ne me vienne.

Décidément, la matinée était frustrante !  Je baissai les yeux et tentait de calmer mes nerfs par une longue inspiration. Mes yeux glissant sans réel but sur le clavier, je ne pus que remarquer que quelques touches étaient plus usées que d’autres. Le A, le 2 et le L… Pris d’une soudaine inspiration, je sélectionnais de nouveau la case password. Pourquoi étais-je parti sur le principe que mon mot  de passe était une date ? Il était pourtant si évident… A moins que je ne me trompe de nouveau, mon mot de passe n’était autre que L é a : Léa ! J’appuyai sur ‘entrée’ et vis l’écran s’assombrir puis afficher un bureau. J’avais réussi !

°roulement de tambour?

non?

tant pis alors^^

A vos votes, vos com' et vos "fannings"°

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant